Emmanuel Macron sur TF1 : un nouveau populisme ?

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Emmanuel Macron bénéficie d’un avantage certain : passer après Nicolas Sarkozy et François Hollande. Ce n’est pas rien. De plus, il parle un français tout ce qu’il y a de plus correct. Ce qui nous change agréablement de ses deux prédécesseurs. Comme eux, il aime faire de la com’. Sauf que lui la fait mieux.

On lui reproche de regarder de haut la France d’en bas ? Qu’à cela ne tienne, il s’exprime du village de Berd’huis, dans l’Orne. Et pas interrogé par n’importe quel journaliste, s’agissant de l’inoxydable Jean-Pierre Pernaut, le présentateur vedette de la France âgée et périphérique, sur TF1, chaîne éminemment populaire s’il en est. Et le tout dans une école, traditionnelle, mais « en même temps » connectée du plancher au plafond. Bref, il ne manque pas un seul bouton de guêtre à cette opération médiatique.

Pour qui veut tenter de percer le personnage à jour, il faut comprendre qu’à défaut d’être véritablement populiste, il se conduit comme tel, même si pur produit du système en place. Ainsi Emmanuel Macron prend-il les Français à témoin, tenant les corps intermédiaires pour quantité négligeable, tout en ayant à cœur de rehausser la fonction présidentielle, ce qui n’est pas du luxe par les temps qui courent, et pas véritablement un exploit, ayant succédé à qui vous savez.

Sur la politique étrangère et celle de la Syrie en particulier, c’est donc le retour du réalisme gaullo-mitterrandien et la fin de la diplomatie droit-de-l’hommienne, des équipées kouchnériennes. Frapper le régime de Bachar el-Assad ? Il conviendra de lentement se hâter.

Même prudence sur l’islam, Emmanuel Macron relevant justement que, faute de définition juridique du « salafisme », il ne s’agit donc pas d'un délit constitué, tout en posant clairement le problème du financement de nos mosquées ; problème qu’il assure avoir étudié de près avec le jeune prince saoudien Mohammed Ben Salmane, récemment en visite en France. Après les évêques, il était logique qu’il apaise les musulmans.

En matière économique, on notera le retour d’une antique arlésienne - la participation -, belle idée lancée par le général de Gaulle au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, et régulièrement sabotée par les syndicats, qu’ils soient ou non patronaux. Ce n’est pas tout à fait la doctrine sociale de l’Église même si ça y ressemble un peu ; comme quoi on peut avoir fait carrière dans la banque tout en ayant été imprégné par la pensée de son maître, le très protestant Paul Ricœur.

Pour résumer cette prestation si attendue, Emmanuel Macron assume, persiste et signe ; à l’exception, peut-être, de cette limitation à 80 kilomètres/heure sur les routes nationales, dont l’application pourrait bien être reportée aux calendes grecques. Étrange personne que celui-ci. Sans aspérités véritables, il ne porte que rarement le flanc à la critique, puisque ayant le don d’anticiper les attaques pour mieux les parer. Donné pour être l’homme de ces mégapoles qui « réussissent », car branchées sur la mondialisation, il réplique d’un bled d’à peine plus de mille habitants. Pour grosse qu’elle soit, la ficelle n’est est pas moins finaude.

Après, on y croit ou l’on n’y croit pas. Il demeure pourtant évident que l’homme met tout en œuvre pour qu’une majorité de Français aient au moins l’envie d’y croire. Lui-même doit aussi y croire un peu, bien conscient qu’en cas d’échec, son successeur pourrait bien être un autre populiste ; mais un vrai populiste, celui-là. Emmanuel Macron ou la dernière chance du système ?

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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