L’AFP l’a annoncé vendredi matin : finalement, Emmanuel Macron n'ira pas à Marrakech, lundi 10 décembre, pour assister à la conférence intergouvernementale organisée sous l’égide des Nations unies pour l’adoption du pacte mondial sur les migrations. C’est le secrétaire d’État aux Affaires étrangères qui représentera la France.

C’est donc le deuxième déplacement du Président à l’étranger qui est annulé en moins d’une semaine. Mercredi et jeudi, il devait se rendre en Serbie et a dû reporter sine die cette visite qui aurait permis d’effacer l’affront fait à cette nation lors des cérémonies du 11 novembre. Si, pour la petite Histoire, on ajoute l’annulation du déjeuner qui se promettait d’être fort sympathique avec des chefs de la gastronomie française, lundi 4 décembre, cela commence à faire beaucoup.

Autant dire que cet enchaînement d’annulations dans l’agenda présidentiel révèle l’ampleur de la crise qui frappe le pays. Et Emmanuel Macron semble être désormais contraint de se bunkériser dans le palais de l’Élysée, pont-levis relevé. Depuis le début de cette crise, à l’évidence, il n’a plus les blancs, comme on dit aux échecs, que, du reste, il accumule. Contraint de rester en France, car ni lui ni personne, à cette heure, ne peut dire comment les événements vont tourner. Emmanuel Macron connaît quand même un peu son Histoire et sait qu’il ne fait pas bon d’être à l’étranger lorsque ça chauffe au pays. Cela dit, il devrait peut-être méditer ce petit dialogue entre Charles X et Talleyrand :

- "Un roi qu’on menace n’a de choix qu’entre le trône et l’échafaud !
- Sire, Votre Majesté oublie la chaise de poste !"

Dieu merci, nous n’en sommes pas encore là.

Mais la décision d’Emmanuel Macron de ne pas se rendre à Marrakech répond, probablement, aussi à une question d’opportunité politique, comme le rapporte Le Point : "Aller à Marrakech aujourd’hui, c’est offrir un boulevard à tous ceux qui critiquent le Pacte, avec un risque de mauvais signal à la population, analyse un observateur européen." C’est le moins que l’on puisse dire ! "La population" : on dit comme ça, maintenant, on ne se donne même plus la peine de parler du "peuple"... Certes, on tente de minimiser l’importance de ce pacte ,qui ne serait pas "contraignant". Pourquoi, alors, tout ce battage ? Mais l’on sait bien que le facultatif est souvent la première étape avant l’obligatoire.

Certes, ce pacte n’est pas contraignant, mais il n’est pas nécessaire de lire les quarante et une page de ce document pour comprendre là où l’on veut amener les nations. Car quel est l’esprit de ce pacte ? Il suffit de lire ce passage : "Les migrations ont toujours fait partie de l’expérience humaine depuis les débuts de l’Histoire, et nous reconnaissons qu’à l’heure de la mondialisation, elles sont facteurs de prospérité, d’innovation et de développement durable et qu’une meilleure gouvernance peut permettre d’optimiser ces effets positifs." Tout est dit. Des facteurs négatifs ? Non. Mais le texte reconnaît cependant "des répercussions très différentes et parfois imprévisibles sur nos pays ainsi que sur les communautés et les migrants et leur famille". "Qu’en des termes galants ces choses-là sont mises !" En lisant ce document, on découvre que pas une seule fois n’est mentionné le respect des identités nationales. En revanche, les mots "travailleurs" et "travail" apparaissent à maintes reprises. Ce pacte est, en quelque sorte, un texte pour donner un cadre humanitaire au grand marché aux esclaves du siècle qui vient. Ni plus, ni moins.

Pas contraignant ! Il est, en revanche, un pacte qui, lui, est contraignant. C’est le pacte social, ici, en France. Un pacte social qu'Emmanuel Macron, depuis dix-huit mois, semble vouloir malmener. Au point que c’est aujourd'hui la concorde du pays qui est menacée.

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07 décembre 2018 à 18:10

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