Déchristianisation : la faute à qui ?
Il y a quelque temps, sous la Coupole, l’académicien Alain Finkielkraut prononçait un discours auquel nous renvoyons, fustigeant, dans le personnage collectif de Tante Céline, l’air du temps mortifère qui touche notre civilisation. Et de citer, in fine, l’historien Polybe : « Aucune civilisation ne cède à une agression extérieure si elle n’a pas développé un mal qui la rongeait de l’intérieur. »
Cette phrase pourrait s’accorder parfaitement avec la déchristianisation en France à laquelle Valeurs actuelles vient de consacrer un dossier : « SOS Chrétiens d’Occident ». Tous les signes de la déchristianisation y sont : profanation des églises, reconversion en supérettes, patrimoine en voie de disparition, chrétiens méprisés, identité perdue. Les chrétiens d’Orient connaissent le martyre du sang. Ceux d’Occident, celui de leur conscience. Le patriarche Grégoire III nous invite à redevenir le sel de la terre. Encore faudrait-il que le sel garde sa saveur.
Les raisons de la déchristianisation sont connues. L’effondrement de la pratique, les abus sexuels, le laxisme des mœurs, un paganisme qui touche l’Église elle-même : Dieu est désormais exclu de la société. Certes, la pédophilie dans l’Église a accéléré le processus commencé dans les années 60 sur lequel il y aurait, d’ailleurs, à dire puisque aujourd’hui paraissent des enquêtes sur la pédophilie dans le sport. Mais, en aucun cas la pédophilie ne doit être, pour les chrétiens, prétexte à baisser la garde dans les affaires sociétales.
À ce propos, comment l’Église s’est-elle emparée de « la souffrance des femmes en mal d’enfant » au lieu de rappeler simplement, continûment, cette loi de toujours que tout être humain naît d’un homme et d’une femme ? Elle ne donnait prise à aucune casuistique. Comment une loi qui prive des enfants de père peut-elle « faire polémique » au prix d’un silence coupable ? Comment expliquer la frilosité de beaucoup de pasteurs à appeler les ouailles à s’engager ? La Cour de cassation vient de valider la filiation entre deux hommes et un enfant. Le projet de loi propose l’insémination des femmes seules ou en couple. Il faut lire impérativement le rapport de l’association Juristes pour l’enfance présenté au Sénat par Aude Mirkovic : justement parce que c’est Noël. Cette loi engage notre conscience chrétienne.
Au dossier de la déchristianisation, on pourrait ajouter des carences pastorales. Trop souvent, on ne commente plus, dans les homélies, les Écritures, on ne rappelle plus les commandements. On évite de parler de la croix. On décalque sur la vie du Christ nos habitudes. Pourquoi croire s’il n’y a plus le salut ? Comment, dès lors, s'étonner qu’il y ait des lieux plus attractifs qu’une église pour vivre en païens ?
Héritage… Inutile de pleurer les crèches perdues. Trop de catholiques ne s’accommodent-ils pas de devenir « une communauté » ? Avec la bénédiction du conseil paroissial, l’église de la Madeleine a remplacé les santons par une crèche « tumultueuse » de papier. Être le sel de la terre ? Les chrétiens en sont à survivre dans les catacombes. Il est vrai qu’il ne faut pas effrayer les brebis !
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