Une enquête de Disclose et de L'Équipe concernant les abus sexuels, et plus précisément la pédophilie dans le sport en France, vient de paraître.

Les journalistes ont étudié et écrit auparavant sur la pédophilie dans l'Église - Église, la mécanique du silence (Lattès, 2017). Force leur est de dire aujourd'hui que « le problème n'était pas spécifique à l'Église », et qu'« au sein même de l'Église on n'avait pas ce chiffre-là ». No comment…

Traquant les dysfonctionnements, les récidives, les non-dénonciations, les dénis et protections mêmes dont ont bénéficié certains auteurs de ces crimes ou délits, ils visent à briser une omerta que chacun sait ; omerta brisée seulement jusqu’alors par des parents courageux ou par inadvertance – cf. l’affaire Ophélie Claude-Boxberger récente et les révélations de la jeunesse de l’athlète.

Ainsi est-il enfin dit que : « À l’inverse des affaires de pédophilie dans l’Église catholique, les violences sexuelles en milieu sportif restent peu médiatisées en France.... En 2008, Roselyne Bachelot, alors ministre des Sports, avait porté un plan de lutte contre le harcèlement et les violences sexuelles dans le sport. Un an plus tard, ce plan accouchait d'une enquête nationale dévoilant que 17 % des athlètes interrogés avaient été victimes ou pensaient avoir subi une forme de violence sexuelle. Puis, pendant dix ans, les ministres des Sports se sont succédé, entre annonces timides et grands plans de communication sans lendemain. »

Traitant de tout type d’infractions sexuelles, à la fois les violences sexuelles (harcèlement sexuel, atteinte sexuelle, agression sexuelle et viol), mais aussi des infractions telles que la détention d’images pédopornographiques, l’exhibitionnisme, les propositions sexuelles ou la corruption de mineurs, ces journalistes font œuvre utile.

Partis de quelques centaines de dossiers issus de la presse, ils ont détaillé 77 d’entre eux et révèlent que, dans un cas sur deux, on se devait de constater « une répétition de faits à caractère sexuel »

Leur enquête montre de même que les auteurs sont souvent non inquiétés, soit que leur aura pousse les dirigeants à ne pas dénoncer les faits, soit qu’ils partent d’eux-mêmes dans d’autres régions ou d’autres clubs sportifs, comme bénévoles, au début... Bien commode éloignement géographique ! Et bien imprudente non-consultation des antécédents judiciaires. En effet, pour les bénévoles, au nombre de 3,5 millions en France, la réglementation ne demande pas aux clubs la susdite consultation. Celle-ci n’est obligatoire que pour les colonies de vacances et dans l’Éducation nationale.

Ils prônent la création d’une « autorité indépendante » auprès de laquelle les victimes pourraient se confier ; restant de la responsabilité de cette dernière de faire éclater les cas… que veulent souvent taire les fédérations sportives dès lors qu’il s’agit d’un « entraîneur-star ».

On souhaiterait que cette haute autorité soit de même accessible aux écoliers et vacanciers. Plus facile de recours que la police pour des parents démunis et des enfants en plein désarroi, celle-ci serait peut-être d’une plus grande efficacité que le ministère de l’Éducation (sic) nationale (resic) ou celui de la Jeunesse…

Ne pas élargir le champ d’action de ce recours aux faits ailleurs commis ouvrirait la porte à bien des soupçons et pourrait être significatif d’une complicité que l’on voudrait peut-être celer.

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15 décembre 2019 à 14:01

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