[Cinéma] Première Affaire, les débuts d’une jeune avocate
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Récemment diplômée, Nora Aït est une jeune avocate sans expérience. Encore ingénue, elle garde un pied dans l’adolescence et a bien du mal à couper le cordon avec sa mère. Un jour, elle est envoyée comme avocate commise d’office auprès de Jordan Blesy, un apprenti placé en garde à vue pour enlèvement et séquestration sur une camarade. Très vite, les policiers retrouvent le corps de la victime, le dossier est aussitôt requalifié en homicide volontaire. Paniquée, Nora aurait préféré tomber sur une affaire plus légère pour ses débuts dans la profession, Elle craint, en effet, de ne pas avoir les épaules pour assumer la défense de son client. N’ayant pas vraiment le choix si elle désire continuer ce métier, elle accepte de suivre le dossier, saute à pieds joints dans l’inconnu et apprend son rôle à la dure.
Nous connaissions déjà les « films de prétoire », qui constituent tout un genre cinématographique – nous évoquions, récemment, La Fille au bracelet, mais nous pourrions citer également Une intime conviction, Les Choses humaines, Le Procès Goldman ou Anatomie d’une chute.
En marge de cette catégorie de films sort en salles Première Affaire, un long-métrage original sur les débuts maladroits d’une jeune avocate qui a encore tout à apprendre. Incarnée par Noée Abita, que nous avions découverte dans Les Passagers de la nuit, notre « coup de cœur 2022 », Nora va devoir se frotter aux difficultés inhérentes à son métier : mettre ses émotions et convictions de côté, consulter des photos d’autopsie et côtoyer l’horreur, et, enfin, se battre pour un client dont la culpabilité fait de moins en moins de doute au fil du récit…
Sur ce chemin initiatique, la jeune femme va commettre bien des impairs. Trop impliquée émotionnellement, elle se laissera guider, dans un premier temps, par l’unique conviction de l’innocence de son client – le réveil, pour elle, n’en sera que plus douloureux.
Mais, plus grave encore, Nora entamera une liaison avec le policier chargé de l’affaire, au risque de fausser son travail et de se laisser accaparer par sa vie sentimentale alors même que le sort de son client est en jeu et nécessite de s’impliquer activement à la recherche du moindre élément permettant de l’innocenter. Que de temps perdu qui eût pu être consacré à sa défense…
Au fur et à mesure que ses yeux se dessillent, Nora corrige ses erreurs et parvient, in extremis, à mener à bien sa mission. Alors, la jeune femme candide et crédule des débuts se forge une carapace, se protège émotionnellement en érigeant des barrières et finit par s’affirmer.
Dans sa volonté, justement, de jouer du contraste entre la personnalité initiale de l’avocate et son état d’esprit en fin de récit, la réalisatrice Victoria Musiedlak a jugé bon de choisir une actrice qui, naturellement, respire l’empathie, la bonté et la fraîcheur. Peut-être une fausse bonne idée, tant le décalage paraît énorme. On a bien du mal à croire en cette avocate qui semble découvrir tardivement les principes moteurs de sa profession (défendre tout le monde, y compris les coupables) et les erreurs à ne pas commettre.
Néanmoins, l’ensemble fonctionne à peu près. Le scénario est un peu scolaire, mais Noée Abita et Alexis Neises sont pleinement investis dans leurs rôles.
3 étoiles sur 5
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre
5 commentaires
Oui un avocat doit garder les pieds sur terre et ne pas se faire envahir par l’empathie ou l’émotion , cette jeune avocate l’apprend à ses dépends mais d’autres avocats plus expérimentés l’ont trop appris , si bien qu’ils en oublient le client lui même , et ce pourquoi il leurs a confié ses intérêts . Et cela peut coûter très cher au client qui aura oublié que les avocats défendent, en priorité, leurs propres intérêts .
Un film de femme, créé à l’intention des femmes, et auquel je me ferais un devoir d’assister, si j’étais une femme (ou un trans).
Je suis assez d’accord. On commence à frôler l’overdose, et ça provoque un effet repoussoir. Il y a trop de ces films « de femmes » médiocres voire nuls qui risquent d’en tuer des bons.
Peut être
Et puis le coup de « Nora Aït » pour cocher la case « minorité visible » surement exigée par le CNC, c’est un peu trop.