Ce samedi 24 octobre, les appels au boycott de produits français se sont multipliés dans plusieurs pays du Moyen-Orient après que le Président Macron a promis de ne pas renoncer « aux caricatures » – comprenons de Mahomet, non-dit implicite –, lors de son hommage à Samuel Paty, professeur décapité au motif d’avoir utilisé des dessins de Charlie Hebdo dans son cours d’EMC sur la liberté d’expression.

Alors que la Turquie, l’Iran, la Jordanie, mais aussi le Koweït, dénonçaient la republication des caricatures jugées blasphématoires, et que l’Organisation de coopération islamique déplorait « les propos de certains responsables français [...] susceptibles de nuire aux relations franco-musulmanes », sur les réseaux sociaux, des hashtags en arabe ameutaient les croyants au boycott.

Sur les 193 États membres de l’ONU, La Turquie est le 12e partenaire commercial de la France, son 15e client et son 12e fournisseur. Nos deux premiers postes d’exportation vers ce pays sont les matériels de transport (21,8 %) et les produits chimiques, parfums et cosmétiques (17,2 %). Nous importons d’abord de ce pays matériels de transport (42,2 %) et dérivés du textile (18,4 %). Bref, un partenaire économique de poids.

Le Koweït (75e), l’Iran (89e) et la Jordanie (105e) arrivent loin derrière la Turquie en matière d’échanges ; clients secondaires de la France, quoique jamais négligeables.

Concernant le poste stratégique du pétrole brut, la France s’approvisionne majoritairement en Afrique (33,3 % en 2019), dans l’ex-URSS (29,4 %) puis au Moyen-Orient (20,8 %). Il est vrai que les pays à dominante culturelle musulmane pèsent le plus dans la balance ; le premier partenaire en la matière étant le Kazakhstan (16,7 %) et le second l’Arabie saoudite (14,9 %). Mais sur ce plan-là, pas d’inquiétude, puisque « le pétrodollar n’a pas d’odeur », selon l’adage bien connu !

Nous pouvons présumer que les pays appelant au boycott pratiqueront surtout une rétorsion symbolique, destinée à calmer leurs opinions coraniques : on nous annonce qu’au Qatar, des confitures de la marque St. Dalfour ont été retirées des rayons ; au Koweït, les fromages Kiri et Babybel ! Aïe ! Le Koweït annonce aussi remballer nos produits cosmétiques : finies, pour les émirs, les effluves Chanel respirées sous les voiles ? Magnifique renoncement, au nom de la foi, aux perversions lascives d’Occident ; sacrifice à confirmer sur le long terme…

Le néo-sultan Erdoğan se garde d’appels au boycott immédiats, car préjudiciables, à terme, pour son pays. Mais il se veut aussi le phare de l’islam et ne pouvait rester hors du combat symbolique, dépassé par des supplétifs : « Tout ce qu’on peut dire d’un chef d’État qui traite des millions de membres de communautés religieuses différentes de cette manière, c’est : allez d’abord faire des examens de santé mentale », a-t-il dit de Macron, ce même samedi, dans un discours télévisé virulent. C’est de bonne guerre ; des propos anciens sur la « mort cérébrale » de l’OTAN semblent toujours mal digérés !

Acte diplomatique rare, la France a aussitôt rappelé son ambassadeur à Ankara. Un « signal très fort », dit l’entourage d’Emmanuel Macron, qui pointe des « émetteurs […] très largement turcs » dans cette campagne de dénigrement islamiste avec appel au boycott. Par-delà cette réalité de la détestation entre deux chefs d’État, l’assassinat d’un enseignant de collège aurait-il eu ce pouvoir de faire bouger les lignes et de donner à notre Président une conscience forte du danger mortel que fait peser sur notre civilisation épuisée le totalitarisme islamiste, conquérant, et qui pourrait mener notre pays à un vrai chaos de type « libanais » dans un avenir proche ?

« Samuel Paty fut tué parce que les islamistes veulent notre futur. » C’est Macron qui le dit ! Qu’il nous donne les moyens de la lutte et de la résistance. Alors, malgré toutes nos réserves, nous devrons le suivre.

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25 octobre 2020 à 18:45

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