Après l’infection, la désaffection : à quatre jours des élections, on cherche vainement des assesseurs

Bureau de vote à l'ambassade de France à Bucarest - Photo BV
Bureau de vote à l'ambassade de France à Bucarest - Photo BV

Quand la chaleur se fait caniculaire, de quoi rêve-t-on ? De tomber le masque pour courir se jeter dans l’eau fraîche… et certainement pas de rester coincé-masqué dans une salle de classe transformée en bureau de vote.

Après un an et demi de confinements épisodiques et dans la perspective annoncée d’une quatrième vague covidienne à la rentrée, les Français ont des démangeaisons dans les mollets. Alors le sacrifice d’un beau dimanche de juin pour des élections dont la majorité d’entre eux se soucient comme de leur première grenouillère, hein… C’est un fait : personne n’a envie de s’y coller et la France, à quatre jours du premier tour de scrutin, pleure après ses assesseurs.

Il en faut, pourtant, si l’on veut que les élections se tiennent : deux par bureau de vote, autour du/de la président.e et du/de la secrétaire. Casse-tête supplémentaire : « Il faut désormais que les assesseurs comme les présidents de bureau soient vaccinés », c’est la consigne du ministère de la Santé. De plus, « la simultanéité des deux scrutins [départementales et régionales] oblige aussi à doubler les effectifs », déplore, auprès du Parisien, Philippe Laurent, secrétaire général de l'Association des maires de France (AMF) et maire UDI de Sceaux (Hauts-de-Seine). « Nous avions demandé à mutualiser les bureaux, mais cela nous a été refusé par l’État qui a considéré que cela porterait préjudice à la transparence des élections. Il faudra peut-être dans certains cas procéder à des réquisitions. »

Dans certaines villes moyennes ou dans les communes rurales, on est très loin du compte, alors en attendant les réquisitions, c’est la débrouille qui prévaut. À Tours, par exemple, il manque encore 300 assesseurs sur les 500 requis ; à Rouen, « la ville leur promet un "cadeau" et leur fait miroiter la "découverte des coulisses de l’un des 61 bureaux de vote rouennais" », écrit Le Parisien. Le maire écolo de Grenoble, lui, est sûr que la priorité à la vaccination lui assurera son quota de bénévoles.

Autrefois, les bureaux étaient tenus par les militants des partis politiques, une denrée rare aujourd’hui. « Être assesseur était considéré comme un acte citoyen. La solution passera probablement par une indemnisation des bénévoles. Il faut l’accepter. La démocratie a un coût », dit Olivier Bianchi, le maire PS de Clermont-Ferrand. Il espère lui aussi attirer du monde avec ses vaccins.

En dernier recours, les maires pourront toujours se tourner vers La Gazette des communes qui donne les recettes de dernière minute… et pointe les responsabilités. La faute, nous dit-on, est aux formations politiques qui « ont la tâche de mandater des représentants dans chaque bureau de vote ». Le problème est qu’ils « n’arrivent plus à mobiliser suffisamment de militants », c’est donc au maire de trouver des solutions.

La première est « d’aller piocher parmi les conseillers municipaux, dans l’ordre du tableau. Impossible pour eux de refuser, sauf excuse valable », sans quoi ils « pourraient être déclarés démissionnaires par le tribunal administratif ». Si le recours aux volontaires (la mairie de Fegersheim, dans le Bas-Rhin, a envoyé 4.000 lettres aux inscrits !) est insuffisant, on peut encore les désigner d’office « parmi les électeurs présents à l’ouverture du bureau de vote ». Toutefois, rassurez-vous, « le Code électoral ne prévoit pas de sanction pour les électeurs qui refuseraient ce rôle d’assesseur ».

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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