Après les voyages de Zemmour et Pécresse, le message de Noël de l’Arménie à la droite française

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Alors que la droite est majoritaire en France, le moins qu’on puisse dire est qu’elle n’est pas assurée de l’emporter en mai prochain. Concurrentes, divisées, ses trois principales familles pourraient pourtant trouver, en ce jour de Noël, un trait d’union… en Arménie. Valérie Pécresse rentre tout juste de ce pays symbole du martyre des chrétiens au fil des guerres avec ses voisins musulmans, Azerbaïdjan et Turquie en tête. Même si le message de la candidate LR est plus politique que civilisationnel, le symbole est bien là : quelques jours après le candidat Zemmour, un autre candidat se penche sur ce petit pays dont le peuple et la culture chrétienne vacillent sous les coups. Éric Zemmour, en choisissant l’Arménie pour but de son premier voyage de candidat hors des frontières françaises, a évidemment montré l'importance qu'il attache à ce que ce pays représente. Quant à Marine Le Pen, elle a fréquemment pris position sur ce dossier, comme le 14 mai dernier sur le réseau social Twitter : « La frontière sud de l'Arménie a été franchie par l'Azerbaïdjan, en violation du cessez-le-feu. La fermeté la plus dure à l’égard de Bakou et de son protecteur Erdoğan est la seule façon d’interrompre cette menace permanente qui pèse sur les Arméniens. »

On n’en est pas encore à l’entente cordiale entre Zemmour, Pécresse et Le Pen, loin s’en faut, ni sur l’Arménie ni sur le reste des dossiers. La magie de Noël ne fait pas de miracles, chaque candidat tirant énergiquement la couverture arménienne vers son camp. Reste le symbole commun. Si la droite fait le pèlerinage ou évoque l’Arménie, c’est parce que ce petit pays conserve une charge d’émotion pour les Français. Il y a ces compatriotes d’origine arménienne adoptés par l’Hexagone, comme Charles Aznavour. Il y a surtout le spectre de ce qui menace la France, celui d’une invasion, d’une perte de contrôle et d’un balayage définitif de son identité. Toute référence et similitude avec l’état de la France, actuel et à venir, est évidemment la bienvenue, sans quoi nos candidats auraient été se promener en Allemagne, aux États-Unis ou en Chine, pays bien plus stratégiques. Jean-Frédéric Poisson, soutien de Zemmour, l’a dit clairement. Ce voyage de Zemmour en Arménie, « ce n’est pas pour capter un hypothétique électorat français mais pour alerter sur la gravité des combats civilisationnels qui s’y déchaînent et qui frappent maintenant la France ». Boulevard Voltaire se fait l’écho, chaque jour, des attaques incessantes contre l’identité de la France, identité qui s’appuie, comme celle de l’Arménie, sur des millénaires de civilisation chrétienne. Qu’on soit catholique pratiquant ou anticlérical militant, cette identité est un fait. Un fait précieux et menacé. Un fait pour la France, pour l’Arménie ou pour le Liban.

Car cette Arménie en danger de mort sonne le tocsin, comme le fit jadis le Liban chrétien envahi, bousculé et déstabilisé par ses voisins musulmans. Il fut un temps où les Français observaient ce pays dont les liens avec le nôtre sont très anciens. Un temps où les politiques le visitaient et en revenaient avec le sentiment qu’une civilisation peut basculer et disparaître si on ne la défend pas. Le temps a passé, les chrétiens libanais ne sont plus sur place qu’une poignée ballottée dans la tempête qui s’est abattue sur ce pays qui fut riche et riant. Le jour de Noël, l’Arménie menacée agite devant nos yeux les mêmes menaces. La France saura-t-elle voir ce qu’elle voit, entendre ce qu’elle entend ? Est-elle prête au sursaut ? L’histoire récente de l’Arménie, du Liban mais aussi des chrétiens d’Orient, syriens et autres, nous impose de regarder ce défi en face et d'y répondre. Vite.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

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