Je suis un « jeune » retraité et, de ce fait, bénéficie de temps disponible. Depuis quelques mois, je m’essaie à décrypter le prêt-à-croire distillé par les médias du système tout acquis à l’équipe gouvernementale en place qu’ils ont majoritairement appelée de leurs vœux.

Dans le cadre de ces recherches, j’ai commencé à suivre le dossier de la ZAD de Notre-Dame-des-Landes, le 9 avril, lors de la première opération de destruction des lieux de vie illégaux. Très vite je suis tombé sur le site des zadistes, Zad nadir, et leur radio, Radio Klaxon, une radio pirate qui squatte sur zone la fréquence 107.7 que Vinci (opérateur de l’ex-aéroport) utilise pour ses autoroutes. Radio Klaxon est disponible par Internet en streaming grâce aux relais d’internautes militants.

Par Radio Klaxon, il est donc possible de suivre en temps réel la progression des forces de l’ordre, la situation des accès à la zone, l’état des destructions, le bilan des arrestations. Les informations factuelles sont souvent confirmées par les radios, la télévision et la presse écrite. Le débat n’est donc pas sur les faits mais sur leur interprétation et, après une synthèse des informations auxquelles j’ai eu accès et quelques contacts directs avec des militants ou sympathisants « zadistes », je voulais livrer mon analyse. Analyse qui pourra sembler à front renversé de la part d’un ancien combattant, catholique et de droite, au sujet d’écologistes, d’anarchistes et de communistes libertaires.

Premier point : les zadistes ont gagné contre l’État. L’abandon du projet d’aéroport tient à leur détermination et non à une décision sur le fond. En dépit de l’avis des élus locaux, du résultat d’un référendum et de nombreuses décisions de Justice, l’État a reculé.

Deuxième point : les zadistes sont courageux, ils ne craignent ni l’affrontement physique, ni le tribunal. Il semblerait que, pour contester le système, rien de tel que de vivre en dehors du système.

Troisième point : si l’on compare leur efficacité à celle des marcheurs de la Manif pour tous et des Veilleurs, il n’y a pas photo. À plusieurs millions, nous n’avons rien obtenu ; à quelques milliers, ils ont gagné.

Quatrième point : il est réconfortant de voir des gens se démarquer de la société des « premiers de la classe » que l’on nous prépare et refuser la dictature de la marchandise. S’ils ne respectent pas notre drapeau c’est qu’ils confondent État et nation.

Cinquième point : nous faisons face à un formidable enfumage. L’État, qui a capitulé, veut sauver au moins les meubles et exécute une pseudo-opération de maintien de l’ordre avec régularisation à la clef à destination des crédules.

Sixième point : le gouvernement n’est pas à l’aise avec la violence. J’en veux pour preuve l’impressionnante démonstration de force des radicaux lors du premier mai dernier. Refusant de négocier avec les pacifiques, l’État envoie le message que la radicalité paye.

Dernièrement, marchant à Verdun au milieu des tombes, je pensais à tous ces jeunes hommes égaux devant la gloire et la mort : l’ouvrier, le paysan, le polytechnicien, le prolétaire, l’héritier. Ils me murmuraient à l’oreille que, sans cordée, il n’y a pas de premier de cordée, et que, sans anonymes qui ne sont rien, il n’y a même pas de gare.

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26 mai 2018 à 19:13

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