Avec Trump et Poutine, Macron n’a marqué aucun point
Macron est la revanche médiatique de l'élection de Trump. Enfin Macron vint qui arrêta la vague populiste et rassura l'oligarchie européenne. Le sommet de l'OTAN à Bruxelles comme le G7 de Taormine ont cependant souligné que cette victoire n'est qu'une apparence qui compte peu dans le monde réel. Si le roman-photo du jeune premier élu en France séduit les gogos, le choc de la réalité ne s'est pas limité à la poignée de main vigoureuse du président américain.
Avec son style propre et brutal, celui-ci a rappelé qu'il était le patron. Aux autres membres de l'OTAN, il a, sans précaution oratoire, demandé de verser les contributions qui sont dues pour la défense commune. La France, et l'Allemagne plus encore, ne remplissent pas leurs engagements. L'objectif est d'atteindre les 2 % du PIB pour les dépenses militaires. L'Allemagne, excédentaire, le peut et ses réserves sont d'ordre idéologique. La France n'a, quant à elle, pas les moyens en raison de la situation économique.
C'est l'autre réalité à laquelle va être confronté le chouchou des médias, qui n'a ni l'espace ni les ressources naturelles du Canada pour soutenir une politique de fuite en avant suicidaire assaisonnée d'accommodements raisonnables. Aussi, le "sans-faute" souligné par les flagorneurs d'un "grand" journal du soir doit-il être réévalué.
Les rencontres diplomatiques ont deux lectures possibles : soit ce sont des ballets, soit ce sont des compétitions. Dans le premier cas, le "sans-faute" consiste à ne pas faire de faux pas. Il n'était pas difficile au jeune président, à l'élégance physique et à l'élocution précise portée par une voix claire, de plaire davantage que son prédécesseur, mal assuré et maladroit, dans une silhouette ingrate. Dans le second cas, il faut se demander qui a marqué des points. Manifestement, Macron n'en a gagné aucun. Il est sorti bredouille de ses rencontres avec Trump comme de la visite de Vladimir Poutine. Donald Trump a demandé des comptes aux autres membres de l'OTAN et n'a rien lâché sur le climat, qui était la demande essentielle du chef de l'État français. Avec le président russe, certes, M. Macron a dit combien le préoccupait la question des LGBT en Tchétchénie, et l'emploi des armes chimiques en Syrie, mais il a aussi reconnu que la solution, dans ce pays, passait par l'État syrien, et éventuellement par un dialogue aujourd'hui interrompu avec le président Assad. Pour l'Ukraine, loin d'insister sur de nouvelles sanctions dont le président russe avait rappelé l'inanité, il s'est contenté de souhaiter que les négociations soient reprises.
On se contentera enfin de sourire des reproches formulés à l'encontre de Russia Today et de Sputnik, comme si, depuis des mois, lui-même n'avait pas bénéficié d'agents d'influence.
Cette phase diplomatique à un haut niveau n'aura eu que peu de résultats concrets sur le plan international, mais tel n'était pas le but. Elle a été saisie avec opportunité par la nouvelle présidence française pour sa stratégie intérieure. Il s'agissait de montrer que l'apparatchik, haut fonctionnaire et banquier qui n'avait jamais daigné passer par la case élection avant d'être promu par le système, tenait la route, rencontrait les puissants de ce monde, très à l’aise.
Ainsi le peuple français retrouve-t-il sa tradition de légèreté. Séduit par l'intelligence et le brio, il a en partie oublié que cet homme était l'associé de ceux qui ont ouvert la porte à une immigration excessive et ont poursuivi le déclin économique. Les Français, depuis des années, voulaient moins d'Europe. Ils en auront davantage. Ils voulaient moins d'ouverture des frontières. Elles seront grandes ouvertes. Mais pendant un moment au moins, les Français auront été fiers d'être, aux yeux du monde, identifiés à ce jeune homme brillant. La France n'avait pas connu cela depuis Louis-Napoléon Bonaparte, et ça s'était terminé à Sedan.
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