[Tribune] Macron : un artiste de l’arrogance désinvolte

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Le président de la République nous a offert, en quelques jours, une séquence dont il a le secret. D’abord une intervention télévisée assez stupéfiante dans le contexte d’agitation politique et sociale lié à la réforme du système des retraites. Après avoir refusé de recevoir l’intersyndicale, annoncer se laisser « trois semaines, un mois » pour créer les conditions du dialogue prenait une allure de provocation. Ensuite la célébration des 75 ans de Pif Gadget, journal d’ascendance communiste, en répondant à des questions de très jeunes gens, témoigne d’un goût pour une communication quelque peu puérile, juste après avoir dû reporter la première visite d’État du roi d’Angleterre que celui-ci avait voulu dédier à la France. Ce télescopage revêtait la forme d’une désinvolture assez confondante. Faute de Paris, ce fut Berlin. Tout un symbole.

Puis le Président s’en fut dans les Hautes-Alpes pour y tenir des propos convenus sur la gestion de l’eau, se rendre au camp des Milles puis dans un collège afin de participer à une séance de restitution dans le cadre de son improbable Conseil national de la refondation. Il s’agissait de signifier que l’épisode de la réforme des retraites était clos dans l’attente de la décision du Conseil constitutionnel. Ce qu'il a signifié clairement en réponse aux questions de journalistes. Clairement mais sur un ton de méprisante lassitude technocratique si caractéristique.

Il est permis de s’interroger sur l’art et la manière présidentiels. L’amour de la France et des Français ne lui est pas naturel. Il avait lui-même déclaré qu’il « avait appris à aimer les Français ». Il semble qu’il ne soit pas allé au bout de l’apprentissage. Mais au-delà des sentiments, les priorités d’Emmanuel Macron et de l’oligarchie technocratique qui l’entoure ne sont pas les mêmes que celles des Français, comme s’ils avaient un agenda autre que celui de la France.

Lorsque l’on considère les presque six ans de mandat « macroniste », on reste confondu par un sentiment d’impuissance politique. Comme si l’adage romain de minimis non curat praetor, qui veut que le chef ne s’occupe pas des détails, avait été inversé. Le gouvernement s’emploie en effet à nous dire quel type de véhicule ou de chaudière nous devons utiliser, qu’il faut se couvrir plus chaudement lorsqu’il fait froid, quels sont les biens qui nous sont nécessaires et ceux qui ne le sont pas, fanfaronne quant à la gratuité des préservatifs pour la jeunesse… et dans le même temps, les fonctions régaliennes de l’État vont à vau-l’eau. Justice sans moyens et infestée d’idéologie, armées réduites à la fonction congrue, pauvreté des moyens de la police et délinquance en hausse, immigration non maîtrisée, diplomatie appauvrie et inaudible, enseignement à la dérive dans bien des secteurs, empilement administratif…

Or, dans bien des cas, l’impuissance de l’État est due au fait qu’il s’est lui-même désarmé : transfert de souveraineté à l’Union européenne, signature de conventions internationales qui nous ligotent, perte d’autonomie financière en raison de notre endettement, démission de l’exécutif devant le gouvernement des juges, lâcheté face à des minorités tyranniques, soumission intellectuelle, juridique et politique aux influences d’outre-Atlantique, démission d’État devant les idéologies du wokisme…

Cela ne tient pas seulement à l’inconséquence. Monsieur Macron est mondialiste. Il lui faut donc rendre la France impuissante pour la soumettre, sous prétexte d’efficacité, aux exigences d’un gouvernement technocratique et financier mondial. C'est-à-dire à une forme de despotisme technicien, éloigné des peuples qui sont réduits à l’état de masses grégaires indéfiniment manipulables et exploitables. Si lui et son gouvernement n’ont pas de vision pour la France, ils ont un objectif : la mondialisation de l’économie et du pouvoir.

Symbole révélateur, Mme Bergé, qui est la voix de son maître, vient de proposer de rendre obligatoire le pavoisement des bâtiments publics avec le drapeau européen, qui n’est qu’un emblème sans réalité juridique puisque l’article du projet de Constitution européenne qui l’officialisait n’a pas été repris par le traité de Lisbonne. Tout est bon pour l’effacement progressif de la France. À la fin du mandat de M. Macron, la question sera bien plus que celle d’une alternance : celle de la survie de la nation. Il s’agira d’abattre un système mortifère pour restaurer la France et les Français dans leurs libertés.

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Stéphane Buffetaut
Chroniqueur à BV, élu de Vendée, ancien député européen

Vos commentaires

33 commentaires

  1. Sans ironie, quelle élégance dans l’appréciation : « Tout est bon pour l’effacement progressif de la France. ». Nous sommes plus brutaux : déconstruction de la France. Ils le disent intelligent ! S’il l’était encore moins, le désastre assuré à nos portes. Non , il a été élevé sur scènes, il ne peut pas s’en échapper. Ses facultés ne lui permettent pas. Dommages pour la France. Mais rien à retirer de votre raisonnement.

  2. J’ai cru lire « Un autiste de l’arrogance désinvolte… » ! C’est plausible mais ce serait faire injure aux autistes.

  3. Où sont les hommes d’état ? Ce type est une marionnette un instrument un guignol, inculte et abruti de surcroit ! Entouré d’incompétents choisis à dessein bien sûr. Sauve qui peut il faut absolument arrêter ce déclin qui a commencé avant lui hélas mais s’amplifie de jour en jour !

  4. Il est regrettable que la constitution ne comporte pas un article permettant le licenciement sec pour fautes lourdes. Avec un tel palmarès, c’est tout ce que mérite macron.

  5. Après Macron il faudra changer de politique pour sauver la France; mais pour cela il faut l’union à droite!

  6. Dans Pif Gadget…il y a…Gadget… et dans toutes les interventions présidentielles, l’apparence de la litote, du poncif, de la banalité, voire de la désinvolture « moderne »…si ce n’était la toxicité du fond exprimé, depuis le « crime contre l’humanité » en Algérie jusqu’au drapeau européen sous l’Arc de triomphe

  7. Dire que Macron n’aime pas la France, c’est l’évidence des évidences. Macron, en fait, n’aime que lui-même. Infatué de sa personne, arrogant, suffisant, écrasant chaque français de son profond mépris (très visible sur la plupart des photos), Macron (qui nous vient de la Banque Rothschild et dont le maître à penser n’est autre que Jeff Bezos, l’homme le plus riche du monde) est totalement à l’étroit dans son uniforme étriqué de président de la République Française. En fait, pour lui, la France n’est qu’un minuscule marchepied qui devrait lui permettre de présider un jour l’Europe (cela au moins a une réelle dimension), puis peut-être jouer un rôle prééminent à la tête du mondialisme. Il y en a qui se sont cassé la figure pour beaucoup moins que cela.

  8. Ce qui est scandaleux, c’est que ces présidents (il n’est pas le seul mais probablement le pire …) qui déruisent la France qu’ils sont censés défendre, bénéficient à vie de privilèges comparables à ceux des rois, même à ceux des républiques bananières ! Et tout ça, au pays où l’on est fière de la révolution ! Je ne comprends pas que nos apprentis révolutionnaires, Mélancon en tête, ne se révoltent pas contre ces privilèges exorbitants, surtout dans ce contexte de réforme des retraites, où ce sont les salariés du privés, ceux qui cotisent le plus et dont le régime de retraite est bénéficiaire, seront les 1er e les seuls impactés pour l’instant. Pourquoi ? A se demander si Mélancon ne bénéficie pas lui aussi de privilèges ?

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