Transferts d’argent des migrants vers leur pays d’origine : un record !

billets euros

On appelle cela la « remittance » ou encore la « remise migratoire ». Ce sont deux « cache-mots », l’un à consonance anglo-saxonne et l’autre suffisamment abscons pour que le Français de base n’en saisisse guère le sens. Le voici : il s’agit des transferts d’argent des migrants vers leur pays d’origine.

La Banque mondiale vient de publier son rapport sur le sujet. On y apprend que « les flux de transferts de fonds vers les pays en développement ont dépassé, ces dernières années, le montant des investissements directs étrangers et de l'aide publique au développement, et l'écart se creuse », comme le confie un économiste de la grande maison aux Échos.

En croissance de 3,8 % cette année, les transferts s’élèvent, en 2023, à un montant record de 669 milliards de dollars. En prévision, une hausse de 3,1 % en 2024 portant les transferts à 690 milliards de dollars. Des chiffres à mettre en regard de ceux de l’aide publique au développement (APD), soit « environ 205 milliards de dollars en 2022, et même ceux des investissements directs étrangers (IDE) dans les pays en développement, soit environ 500 milliards de dollars », écrivent Les Échos, qui attribuent essentiellement cette croissance à celle du nombre des nouveaux arrivants dans les pays de l'OCDE, soit 26 % cette année !

Rappelons ici que les remises migratoires ne représentaient que 3 milliards de dollars en 1970, passant à plus de 500 milliards en 2012 – dont 400 vers les pays en développement. Pour la zone géographique qui nous concerne davantage, il est déjà attesté, en 2014, que les remises vers le Mali et le Maroc représentaient un montant supérieur à l’APD. En France, ces flux s’élevaient alors à près de 9 milliards d’euros, soit l’équivalent de l’APD annuelle. Pour les données récentes, on apprend que la diaspora nigériane arrive en tête du classement africain, ayant transféré pas moins de 19,8 milliards de dollars en 2022, contre 19,3 milliards de dollars de 2021.

On notera, à ce propos, qu’il est quasi impossible de trouver les chiffres récents concernant notre pays. Le rapport de la Banque mondiale nous apprend que les premiers pays d’origine des envois de fonds sont les États-Unis, les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite. Quant à la guerre en Ukraine, elle a beaucoup moins impacté les transferts de fonds depuis la Russie qu’on ne pouvait l’attendre. Mieux : « la plupart des pays bénéficiaires ont même enregistré des montants record en 2022 », relève une étude de Global Sovereign Advisory, car « alors que 300.000 travailleurs russes ont quitté leur emploi pour rejoindre le front ukrainien, l'afflux de travailleurs étrangers est venu combler cette pénurie de main-d’œuvre russe ».

Pour certains pays en développement, les envois de fonds représentent la plus grande part de leur PIB – entre 9 et 24 % pour certains, soit environ entre 80 et 750 % de l’aide publique au développement dont ils sont bénéficiaires, apprend-on par la Banque africaine de développement. Et encore toutes ces statistiques ne prennent-elles en compte « que les transferts officiels enregistrés dans les statistiques de balance des paiements des pays d’accueil ou des pays d’origine ». Ainsi, la Banque mondiale « estime que le montant global des envois de fonds est environ le double des statistiques officielles en prenant en compte les transferts non officiels en or ou en argent ».

Dommage, donc, qu’on ne connaisse pas le détail pour ce qui concerne la France, car notre pays, champion de la « redistribution », ne retrouve évidemment pas dans son économie les sommes faramineuses injectées dans l’aide aux migrants.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

Vos commentaires

38 commentaires

  1. C’est tout à leur honneur, si c’est pour aider leur famille restée en Afrique avec de l’argent du travail et non pas de trafics divers et variés. S’il y a des abus, c’est aux autorités Française d’y mettre fin, encore faudrait-il en avoir la volonté.

  2. Je me suis penché sur cette situation, c’est-à-dire ce problème, au milieu des années quatre-vingt.
    Il était déjà très inquiétant. A l’époque je l’avais chiffré de façon plus ou moins validée par mes pairs et c’était énorme.
    Etant belge je n’avais étudié que les transferts partant de Belgique et la somme forcément était en francs.
    De nos jours le montant est dramatique et je n’ai pour travers d’utiliser de suite les grands mots.
    Et d’ailleurs voici un mot qui n’exagère pas, selon moi, la situation actuelle : pillage !
    Nous sommes détroussés .

  3. Des milliards qui feraient le plus grand bien à notre économie : Il faudrait décréter l’arrête de ces transferts . Après tout c’est de l’argent gangé en France . On est en droit de le garder chez nous . Je gage que c’est pour une grande partie le pognon des prestations sociales , allocs qui s’en vont , alors qu’il devrait impérativement rester ici .

  4. Quand cessera-t-on de parler de pays en voix de développement? Si ces pays se développaient, les africains ne viendraient pas chez nous, mais resteraient chez eux. Ce sont des pays sous-développés et qui le resteront. Seul le Sénégal semble tirer son épingle du jeu. Les autres resteront toujours à la traine.

  5. Il est quand même un peu fort d’appeler encore « pays en voie de développement » des pays qui, depuis 50ans, n’ont pas cessé de décroître. La décolonisation a été, quoiqu’en disent les bien-pensants, une catastrophe. Les africains vivaient mieux du temps des colonies. Si la décolonisation avait été une bonne chose, leurs jeunes ne chercheraient pas à risquer leur vir pour rejoindre leurs anciens colonisateurs (principalement France et Angleterre)

  6. il est cependant très facile de savoir quand et où vont les fonds qu’on verse en aides sociales, qui devraient être dépensées sur notre sol, pour éviter ce type de fraude, les aides devraient être faites avec des cartes qui ne pourraint être utilisées que chez les commerçants puisque ces aides servent surtout pour les immigrés à manger, et puis il est facile pour tracfin de demander à Western union la liste des différents pays bénéficiares de l’envoi de fond et dans un second temps les « généreux » donateurs, cela permettrait aussi de découvrir par ci par là des blanchiments d’argent.

      • Macron est pourtant un…banquier (ex ou encore?) Alors rien de plus simple que de freiner cet « envol » de notre argent. Envoi d’argent à des fins terroristes. Pourquoi pas cette formulation?

  7. Ne serait-il pas plus simple dans ce cas de demander aux étrangers les coordonnées de leur famille respective et ainsi les aides sociales iraient directement , un gain de temps et d’envoi pour tous ces braves gens , nous ,contribuables, sommes là pour contribuer à renflouer les caisses .

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