Tant Vallaud qu’à la fin il se brise

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Où vont les socialistes ? Le savent-ils eux-mêmes ? Les mauvaises langues diront qu’Olivier Faure, leur premier secrétaire, s’est embarqué dans la NUPES pour éviter l’ultime naufrage, garder un groupe à l’Assemblée et, accessoirement, conserver son mandat de député. Prenez Combs-la-Ville, l’une des communes les plus importantes de la 11e circonscription de Seine-et-Marne où Olivier Faure est élu député depuis 2012 : au premier tour de l’élection présidentielle, Mélenchon a obtenu presque 31 % des suffrages exprimés, quand la candidate socialiste n’a réussi à grappiller péniblement que 1,15 % des voix. Juste devant Poutou et Arthaud… Un peu léger pour enclencher une dynamique pour les législatives et de quoi donner sérieusement à réfléchir...

Embarqués, donc, pour le meilleur et pour le pire dans cette galère. Ou ce train – nommé désir ? -, puisque c’est à un train que le leader Mélenchon compare la NUPES. Et « il en coûtera très cher de descendre » de ce train, a-t-il prévenu, vendredi. Interdiction d’ouvrir les portes avant l’arrêt total ! Le meilleur, c’est évidemment le résultat aux législatives. Le pire, c’est le spectacle donné, mercredi dernier, par l’extrême gauche qui a vociféré lors du discours de politique générale d’Élisabeth Borne. Certes, il y avait parfois de quoi hurler à entendre les propos tenus par le Premier ministre. Comparer la situation de 1958 à celle d’aujourd’hui, il fallait oser ! « Rappelons-nous qu’en 1958, les gaullistes ne sont pas majoritaires à l’Assemblée nationale quand la Ve République connaît ses premières heures et crée les CHU et l’assurance chômage. » Sauf que Le Touquet n’est pas la Boisserie et Macron n’est pas de Gaulle. Mais ce n’est sans doute pas pour cette comparaison historique osée que les petits camarades d’Olivier Faure ont fait leur cirque.

Si l’on ne sait pas trop où va le PS, en revanche, on le sent obsédé par le (supposé) passé du parti de ses collègues placés à l’extrême droite de l’Hémicycle. En effet, pour répondre à la déclaration de politique générale d’Élisabeth Borne, c’est Boris Vallaud – M. Najat Belkacem – qui s’est coltiné l’escalade de la tribune pour le groupe socialiste. Et là, curieusement, il a réussi l’exploit de s’adresser aux députés du Rassemblement national qui ne font pas partie de la majorité et ne contribuent pas au gouvernement. « Ceux dont vous êtes les héritiers n'étaient pas dans les murs de cette enceinte en 1946, je n'ose dire où ils étaient pour la plupart, ceux dont vous êtes les héritiers étaient en revanche sur le banc des accusés de Zola. » C’est décidément une obsession à gauche de vouloir évoquer les origines du Front national, devenu depuis Rassemblement national. Anne Hidalgo s’y était amusée, en 2016, en déclarant que le FN, fondé en 1972, avait « soutenu » la collaboration avec les nazis. Elle a été condamnée en première instance, en mars 2016, à 500 euros d’amende avec sursis, à verser un euro de dommages et intérêts au FN et 2.000 euros pour frais de justice. Elle s’était désisté de son appel en juin 2017...

Boris Vallaud serait bien inspiré d’étudier un peu l’histoire de son parti avant de donner des leçons aux autres formations politiques. À titre d'exemple, faut-il rappeler qu’un certain Pierre Vaillandet (1888-1971), élu député de Vaucluse en 1936 avec le Front populaire, membre imminent de la SFIO, ancêtre direct du PS, vota les pleins pouvoirs au maréchal Pétain en 1940, bascula dans la collaboration, fut condamné par contumace en 1946 (tiens, justement, 1946 !) à la dégradation nationale à vie, à la confiscation de ses biens et à cinq ans d'interdiction de résidence en région parisienne. On ne poussera pas la cruauté jusqu’à rechercher à quelle place il siégeait à la Chambre. Sans doute pas très loin de l’emplacement 514 où M. Vallaud a posé son séant.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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