[POINT DE VUE] Quand le président algérien accuse la France de… « génocide »

@Radio of Algeria/Wikimedia Commons
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Depuis l'annonce, en juillet dernier, du soutien de Paris au plan d’autonomie du Maroc pour le territoire du Sahara occidental, les relations entre l'Algérie et la France, qui n'étaient déjà pas au beau fixe, sont devenues glaciales. Le président algérien, Abdelmadjid Tebboune, vient d'écarter de nouveau une visite en France, refusant « [d'aller] à Canossa », et va jusqu'à accuser la France de « génocide » durant la colonisation.

Avec une insolence mêlée de cynisme, il a déclaré que, de 1830 à 1962, « l’Algérie a[vait] été choisie pour le Grand Remplacement, le vrai Grand Remplacement », consistant à « chasser la population locale pour ramener une population européenne avec des massacres, avec une armée génocidaire ». Il a dénoncé les essais nucléaires de la France au Sahara. Il a évoqué l’accord franco-algérien de 1968, qui octroie un statut particulier aux Algériens en matière de droits de circulation, séjour et emploi en France, reprochant à « l'extrême droite » de vouloir l'abroger. Il « n'accepte pas les mensonges sur l'Algérie », il « demande la vérité historique ».

On ne peut guère compter, pour lui répondre, sur un Emmanuel Macron qui, lors de sa première campagne présidentielle, qualifiait la colonisation de « crime contre l'humanité ». Un Président qui a rendu hommage à des complices du FLN, qui est toujours prêt à dénigrer la France plutôt qu'à la défendre – c'est le même homme qui, à deux jours du 7 octobre, vient de demander l'arrêt des livraisons d'armes à Israël servant dans la bande de Gaza, sans avoir la même exigence à l'égard du Hamas. Dans ces conditions, que tous les Français, militaires et civils, qui sont morts durant la guerre d'Algérie, que tous les pieds-noirs, que tous les harkis et leurs descendants me permettent de rétablir modestement une part de vérité.

Ce que l'Algérie doit à la France

De tous les pays colonisateurs, la France est sans doute celui qui s'est le mieux comporté. Sans la colonisation, l'Algérie ne serait pas le pays moderne qu'elle est devenue. Le président algérien oublie qui a construit des routes, des hôpitaux, les écoles, qui a commencé, en 1952, l’exploration pétrolière du Sahara. Il se garde bien de reconnaître l'esprit d'entreprise des pieds-noirs, loin d'être tous des exploiteurs qui faisaient « suer le burnous ». Il se garde bien de reconnaître tout ce que l'Algérie doit aux Français. Il se garde bien de reconnaître qu'une grande partie de la population aimait la France. Et jamais il n'a regretté les attentats aveugles, les égorgements, les crimes odieux du FLN, avant et après l'indépendance.

Il ferait mieux de se demander pourquoi beaucoup de jeunes Algériens fuient leur pays, un pays riche, un grand exportateur de gaz naturel liquéfié, mais incapable de diversifier son économie. Ce serait reconnaître l'impéritie d'un gouvernement, toujours aux mains du FLN et l'emprise de la corruption et du népotisme. Non content de laisser partir sa jeunesse, tout en entretenant la haine de l'ex-colonisateur, le gouvernement algérien ne coopère guère quand la France veut expulser les Algériens en situation irrégulière et se plaint si on menace de réduire les visas. Il a trouvé dans la France un bouc émissaire pour tenter de dissimuler ses échecs. Pourquoi se gênerait-il quand son Président se couche et se soumet ?

La grande majorité des Algériens estiment que leur système politique devrait être réformé. Au lieu de se complaire dans la repentance, de souligner les erreurs de la colonisation et de minimiser ses apports, Emmanuel Macron devrait plutôt œuvrer au renouveau politique de l'Algérie, pour que les Algériens aient envie de rester dans leur pays et de contribuer à sa prospérité. Patience, direz-vous : il n'est plus à l'Élysée pour longtemps. Sans doute, mais que de mal il aura fait à la France !

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

Vos commentaires

41 commentaires

  1. Quand le FLN a massacré, c’est à dire égorgé harkis , leurs femmes, leurs enfants par milliers ce Monsieur ose parler de génocide ! Bizarre tout de même que les enfants et petits enfants des membres du FLN de l’époque ne rêve que d’une chose : venir rejoindre les génocidaires du peuple algérien !!

  2. On prête au professeur Maurice Payet, premier doyen de la Faculté de médecine et de pharmacie de Dakar, ces propos (sur les Médecins coloniaux) : « Y a-t-il au monde plus petite équipe d’hommes ayant rendu plus de services à l’humanité souffrante ? Y a-t-il au monde œuvre plus désintéressée, plus obscure, ayant obtenu de si éclatants résultats et qui soit pourtant ignorée, aussi peu glorifiée, aussi peu récompensée ? Qui peut prétendre avoir fait mieux, où, quand et comment ? »

  3. « Si on renonce à l’accord de 1968, l’Algérie perd la poule aux œufs d’or », affirme l’ancien ambassadeur de France en Algérie Xavier Driencourt

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