À la place de Nicolas Hulot, n’importe quel Bruno Le Maire serait resté rivé à son siège jusqu’à ce que des déménageurs le transportent vers quelque bureau au gré des occasions. Alors que d’autres intriguent et manigancent pour tenter d’apercevoir l’esquisse d’un début de possibilité d’obtenir un poste ministériel un jour peut-être, Nicolas Hulot est parti de son propre chef en raison de cette désagréable sensation de n’avoir été qu’une poupée posée dans la vitrine du gouvernement. Bruno Le Maire n’a pas compris. Voilà un homme qui avait tout pour être heureux : voiture avec chauffeur, bureau doré, honneurs, respectabilité, photos dans Paris Match, petits fours à volonté… Quel gâchis !

L’émotion de Nicolas Hulot lors de la passation de pouvoir ne devait rien à l’abandon des privilèges de la fonction. Sa sincérité ne fait aucun doute. Les personnalités qui ont laissé tomber un ministère par intégrité intellectuelle se comptent sur les doigts des moufles doublées acrylique de Bruno Le Maire.

En quête de bluette politico-romantique, le magazine Elle a relevé que l’épouse de l’ex-ministre était venue le rejoindre à la tribune pour le soutenir dans ce moment difficile. D’après les décrypteurs labiaux de la rédaction, elle lui aurait murmuré « Je t’aime » à l’oreille. Lui eût-il répondu « moi non plus » que nous tenions les clés de sa relation avec le gouvernement. Lors de l’annonce de sa démission, sa déclaration d’amour à un Macron qu’il affirmait quitter avec le sentiment d’avoir été floué était digne de la chanson paradoxale du duo Gainsbourg/Birkin. Tout et son contraire en un seul bloc. Comme perdu en conjectures face à un beurre « bio » garanti avec colorants et conservateurs, l’écologiste convaincu ne savait plus vers quelle éolienne se tourner… Seul l’espoir que le démissionnaire ait adopté cette posture par souci de ménager chèvres et choux (élevés en plein air) était en mesure de sortir l’auditeur de son désappointement.

Diplomate jusqu’au bout des ongles, Nicolas Hulot avait également la possibilité de passer le pouvoir à son successeur puis de déclarer qu’il était déterminé à rester. Dans un coin du bureau. Par amour pour Emmanuel et son équipe. Tous très gentils, magnifiques et, surtout, complètement imperméables à l’écologie. Étanches. Testé et approuvé par toutes les multinationales agroalimentaires.

Nicolas Hulot est un homme de bonne volonté qui aurait peut-être dû comprendre plus tôt que le capitalisme débridé défendu par Emmanuel Macron est la cause majeure de la triste destruction de notre environnement naturel. Ministre de l’Écologie au sein d’une structure porteuse de cette idéologie est un non-sens. Le mur était forcément au bout du chemin. Son courage d’avoir quand même essayé est méritant.

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07 septembre 2018 à 17:14

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