Saura-t-on vraiment la vérité ? Du reste, « qu’est-ce que la vérité ? », demandait Ponce Pilate, qui s’y connaissait en matière de mouvements de foule. Des membres du gouvernement ont-ils fait pression auprès de certains députés LR dans les jours qui ont précédé la présentation du projet de loi sur la réforme des retraites ?

Ainsi, la semaine dernière, L’Ardennais, quotidien régional diffusé comme on s’en doute dans les Ardennes, mais pas que, titrait : « Coups de pression sur les députés de l’Aisne, la Marne et les Ardennes avant le vote de la réforme des retraites ». Et d’évoquer « coups de fil et coups de pression, promesses et compromis » d’un exécutif qui tentait « d’arracher une majorité pour faire passer sa réforme ». Le 15 mars, le député des Ardennes Pierre Cordier était d’ailleurs très clair sur LCI : « Ils m’ont dit effectivement [que] si je pouvais changer d’avis, on pourrait faire des efforts sur une circonscription par rapport à tel et tel projet ». Toujours sur LCI, une députée LR, sous couvert d’anonymat, comme on dit, déclarait : « Rien que ce week-end, j’ai reçu deux appels de ministres. C’est plus qu’en un an. » Comme c’est bizarre !

En Bretagne, le député Jean-Luc Bourgeaux confiait à Ouest-France qu’un ministre avait tenté de le faire changer d’avis. Au micro de France Inter, cet apparenté LR déclarait : « On a essayé de me dire que si je changeais d’avis et votais la réforme, peut-être qu’il y aurait un regard dans les années à venir sur les dossiers de mon territoire… » Et puis, il y a le cas de cette députée LR qui, toujours sous couvert d’anonymat, se confiait au Parisien : « Les appels se sont multipliés depuis quelques jours », évoquant même un coup de fil en personne de Bruno Le Maire qui lui aurait « glissé » qu’il « saurait être "attentif à sa circonscription" ». Le ministre a démenti catégoriquement et la députée est, depuis, revenue sur ses propos : « Je me suis sûrement mal exprimée, j’en suis désolée… » On ne confiera pas à cette dame la rédaction d’un communiqué de presse. Mettons ça sur le compte de la pression… des événements.

En tout cas, que du pain bénit pour LFI avec une Mathilde Panot qui saisit, la semaine dernière, le procureur général Molins, s’interrogeant sur un possible délit de « corruption active ». Ce dimanche, à l’occasion de son passage sur le plateau du « Grand Jury LCI-RTL-Le Figaro », Jean-Luc Mélenchon en a remis une louche : « Faire pression sur les élus pour les pousser à faire quelque chose contre leur gré est condamné par la loi. C'est ce qu'a fait Bruno Le Maire, en appelant des élus pour leur dire ce qu'il fallait voter à l'Assemblée nationale, en échange d'un possible arrangement. » Réaction immédiate de Bruno Le Maire : « Faux. La députée est revenue sur ses propos. Vérifiez vos accusations avant de les prononcer. Je vous demande de retirer sans délais vos propos calomnieux et diffamatoires. Faute de quoi, je me verrais obligé de vous poursuivre en justice pour diffamation. » Et pour les autres déclarations relayées par la PQR, où certes Bruno Le Maire n’est pas cité, on fait quoi ?

Dans ce poker plus ou moins menteur, il ne manquait plus qu’Aurore Bergé, qui vient de lancer un contre-feu plutôt malin. Toujours ce dimanche 19 mars, dans l’émission « Questions politiques » de France Inter et Le Monde, la patronne des députés Renaissance a balancé « On va tout se dire ! » Tout, vraiment ? Oui. Donc, des députés LR sont « venus frapper à la porte de Matignon… disant "Je suis prêt à voter la réforme, par contre, vous mettez 170 millions d’euros sur la table pour faire un contournement autoroutier" ».

Aïe ! Qu’est-ce qu’il disait, déjà, Édouard Herriot ? Ah oui : « La politique, c’est comme l’andouillette, ça doit sentir la m…, mais pas trop. » Mon vote pour un contournement autoroutier, ça fait drôlement cher, non ? Moins classe qu'un cheval contre un royaume. Jadis, Coluche, qui finalement s'y connaissait peut-être autant qu'Édouard Herriot en politique, disait que la gauche était achetée par Moscou et la droite à jeter par la fenêtre. Mais aujourd'hui, on n'imagine pas ça possible, car les députés LR ne sont pas à vendre. C’est Olivier Marleix en personne qui l’a dit après que Jordan Bardella a proposé, en cas de dissolution, de ne pas présenter de candidats face aux députés LR qui voteraient les motions de censure, lundi 20 mars. Poker menteur ou strip poker ? On verra ça lundi soir…

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19 mars 2023 à 20:35

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37 commentaires

  1. C’est évident et tous les députés LR devraient le comprendre sauf s ils sont achetés bien entendu. Ce vote va nous permettre de voir qui sont les corrompus

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