Livre : Pour un réveil européen, Institut Iliade

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  • Depuis sa création en 2014, l’Institut Iliade pour la longue mémoire européenne, cofondé par l’ancien député européen FN Jean-Yves Le Gallou et les historiens Philippe Conrad et Bernard Lugan, œuvre, par des colloques annuels, des expositions et des cycles de formation à destination de jeunes auditeurs, au « réveil de la conscience européenne » ainsi qu’à l'« affirmation de la richesse culturelle de l’Europe et à la réappropriation de leur identité par les Européens ».S’inscrivant dans la continuité de la pensée et de l’action de l’historien Dominique Venner, mort en 2013, cet institut reprend le flambeau, trop longtemps laissé à terre, du combat métapolitique. Seule la désormais très confidentielle Action française peut être mise en parallèle avec cette vigoureuse initiative gramscienne qui, sans atermoyer, à l’instar de sa vieille devancière, ose le pari de la jeunesse – « Qui tient la jeunesse, tient l’avenir ! » tonitruait, jadis, Léon Daudet.

    Enseignant les antiques et permanentes valeurs éthiques du mérite, de l’honneur, du courage, de l’enracinement, l’institut Iliade met à disposition des jeunes sentinelles européennes tout un arsenal intellectuel abondamment nourri par des colloques d’excellentes factures (« L’Univers esthétique des Européens », « Face à l’assaut migratoire », « Transmettre ou disparaître », « Fiers d’être Européens ! », « L’Heure des frontières », « La nature comme socle. Pour une écologie à l’endroit ») et des publications du même tabac.

    Au nombre de celles-ci, Pour un réveil européen s’annonce comme un bréviaire structuré autour des trois impératifs homériques de la renaissance européenne : « la nature comme socle », soit le topos qui nous relie spirituellement, telluriquement et historiquement à nos aïeux, à nos traditions et à notre identité primordiale ; « l’excellence comme but », soit l'ethos qui nous maintient droits et nous fait regarder l’avenir avec la claire conscience qu’à la table de notre présent, les convives du passé seront nos plus agréables et nos plus sûrs passeurs d’éternité ; enfin « la beauté comme horizon », ou l'eidos de notre civilisation qui, depuis Rome et Athènes, a toujours placé le Beau, le Bien et le Vrai parmi les plus hautes exigences de la raison.

    Plan de bataille ambitieux mais proportionnel aux périls qui, peu à peu, finissent par avoir raison de nos peuples, de nos pays, provinces, cultures et identités, sans parler de notre anthropologie. L’homme du XXIe siècle subit, en effet, une altération profonde de ses traits, jusqu’à entamer dangereusement – donc irréversiblement – sa forme figurale – dans l’acception jüngerienne du terme – au point d’effacer Homo europaeum (ce « Grand Effacement » n’étant, finalement, qu’une des formes douces du « Big Reset » attalien ou, pour parler comme Renaud Camus, davocratique). « Dans le monde rêvé par Jacques Attali ou George Soros, l’individu “nomade” des “sociétés ouvertes” de l’avenir se résumera à ses fonctions d’Homo economicus et d’Homo festivus, un producteur-consommateur récompensé de sa docilité par l’accès généralisé au bonheur, à la civilisation des loisirs », prophétise, hélas, sans grand risque de se tromper, Philippe Conrad. Mais ce « Grand Effacement » n’est-il pas rendu effectif par cette aboulie que nous avions nous-même diagnostiquée lorsque nous évoquions, dans un livre publié, en 2019, le Grand Épuisement de nos contemporains – tandis que Dominique Venner pensait que ceux-ci étaient rentrés dans une phase plus ou moins longue de « dormition » ?

    Il est, dès lors, plus que jamais impérieux d’édifier des « citadelles intérieures », « d’établir sur soi un empire souverain », comme le préconise Alain de Benoist, car il n’est nul combattant qui ne soit d’abord un exemple de grand style. Or, « le style est l’homme même », disait Buffon. Et le style, c’est d’abord l’homme européen, celui qui, de Saint-Pétersbourg aux antipodes, nimbé des éclairs de sa gloire et de sa puissance, imposait sa grandeur au monde. Il fallait, pour cela, qu’il fût supérieur.

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Aristide Leucate
Docteur en droit, journaliste et essayiste

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