Le sondage qui fait mal chez LFI : Roussel plus populaire que Mélenchon !

Comme quoi le passé a encore de l’avenir, même à gauche.
FABIEN ROUSSEL

À quoi ça sert que la Méluche se décarcasse ? Plus à grand-chose, manifestement, à en croire ce sondage IFOP du 25 janvier commandé par Paris Match. Ainsi, 54 % des Français préféreraient Fabien Roussel à un Jean-Luc Mélenchon ne recueillant plus que 30 % d’opinions favorables, 16 % se refusant à opter pour l’un ou l’autre des deux champions de la gauche.

Certes, de la cote de popularité au bulletin de vote glissé dans l’urne, il y a un pas, tels qu’en témoignent les 2,28 % recueillis par le secrétaire national du Parti communiste à la dernière élection présidentielle. Bien sûr, c’est plus qu’Anne Hidalgo (1,71 %), mais c’est encore loin des 21,95 % du baron rouge de La France insoumise.

Pourtant, si Roussel monte, Mélenchon lui, n’en finit plus de descendre. Toujours selon ce sondage, « parmi ceux qui ont voté pour lui au premier tour en 2022, il n’en reste plus que 65 % à le préférer aujourd’hui à Fabien Roussel ». Quant aux sympathisants LFI, si le socle électoral demeure solide à hauteur de 80 %, ils sont néanmoins 17 % à désormais se tourner vers son challenger communiste.

Le dernier point fort de Jean-Luc Mélenchon réside évidemment dans sa notoriété : les Français ne sont que 3 % à n’avoir jamais entendu parler de lui, contre 23 % de leurs compatriotes ignorant qui est Fabien Roussel. Mais la question aurait été posée avant l’élection présidentielle, gageons qu’on n’aurait guère trouvé plus de 3 % de clampins à savoir qui était le candidat du Parti communiste. Conclusion : Fabien Roussel est à la hausse. Le moment d’acheter, comme on dit dans les milieux boursiers.

Après les chiffres, la dynamique doit évidemment être prise en compte, tant il est vrai que cette dernière n’est plus vraiment du côté des Insoumis. Usure du pouvoir, direction autocratique du parti, gestion calamiteuse des affaires Coquerel et Quatennens, comportement erratique de leurs députés à l’Assemblée nationale : voilà qui donne une image de moins en moins sérieuse et de plus en plus inquiétante de ce mouvement.

A contrario, et ce, sûrement sous l’influence d’Olivier Marchais, fils du fameux Georges, Fabien Roussel semble avoir fait le pari d’un retour aux fondamentaux de la gauche de jadis, quand elle incarnait les valeurs de la classe ouvrière, avant de devenir la voiture-balai de luttes sociétales toutes plus fantaisistes les unes que les autres. Bref, il défend le barbecue contre le quinoa et la valeur travail contre le « droit à la paresse » évoqué par Sandrine Rousseau, cette « fléministe », tel qu’il l’a définie le 17 janvier dernier sur France Inter.

Comme quoi le passé a encore de l’avenir, même à gauche. Un menu détail, toutefois : dans cette brillante construction intellectuelle, les stratèges de la Place du Colonel-Fabien semblent avoir négligé ceci : depuis au moins 1995, le Front national, ensuite devenu Rassemblement national, s’est imposé comme le champion incontesté de cette même classe ouvrière. Et il n’est pas sûr que d’avoir appelé à voter Emmanuel Macron en mai 2022 puisse faire revenir les cols bleus égarés au bercail communiste.

Autre écueil d’importance : Fabien Roussel, pas le plus antipathique des hommes - la cause est entendue -, fait maintenant figure d’homme de gauche préféré des électeurs de droite. Un peu comme Simone Veil, en son temps, mais en inversant les propositions. Sa popularité était réelle, mais ne s’est jamais retranscrite dans les urnes, surtout en 1989 quand cette femme de droite adulée par les électeurs de gauche mena sa propre liste aux élections européennes, entendant capitaliser sur sa notoriété.

Elle avait assuré pouvoir atteindre un score à deux chiffres. Elle n’avait pas tort ; sauf qu’il y avait une virgule au milieu : 8,43 %. C’était ballot.

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Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Les deux sont « un peu » identiques ; à part que Roussel est un p’ti peu moins agressif que Mélenchon . Mais ils sont issu du même alambic . Tout ce qui vient de la gauche et de l’extrême gauche est dangereux voir très dangereux pour la FRANCE et la démocratie .

  2. La politique, comme le syndicalisme, est plus un affaire d’individu que de parti ou de groupe. le parti communiste avait connu son age d’or avec Marchais (personnage sympathique s’il en est) puis s’était enfoncé avec Hue et surtout Buffet.
    Nul doute qu’avec Roussel, le PC va reprendre des couleurs.

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