Le Monde dresse la liste des médias prorusses en France

La chasse aux collabos est lancée. Le Monde a dressé les premières listes, le 16 mars dernier. Un travail de salubrité publique car l’heure est grave. Si « RT et Sputnik ont été interdits », un « îlot prorusse » subsiste « dans certains supports ou émissions très à droite », nous révèle l’enquêtrice.

Heureusement, une presse vertueuse nous donne les noms de cette cinquième colonne qui désinforme à tout va : Valeurs actuelles, André Bercoff sur Sud Radio, Pascal Praud sur CNews. Mais aussi « des médias de niche » qui « prennent encore moins de gants » : TV Libertés ou encore Livre noir.

La journaliste ne se contente cependant pas de dresser des listes, elle nous révèle les vraies causes du mal grâce à un spécialiste : « Ces gens sont obsédés par les États-Unis, l’OTAN et nourrissent une forme de détestation vis-à-vis de tout ce qui vient d’outre-Atlantique », analyse Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite.

S’interroger sur la politique américaine et le rôle de l’OTAN relève donc du pathologique, de l’« obsession ». À ce titre, il aurait donc fallu enfermer le général de Gaulle dont Alain Peyrefitte rapportait, dans C’était de Gaulle, les propos suivants : « Nous pouvons vivre comme un satellite, comme un instrument, comme un prolongement de l’Amérique. Il y a une école qui ne rêve que de ça. » Et il ajoutait : « La presse est aux basques des Américains. […] S’abaisser, s’effacer, s’humilier, courber l’échine, voilà l’idéal. Abandonner sa défense, donner son économie, adopter la politique étrangère des autres, ça, c’est beau ; ça, c’est irréprochable. »

On suggérera néanmoins au Monde et à sa journaliste d'aller plus loin dans leur enquête, car il semblerait que les terribles réseaux de désinformation poutiniens aient franchi l'Atlantique depuis plusieurs années.

Par exemple, le Washington Post, dès 2014, donnait la parole à Henri Kissinger dont les propos, rétrospectivement, paraissent des plus suspects. Loin d’encourager à une guerre totale contre les Russes, malgré l’annexion de la Crimée, l’ancien secrétaire d’État, adepte de la realpolitik, réclamait une prise en compte des enjeux de chaque partie au conflit, sans quoi la conséquence serait « une guerre civile ou l’éclatement du pays ». Il fallait donc, d’après lui, sortir du schéma de confrontation Est-Ouest. Raison pour laquelle il considérait que l’Ukraine ne devait pas adhérer à l’OTAN et que les dirigeants ukrainiens devaient travailler à une « politique de réconciliation entre les différentes parties de leur pays ». Kissinger concluait en indiquant : « Le critère n’est pas la satisfaction absolue, mais une insatisfaction équilibrée. Si une solution fondée sur ces éléments ou des éléments comparables n’est pas trouvée, la dérive vers la confrontation s’accélérera. »

Des propos défaitistes à n’en pas douter, nous dirait la journaliste du Monde.

Autre exemple, plus récent, avec encore le Washington Post qui doit être financé par le Kremlin ! Le 23 décembre dernier, le journal ouvrait, en effet, ses colonnes à deux universitaires, Joshua Shifrinson et Stephen Wertheim, qui écrivaient : « En soutenant la possibilité d'un alignement étroit de l'Ukraine sur l'Occident, les actions américaines exacerbent les inquiétudes qui ont déclenché les incursions condamnables, mais prévisibles, de la Russie. » Selon eux, « les États-Unis devraient stopper la dérive expansionniste de leurs politiques d'après-guerre froide ».

De la pure propagande poutinienne que l’on retrouvait également dans Time Magazine, le 25 janvier dernier ! Le chercheur Anatol Lieven déclarait que dès les années 90, bien avant Poutine, les responsables russes, « y compris des réformistes libéraux », avertissaient « qu'une offre d'adhésion à l'OTAN, à la Géorgie et à l'Ukraine entraînerait une confrontation avec l'Occident et un grave danger de guerre ». Il ajoutait qu’il n’y avait rien « de mystérieux, d'extrême ou de poutiniste dans cette attitude russe » dans la mesure où les États-Unis rejetaient également, au nom de la doctrine Monroe, toute idée de présence d’une alliance militaire hostile à leurs frontières ou dans leur étranger proche.

Devant cette déferlante prorusse, on se félicitera que le journal Le Monde contribue, avec ses listes de suspects, à ressusciter en quelque sorte le maccarthysme.

Frédéric Martin-Lassez
Frédéric Martin-Lassez
Chroniqueur à BV, juriste

Vos commentaires

87 commentaires

    • Déjà si le GVT arrêtait de prélever nos impôts pour payer de telles torchons. L’interdire pas nécessairement mais ne subventionner QUE des journaux qui se VENDENT serait quand même plus juste.

  1. La façon dont les médias traitent le conflit n’a d’égale que les exagérations et abus employés contre le virus. Mêmes gourous mêmes connaisseurs mêmes pseudos experts qui découvrent qu’une guerre c’est laid et sale et se placent dans le camp des saints.
    Personnellement rien de nouveau sous le soleil et parfois on se retrouve en 40…

    • La première victime de guerre c’est la vérité…
      Il y a 3 occasions de mensonge, avant une élection, pendant une guerre, après la chasse…

  2. Le Monde fût une référence il est maintenant un torchon qui ne véhicule qu’un mode de pensée.
    Qu’elle tristesse !

    • Il y a longtemps que L’Immonde n’est plus une référence. Dans les années 70, il y a donc déjà un demi-siècle, un ouvrage intitulé (je crois) « Comment lire Le Monde » mettait déjà les étudiants avertis en garde contre la propagande véhiculée par ce titre ultra-subventionné par ses maîtres.

  3. Nous avons tous été impressionnés par la façon dont Poutine a su redresser la Russie et notre sympathie pour le peuple russe, que nous découvrons après la chute du communisme, demeure intacte. Mais il serait regrettable que ces deux impressions faussent notre jugement :seuls les imbéciles, les complices par intérêt ou les anti USA primaires, ne changent pas d’avis. La vérité et la justice sont plus complexes que les réflexes de supporters. L’agression de l’Ukraine est un crime terrible.

    • Crime, sans doute mais qui est le pousse au crime, qui ? qui ? allez en trois lettres !… Par ailleurs, peut-être ignorez-vous que depuis des décennies, les principaux vrais dirigeants tant dans l’administration que dans les grandes entreprises et banques, sont … étrangers (Européens et Américains) ! Sans compter les nombreuses mafias ! Ainsi peut-être comprendrez-vous les intérêts en jeux !…

      • Aussi bien en Russie qu’en Ukraine. J’ignore d’autant moins que je me rends dans ces pays. Et vous ? Crime est un crime. Pousse au crime : non
        BAV
        TDLN

    • Je vous suis régulièrement. Nonobstant, le commanditaire de cette affaire est la clique américaine. Qui entame chaque guerre par un BOBARD!

      • Merci YMB. Oui la responsabilité US est avérée. Comme celle de l’Ukraine. N’oublions pas Macron qui n’a rien fait pour faire appliquer les accords de Minsk. Ni Poutine. Restent les faits terribles de mères de familles quittant par centaines de milliers leurs maisons sous les bombes avec enfants et grand mère. BAV
        TDLN

      • dans un cas comme cela, la seule politique est le non alignement et l’embargo sur les armes aux pays belligérants, mais bien sûr l’aide humanitaire. Et que fait l’ONU ?, qui n’a pas l’air plus efficace que la SDN en 1939

    • Donbass 13000morts en 8 ans , les gens obligés de vivre dans des caves sans eau, sans électricité, sans nourriture, sans médicaments , des enfants handicapés dans les hôpitaux du Donbass meurent sans soins par faute de médicaments de traitement et de nourriture ,,et la liste est encore longue .

  4. « la Presse est aux basques de l’Amérique » . La même était , il y a fort peu d’années, aux basques de l’URSS le plus souvent et grâce à nos subventions . Quand sera-t’elle enfin Française ?

  5. Mon Dieu, je coche toutes les cases. Abonné à valeurs actuelles, je suis quand je regarde branché sur C News, et de plus j’ai un prénom Russe, vit il est temps que le monde me soigne!

  6. Il faut bien comprendre ce dans quoi sont engagés Le Monde: le maintien de leur pouvoir, de leur emprise morale sur le peuple français, perpétuer la dictature bienpensante au pouvoir depuis ~48 ans. Pour cela on rend tout sujet binaire: le bien contre le mal. Et on classifie tous les opposants idéologicopolitiques dans le camp du mal.

    Et cela fonctionne. Sociologiquement et idéologiquement les bienpensants possèdent les principaux instruments de pouvoir: TV,presse,justice,législatif,exécutif.

  7. Ce qui est curieux c’est que ces petits commissaires politiques subventionnés n’aient pas, ou pas encore, reussi à amalgamer les positions soit-disant pro-russe avec les catholiques ou le clergé. Ils ramollissent.

  8. La prochaine étape de l’épuration consistera peut-être pour Le Monde à publier des listes nominatives des auditeurs de Sud Radio, des téléspectateurs de CNews, des lecteurs de Valeurs Actuelles en appelant à leur ôter la qualité de citoyens …

  9. pourquoi suis je plus que souvent en accord avec les médias signalés comme néfastes par le journal « le monde » ? il y a fort longtemps ce média était lu dans toutes les ambassades de France et son honnêteté journalistique reconnue…..que reste t il de ce temps ? aujourd’hui ce canard gauchiste n’est plus qu’un canard nauséabond qui colporte des propos progressistes, mensongers et fait la part belle aux ennemis du pays.

    • C’est bon signe, cela veut dire que vous comprenez que notre pays ne va pas bien, et que Le Monde et compères en sont responsables.

    • Il fût un temps, celui de ma jeunesse, ou ce journal décorait les nappes diplomatiques, il a rejoint depuis le placard des torchons et des serviettes.

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