La silhouette présidentielle : de Jupiter à Louis VI le Gros

macron 18 juin 2020

Après avoir victorieusement combattu le terrible virus mortel du Covid-19, notre bon maître a, semble-t-il, repris des forces et du dessert à la cantine. Le magazine Challenges, en pointe sur les sujets brûlants, nous apprend ainsi, le 18 février, que le Président a grossi de quelques kilos. La nouvelle est confirmée par des proches de l'Élysée, qui trouvent que ces kilos lui donnent « de la densité, de la maturité ».

Cette excuse un peu faible, d'ordinaire réservée aux quinquagénaires bedonnants qui se trouvent « rassurants », est heureusement rattrapée par le rigoureux travail d'investigation du magazine Gala sur le même sujet.

Gala sait tout des goûts culinaires du monarque : blanquette de veau, bien sûr (clin d'œil involontaire à l'ouvrage de Gabrielle Cluzel, Enracinés, sur la bourgeoisie-blanquette de veau), mais aussi « quelques plats plus régressifs », apprend-on avec délices, comme le cordon bleu-coquillettes, qui doit lui rappeler ses premiers dîners en amoureux.

La première dame, à ce propos, veille sur l'équilibre du régime présidentiel avec un soin jaloux, que Laurent Gerra aurait pu inventer (« Emmanuel, je t'ai déjà dit cent fois de manger cinq fruits et légumes par jour... »).

Eh bien, voyez-vous, amis lecteurs, on pourrait se moquer de tout cela, se dire qu'on a les people qu'on mérite. Pour autant, essayons d'en tirer un enseignement symbolique. Il s'agit peut-être d'un retour aux symboles médiévaux, aux gros rois éclatants de santé vermeille, aux peuples faméliques qui grondent silencieusement, aux villages coupés du monde et attendant les discutables ragots du colporteur (désormais installé dans leur salon sous forme d'écran). On n'imagine pas notre Jupiter faire craquer des os de biche sous ses molaires dans d'interminables festins, mais on imagine assez bien les forêts peuplées de malandrins, les seigneurs locaux pas toujours exemplaires, l'illettrisme comme norme, la peur panique de la peste - en somme, tout le Moyen Âge noirci qu'on nous décrit méchamment dans les manuels scolaires.

Alors, bon appétit, cher Président, puisque, dans un pays qui redevient pauvre, le luxe des castes puissantes est redevenu (comme en Afrique) d'avoir quelques kilos en trop ! Passez le message à Brigitte : son objectif est de devenir une Vénus de Botticelli.

De la densité, que ça donne, il paraît.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

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