La droite risque le big bang après l’élection présidentielle

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Les trois grands candidats de la droite jettent leurs dernières forces dans la bataille. Marine Le Pen, Éric Zemmour et Valérie Pécresse entament les derniers jours de cette course de fond. Valérie Pécresse a rassemblé, dimanche, 5.000 militants à la porte de Versailles, soutenue par de nombreux leaders de la droite. Éric Zemmour était, samedi, dans les Bouches-du-Rhône, sur les terres du RN et de LR : il maintient jusqu’au bout sa stratégie entre ces deux pôles. Marine Le Pen était, vendredi matin, sur le marché d’Haguenau, en Alsace, sur des terres favorables au vote RN. Un voyage confortable : Marine Le Pen joue en défense, car l’écart avec ses poursuivants de droite est maintenant trop important pour espérer changer radicalement la donne.

Pour les trois candidats, il y a désormais quelque chose d’un peu artificiel et factice : ce sont les dernières minutes du match. Ils savent tous les trois qu’on ne retourne pas une situation en une semaine, sauf événement exceptionnel. Le constat s’impose donc : le paysage électoral de la droite a changé au cours de la campagne. Certes, le total des intentions de vote à droite est resté stable. Début février, voilà deux mois, les trois mêmes candidats, Marine Le Pen, Éric Zemmour et Valérie Pécresse, cumulaient ensemble 45 % des voix, selon Ipsos Sopra Steria. Aujourd’hui, à moins d’une semaine des présidentielles, le cumul des intentions de vote de ces trois candidats a baissé, on est à 41,5 %, il manque 3,5 points.

Mais là où le paysage a vraiment éclaté, c’est à l’intérieur de la droite. On a assisté, durant la campagne, à une course de relais. Valérie Pécresse a tenu le leadership de la famille au sortir des primaires LR. Zemmour a frôlé ce leadership après un début de campagne éclair. Mais aujourd’hui, au moment le plus important, quand les votes se cristallisent, Marine Le Pen est installée au-dessus de la barre des 20 % avec autant d’intentions de vote que les deux autres candidats de droite réunis. C’est un incontestable succès pour sa stratégie du « bloc populaire » contre le « bloc élitaire » d’Emmanuel Macron. Résultat : la droite risque le big bang après l'élection présidentielle. Chez Éric Zemmour, il y a déjà des amertumes, notamment chez ceux qui ont quitté le RN en espérant l’emporter dans un parti neuf en pleine dynamique et qui promettait de renverser la table. Il y aura des lendemains qui déchantent. Mais le parti de Zemmour et ses cadres auront un avenir électoral, notamment aux législatives, s’ils nouent des alliances avec le RN. Au sein des LR, ce n’est plus une explosion, c’est la désintégration qui menace. Beaucoup de tendances, de chapelles et d’ambitions s’entrechoquent pour un potentiel électoral réduit. Trouver un espace pour LR est une gageure de plus en plus difficile. On peut prévoir des explications, des ralliements à Macron - Éric Woerth a ouvert la voie - et sans doute aussi des ralliements à Marine Le Pen.

Pour la candidate du RN, le ciel se dégage, c’est la seule gagnante à droite. Elle est assurée d’être au second tour, sauf surprise de taille, car l’écart avec Mélenchon est important. Et au second tour, l’écart avec Macron se resserre à 53 % contre 47 %, dans le sondage CNews de ce 4 avril. C’est 13 points de plus que ses scores d’il y a cinq ans (66,1 % pour Macron au second tour de 2017, contre 33,9 % pour Marine Le Pen). Sur le papier et à ce stade, l’écart de six points entre les deux candidats au second tour reste important. Mais quelque chose a changé : l’accès au pouvoir paraît improbable mais pas impossible. Marine Le Pen y croit. Pour combler ces quelques points, elle pêche à gauche de l’échiquier politique.

Sa réaction sur Twitter après le meeting d’Emmanuel Macron, ce week-end, était à cet égard parlant : « Macron a financé l’ISF en taxant l’électricité, le carburant, le gaz et le fioul. » L’impôt sur la grande fortune (ISF), c’est le totem du mal pour la gauche. En une phrase, elle fait le lien entre le pouvoir d’achat et l’ISF. Une stratégie de deuxième tour. Car, une fois passé le premier tour, c’est bien à l’extrême gauche, chez un Jean-Luc Mélenchon qui plafonne assez haut (14 %), que se situera la réserve de voix. En attendant, le résultat de la présidentielle risque de casser un peu de vaisselle chez Zemmour et Pécresse entre les deux tours et surtout après le deuxième tour, quand on comptera les points. La question, c’est donc de savoir si Marine Le Pen saura recoller cette droite en morceaux à son avantage et autour d’elle… Et cela, c’est loin d’être acquis.

Marc Baudriller
Marc Baudriller
Directeur adjoint de la rédaction de BV, éditorialiste

Vos commentaires

63 commentaires

  1. Si Zemmour Reconquête n’est pas élu ce sera la France dissoute dans l’UE sans possibilité de Référendum tel que Zemmour le propose. MLP RN est prise en tenailles entre la Gauche et la Droite, un peu la débitrice de la franc maçonnerie mondialiste, sans oublier qu’elle a perdu 2 fois l’élection. MLP fait partie du « système ». Le Parlement français va être de plus en plus sous les décisions de l’U.E., donc à limiter notre démocratie.

  2. RN et LR c’est la carpe et le lapin. Le ralliement de LR à Macron a été acté, avant même le premier tour. Quelques élus râleront pour le principe (on appelle ça faire son Darmanin), mais ne refuseront pas une investiture.

    Les militants de Z auront le même problème que les éléphants du PS en 2017 : ils voudront aller chez Macron, qui ne voudra pas d’eux, et iront pourrir le RN en le poussant à adopter la ligne Macron, sans les aspects gauchistes.

  3. Que de temps aura été passé à commenter des sondages orientés qui ne tiennent pas compte des abstentionnistes et des nombreux indécis…

  4. D’accord. En 2017 les sondages de la quinzaine d’avant 1er tour ont donné le score à 1% près. Les vrais Français veulent l’Union de tous pour la France. A MLP de la faire en laissant une place à chacun. Elle a laissé entendre que ce serait sa stratégie (elle a même mentionné Montebourg qui n’avait pas démérité mais trahi par Hollande sur indispensable protectionnisme.

    • Pour certains la vie s’arrête en 2017 … Avec MLP c’est la défaite assurée, même avec des progrès sur son débat de l’époque ( 2017 puisque c’est une annee charnière pour vous ) elle ne tient pas la route.

      • Rien que ça !! Je ne veux voir qu’une tête derrière Marine c’est ça ? Bein non, moi ç’est Zemmour au 1er tour et ça malgré les sondages.

  5. Il faudra jouer les législatives, que Macron s’il est réélu, n’ait pas la majorité à l’assemblée, c’est faisable.

  6. 1 semaine… il peut s’en passer des choses dans ce laps de temps, imaginons :
    – que les français percutent que les US gouvernent la France à travers mckinsey
    – que la vérité sur le patrimoine de micron génére le raz de marée que l’affaire semble mériter
    – que sur l’Ukraine tous les mensonges que Jupiter enterine dans la seconde soient enfin révélés comme une mise en scène de zelansky
    – que le flop du covid reveille les consciences
    Les français peuvent imaginer… ils peuvent virer macron

    • Tous ces points conforteraient MLP. J’ai toujours dit que Zemmour n’avait pas la carrure. Le Menhir aussi d’ailleurs.

  7. L’analyse de M. Baudriller me semble juste. Les Législatives offrent la chance de créer une union du RN et Reconquête. MLP et EZ devraient faire campagne ensemble. C’est possible si les deux mettent l’intéret des citoyens en premier. Je rêve?

    • Si l’union n’a pu se faire pour la présidentielle , elle ne se fera pas non plus pour les législatives , il y a de l’antagonisme entre les deux , des accords seront possibles par endroits mais rien de plus et une fois de plus faute d’avoir gagné la présidence , nous serons encore les cocus pour les députés .

  8. Depuis le début de la campagne et même avant le totaux des intentions de votes pour le pen Zemmour et Dupont aignant est de 34%. Cela ne vous rappelle rien. C’est le score de le pen au second tour de 2017. De plus , les électeurs du RN ne votent plus depuis cinq ans. Peut-être changeront ils avis cette élection.

  9. Vous êtes beaucoup trop pessimiste Monsieur. Moi et mon entourage y croyons, car Eric Zemmour est le seul à sauver la France.

    • je ne l’ai pas attendu. Parler est plus aisé que de conquérir et de conserver des mairies. il faut s’allier et parfois manger son chapeau, hélas, trois fois.

  10. Mais qui croit encore aux sondages ?
    Avez vous fait l’historique des résultats après vote ?
    Et n’avez-vous pas remarqué que nous arrivons à la configuration Macron vs Le Pen, souhaitée depuis toujours par le premier. Un hasard probablement…
    Alors, arrêtez donc de nous faire perdre notre temps et de gaspiller le votre.
    Les sondages sont fait pour qui les paie.

  11. Comme une pendule arrêtée donne l’heure juste deux fois par jour, les sondages auront forcément donné le score exacte de chaque candidat de droite entre 20 % et 10 % tout au long de cette année écoulée. Si on ajoute la difficile évaluation de l’abstention, l’incertitude est grande. Encore un peu de patience, il faudra peut être réécrire toutes les analyses politiques.

  12. Ça c’est quand on croit mordicus dans les sondages !! N’oubliez pas les « nombreuses » erreurs et les tentatives de manipulation… je vous trouve bien défaitiste Mr Baudriller. Regardons pas plus loin que la Hongrie il y a 2 jours !! Soit disant Orbán au coude à coude avec ses opposants , résultat Orbān élu dans un fauteuil.

    • En 2017 les sondages de la quinzaine d’avant 1er tour ont donné le score à 1% de différence. Vous êtes en retard : on est pas dans un PSG/OM mais dans l’Union de tous pour la France

      • Encore un qui pense que 2017 fait la règle !! Ouvrez votre champ de vision, on parle des dernières élections ou le RN devait tout casser ? Pour la fin de votre message ça fait un peu joueur de violon.

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