Julien Bayou, candidat EELV aux régionales, part en guerre contre les vieux, les fachos et les chasseurs !

Julien Bayou

Julien Bayou, secrétaire national d’EELV et tête de liste aux élections régionales d’Île-de-France, vient encore de faire des siennes. On ne devrait jamais laisser aux enfants le loisir de jouer avec les allumettes ; surtout près du feu médiatique. La preuve en est sa dernière campagne sur Internet, le 23 avril dernier.

Là, il tire la sonnette d’alarme, prévenant que les « chasseurs », les « fachos » et les « boomers », « eux, ont prévu d’aller voter ». Pour résumer, les « boomers » en question sont les Français globalement nés entre 1945 et 1965, coupables d’avoir dépensé sans compter tout en se prévoyant de confortables retraites aux dépens des jeunes générations ; ce qui, par ailleurs n’est pas tout à fait faux.

Exemple emblématique de « boomer » ? Daniel Cohn-Bendit. Et c’est là que cette harangue coince un peu, surtout auprès de cette génération de croulants ayant enfanté le même Julien Bayou.

Damien Pernet, secrétaire général de l’Union des familles laïques : « On avait compris qu’EELV ferait campagne contre la laïcité. On comprend maintenant qu’ils la font aussi contre les retraités et les ruraux. Chez eux, seule l’écriture est inclusive. » Dans la même veine, l’écologiste Myriam Cau : « C’est très maladroit, Julien. Je suis boomer [ou boomeuse, si ce n’est boumère, NDLR], mais quand même, et mes parents le sont. Tu stigmatises ainsi l’électorat écolo qui se déplace pour aller voter en l’assimilant, suprême insulte, aux chasseurs. » Pauvres chasseurs qui, eux, ne demandaient rien à personne…

Devant la levée de boucliers, Julien Bayou envoie alors un nouveau tweet, très légèrement modifié : « Pour défendre leurs intérêts, les chasseurs, les boomers et tous les autres iront voter en juin prochain. Et pour défendre le climat, est-ce que vous, vous pourrez voter ? » C’est d’ailleurs là que ça coince encore. Car ce n’est pas qu’on leur interdise d’aller aux urnes, à ces pauvres choux, c’est qu’ils ne sont même pas sûrs d’avoir leur carte d’électeur. On sent les filles à la vanille et les gars au chocolat bien impliqués au niveau du combat citoyen : entre sauver la planète ou jouer à Candy Crush, le cœur balance. D’où le conseil de notre rebelle en herbe : « Pour pouvoir voter pour le climat, vérifiez votre inscription sur les listes électorales. » Si l’on avait l’esprit mal tourné, on en conclurait que ceux qui n’apporteraient pas leurs suffrages à EELV voteraient, de fait, contre le climat ; mais ce serait apporter une nuance dans le débat. Ce qui est de plus en plus risqué, par les temps qui courent.

En attendant, le gentil Juju admet que « le visuel boomers était maladroit et blessant. Nous l’avons immédiatement retiré. […] Toutes les générations ont vocation à être la génération climat. » « Génération climat » ? Est-ce à dire que l’avenir politique réservé aux nouvelles générations consistera à présenter la météo, à se féliciter de la pluie et à maudire le soleil. Ou l’inverse, qui sait…

On notera que ce n’est pas la première fois que Julien Bayou se risque à rétropédaler sur sa trottinette électrique. En novembre 2020, déjà, à l’occasion d’une manifestation contre la « loi de sécurité globale », il s’indigne à la fois contre « les violences policières » tout en condamnant « le lynchage d’un policier ». Audace qui lui vaut les récriminations de l’afro-féministe Amandine Gay, qui lui signifie que le terme de « lynchage » ne peut être utilisé que pour « des personnes noires ».

À propos d’insécurité, glissons ce possible argument de campagne à notre cher Julien, aujourd’hui manifestement à la peine : chaque année, les faits divers surviennent de plus en plus tôt, en été. Si ce n’est pas la preuve du réchauffement climatique, moi aussi, je veux bien être pendu. Quoique, pour l’instant, c'est surtout le climat intellectuel qui se dégrade.

Nicolas Gauthier
Nicolas Gauthier
Journaliste à BV, écrivain

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