Jean-Paul Brighelli : « La gauche, c’est ne pas s’en prendre aux familles sous prétexte que leurs rejetons font pis que pendre »

Jean-Michel Blanquer renonce au projet de suspendre les allocations familiales pour les familles d'élèves se rendant coupables de violences à l'école. Réaction de Jean-Paul Brighelli.

Il y a quelques mois, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avait avancé l’idée de suspendre les allocations familiales pour les familles d’élèves se rendant coupables de violences à l’école. Ce projet, qui avait beaucoup séduit l’opinion, a été abandonné. Pensez-vous que c’est une bonne nouvelle pour l’école ?

J’avais moi-même, dans un article pour Valeurs actuelles, fait cette proposition, avant que Jean-Michel Blanquer en parle. C’est une proposition assez ancienne. Il me semble que le premier à avoir évoqué cette possibilité est Éric Ciotti, il y a deux ou trois ans.
Le problème n’est pas Jean-Michel Blanquer, mais La République en marche. Lorsqu’on est dans le "centrisme totalitaire", comme dit Natacha Polony, on est obligé de composer avec sa droite et sa gauche. De temps en temps, on essaie de satisfaire la droite des marcheurs et, de temps en temps, on essaie de satisfaire la gauche des marcheurs. Le député Taché compare le voile islamique et le serre-tête que portent les petites catholiques des collèges bien-pensants. La gauche, c’est également ne pas s’en prendre aux familles sous prétexte que les rejetons font pis que pendre. Je vous rappelle que tout cela était sorti d’un mouvement d’enseignants qui en avaient ras le bol de se faire braquer. J’avais, moi-même, proposé que l’on frappe à la caisse, c’est-à-dire en supprimant la prime de rentrée, qui s’élève rapidement selon le nombre d’enfants que l’on a, et de supprimer les allocations familiales ou de dire qu’à la prochaine incartade, elles seront supprimées.

Cette idée s’est heurtée au dogmatisme égalitariste de la gauche…

Les Républicains en marche (si je puis dire) sont formés, pour moitié, d’opportunisme de droite et, pour moitié, d’opportunisme de gauche. Il faut de temps en temps plaire aux uns en supprimant, par exemple, l’ISF ou faire des réformes fiscales, et plaire aux autres en faisant des réformes sociales.

Ne pensez-vous pas que ce projet a aussi bien pu être bloqué au sein même de l’Éducation nationale, qu’on sait encore habitée par une certaine gauche militante ?

J’ai peur que les syndicats enseignants et les associations de parents d’élèves n’aient toujours pas compris. La séparation n’est plus entre gauche et droite, mais entre le haut et le bas. Ils continuent à faire la promotion d’un certain aspect social sans comprendre un seul instant que l’adversaire se situe dans l’oligarchie qui est au sommet et pas du tout à droite ou à gauche. Ce n’est pas tenir un discours particulièrement original que de dire cela. C’est une évidence. Il est évident que les associations de parents d’élèves hésitent à laisser un ministre frapper à la caisse. Je pense que Blanquer en avait tout à fait envie et avait tout à fait compris que c’était la bonne solution. Mais il est obligé de composer avec la majorité qui le soutient. Si jamais, demain, il se retrouvait Premier ministre, il serait encore plus amené à faire des concessions.

Le syndicat SUD Éducation du 93 propose un stage contre "l’école raciste". Il paraît difficile d’avoir de telles mesures lorsqu’on voit à quoi sont rendus certains syndicats de parents d’élèves...

C’est tout le problème des réunions "racisées". Il va falloir être clair. Un certain nombre d’organisations et de partis, comme Les Indigènes de la République, entretiennent un discours racial et, à terme, raciste. Ce sont des organisations qu’il faudrait dissoudre d’une façon extrêmement autoritaire. Mais je n’attends pas de ce gouvernement qu’il prenne des mesures autoritaires à ce niveau.
Je rappelle que le mot "race", parce qu’il n’est pas fonctionnel d’un point de vue ethnographique, est quasiment interdit en France. Pourtant, les descendants d’immigrés, ceux qui sont colorés de telle ou telle manière - et je trouve cela répugnant -, se targuent du mot "race" pour se désigner.
Il est, d’ailleurs, assez intéressant de constater que cela n’englobe pas les gens qui viennent d’Extrême-Orient. Ils doivent probablement être, eux aussi, considérés comme de sous-colonisateurs...
On est dans une période absolument aberrante où certains syndicats enseignants sont capables d’appuyer, au nom du prolétarianisme dont ils ne sont toujours pas sortis, des revendications qui légitiment le voile, l’excision, tous les séparatismes et tous les communautarismes. Ces gens me font dégueuler !

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 13/03/2019 à 9:54.
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Jean-Paul Brighelli
Enseignant et essayiste

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