À l'approche des fêtes de Pâques, Jean-Frédéric Poisson, président du parti VIA la voie du peuple, a déposé un mémoire en référé-liberté devant le Conseil d'État pour atteinte à la liberté de culte.

Il en explique les raisons au micro de Boulevard Voltaire et dénonce « un délire totalitaire de certains gouvernants ».

Au nom du parti VIA que vous présidez, vous avez déposé un mémoire en référé-liberté devant le Conseil d’État pour atteinte à la liberté de culte. Pourquoi cette initiative dans la mesure où les lieux de culte n’ont pas été fermés dans les territoires concernés par le confinement ?

Le problème n’est pas le confinement mais le couvre-feu. En effet, le fait que le couvre-feu soit actif partout en France à partir de 19 heures va empêcher de très nombreux chrétiens d’assister aux offices de la Semaine sainte, particulièrement celui du Jeudi saint et du Vendredi saint. Dans la mesure où ils devront être célébrés et se terminer avant 19 heures, tous ceux qui travaillent ne pourront pas y assister. Il nous paraît légitime, par respect pour la liberté fondamentale des travailleurs qui voudraient assister à ces offices, qu’ils puissent être célébrés au-delà de la limite du couvre-feu. J’observe d’ailleurs qu’au moment de Noël, le gouvernement avait accepté des dérogations pour que puissent être célébrés les offices de la nuit de Noël, au-delà de l’heure du couvre-feu. Par conséquent, nous demandons à l’État d’appliquer pour la Semaine sainte les mêmes dispositions que celles qu’il avait acceptées pour les offices de Noël. Cela ne posait pas de problèmes à l’époque, donc cela ne devrait pas en poser davantage aujourd’hui.

On pourrait vous rétorquer qu’au moment de Noël, la situation sanitaire était moins tendue que ce qu’elle est maintenant.

Les clusters sont dans les restaurants scolaires, les restaurants d’entreprise et dans les lieux dans lesquels il est extrêmement compliqué de respecter les règles sanitaires imposées par l’épidémie. Personne n’a démontré que les offices religieux qui se tiennent tous les jours en France, et particulièrement tous les dimanches pour les chrétiens, de même que pour les musulmans tous les vendredis et les autres, il n’y a pas eu de constat que les célébrations religieuses et les modalités selon lesquelles elles sont célébrées n’avaient provoqué une quelconque accélération de l’épidémie. Il n’y a donc pas de raison qu’à l’occasion de la Semaine sainte, il en soit autrement. J’ajoute que les chrétiens en France sont comme les autres Français, c’est-à-dire des gens responsables. Ils n’ont pas plus envie que quiconque de tomber malades. À chaque fois que je vais à l’office, je constate que les règles sanitaires sont respectées comme il le faut. Je comprends l’inquiétude que cette objection suscite, mais la réponse repose encore une fois sur la confiance que l’on doit faire aux citoyens.

Le ministre Marlène Schiappa s’est exprimé sur LCI. Elle a déclaré, dans le cadre des débats concernant la mosquée de Strasbourg, que, selon elle, tous les cultes qui signeraient la charte de la laïcité s’engageraient, dans les prêches, à parler de l’homosexualité de manière positive. Cette situation est assez complexe puisque l’intégralité des religions monothéistes condamne le mariage homosexuel en tant que tel. Qu’est-ce que cela révèle de cette relation de plus en plus complexe entre la République et les religions ?

C’est un élément de preuve supplémentaire du délire totalitaire dans lequel sont engagés un certain nombre de nos gouvernants. Ils n’acceptent pas l’idée qu’il puisse y avoir un bout de notre conscience qui échappe à l’autorité républicaine. Elle est dans la droite ligne de son ministre de tutelle. Lorsque M. Darmanin déclarait, il y a quelques jours, qu’il refusait de discuter avec les gens qui considèrent que la loi de Dieu est supérieure à la loi de la République, j’ai envie de lui demander ce qu’il comprend par « supérieure ».

Cette idée qu’il y a forcément une hiérarchie entre les deux est contraire à la notion même de la liberté. Elle est contraire à la liberté de conscience. Elle est contraire à la liberté religieuse. Cette position de Marlène Schiappa est un délire de plus qui montre bien que ce gouvernement ne comprend pas que lorsque la loi de la République a envie de légaliser l’euthanasie, moi, à la fois comme philosophe, comme citoyen et comme croyant, je ne veux pas que l’euthanasie soit un bien fédéral pour l’humanité. Personne ne peut m’empêcher de croire que, sous ce rapport, la loi de Dieu en laquelle je crois qui me demande respecter la vie humaine est largement supérieure à la loi de la République. Je suis désolé de dire à tous les responsables exécutifs aujourd’hui en place qu’ils pourront faire ce qu’ils veulent, jamais, dans l’esprit d’un croyant, la loi de la République ne remplacera la loi de Dieu, que cela leur plaise ou non. Le fait qu’ils veuillent contraindre les gens qu’il en soit autrement est une atteinte très grave à notre liberté de conscience.

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25 mars 2021 à 19:55

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