Merkel demande pardon : on n’« annule » pas impunément la fête de Pâques !

Merkel

« Une erreur doit être appelée une erreur et, plus important encore, elle doit être corrigée et si possible à temps. Je sais que cette proposition a provoqué une incertitude supplémentaire, je le regrette profondément et pour cela je demande pardon à tous les citoyens. »

Que s’est-il donc passé pour qu’Angela Merkel, la dame de fer d’outre-Rhin, s’adresse ainsi à ses compatriotes ?

Empêtrée comme la France ou l’Italie dans les ratés de la vaccination de masse, et face au rebond de l’épidémie, Angela Merkel avait envisagé l’idée d’un confinement strict du Jeudi saint au lundi de Pâques compris. Tout devait fermer, entreprises, commerces, écoles et… églises, en ce week-end pascal.

Les chrétiens étaient autorisés à fêter la résurrection du Christ chez eux, devant leur ordinateur, avec la sensation désespérante, humiliante et rageante que leurs libertés fondamentales étaient à nouveau jugées non essentielles et que l’on revenait un an en arrière.

Cette décision prise avec les présidents des 16 Länder n’a pas fait long feu, ayant provoqué un tollé dans l’opinion publique : une décision prise dans l’affolement, sans concertation avec le monde économique ni avec l’Église : « Pas de plan, pas d’imagination, stupide », peut-on lire dans le quotidien Die Welt. En termes d’organisation du travail et de paiement des salaires comme en manques à gagner pour les commerçants, la facture aurait été trop salée. Sans compter que voir un parti aux origines chrétiennes-démocrates rayer d’un trait de plume la célébration de la fête de Pâques a choqué plus d’un conservateur allemand : cette décision révèle d’ailleurs, en creux, la dérive d’inspiration sociale-démocrate d’une formation politique qui n’a plus de chrétien que le nom.

Angela Merkel a donc fait marche arrière dès mercredi.

Est-ce à dire que la chancelière a pris brutalement conscience du ras-le-bol généralisé du peuple allemand ? Il est vrai que la contestation gronde, en Allemagne : depuis plusieurs mois, des manifestations contre les restrictions sanitaires ont eu lieu et, le week-end dernier, juste avant la décision de ce confinement pascal, plusieurs villes d’Allemagne, dont celle de Cassel, ont vu s’affronter violemment opposants et forces de l’ordre. La tension sociale commence donc à monter sérieusement, en Allemagne comme ailleurs en Europe. Des manifestations se sont déroulées en France, le week-end dernier, mais aussi à Londres, en Bulgarie, en Autriche.

Mais il serait bien naïf de ne voir dans ce revirement qu’une marque de sollicitude envers le peuple allemand.

Angela Merkel voit approcher la fin de son règne et celui-ci est peu glorieux. Pis, comme le dit le spécialiste de l’Allemagne Édouard Husson dans Le Courrier des stratèges, « alors que la succession de Madame Merkel devait être "un long fleuve tranquille", les deux prétendants, Armin Laschet, ministre-président de Rhénanie du Nord-Westphalie, et Markus Söder, ministre-président bavarois, commencent à être inquiets. Et ceci, d’autant plus qu’ils sont eux-même partie prenante de la décision de reconfinement. »

Les élections fédérales allemandes pour le renouvellement du Bundestag ont lieu en septembre : or, comme nous l’apprend Le Figaro, un sondage, mercredi matin, de l’institut Forsa donnait la CDU-CSU à 26 % d’intentions de vote, soit une chute de onze points en un mois et demi.

Comme le rappelle Édouard Husson, à ce bilan de gestion de crise sanitaire s’ajoutent, pour Angela Merkel, « la désastreuse sortie de l’énergie nucléaire en 2011, l’absence de leadership sur l’Union européenne […] et la catastrophique ouverture des frontières à un million de migrants entre septembre et décembre 2016 ».

Le modèle allemand, tant vanté, a vécu, et l’heure du bilan approche.

Comme pour Emmanuel Macron en 2022.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

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