
Selon une enquête IFOP, effectuée pour la revue Écran de veille, les électeurs des banlieues populaires qui ont l'intention de se rendre aux urnes voteraient à 22 % pour Marine Le Pen et 20 % pour Jean-Luc Mélenchon. Viendraient ensuite Emmanuel Macron (15 %), Valérie Pécresse (14 %) et Éric Zemmour (12 %). Yannick Jadot, Anne Hidalgo et Fabien Roussel végéteraient, chacun, aux environs de 5 %. Voilà qui semble confirmer l'implantation grandissante de la candidate du Rassemblement national – et de la droite en général – dans les banlieues dites « populaires ».
On aurait tort de croire que ce sont ses seules positions sur l'immigration et la sécurité qui expliquent le succès de Marine Le Pen. L'IFOP précise, en effet, que son étude ne s'est pas limitée aux quartiers à forte concentration d'immigrés mais porte sur les banlieues pauvres, en se fondant sur le revenu annuel médian par habitant. Les milieux populaires sont apparemment sensibles à l'intérêt réel de cette candidate pour les questions sociales et le pouvoir d'achat. Du reste, il n'est pas impossible qu'une partie des Français d'origine immigrée se tourne également vers elle.
À l'exception de Jean-Luc Mélenchon, notamment dans les quartiers prioritaires des villes, les autres candidats de gauche se sont coupés des classes qu'ils sont censés défendre. Les Verts et les socialistes, sauf exception, ne les représentent plus : quand ils ne se sont pas boboïsés, leur idéologie les a éloignés des préoccupations du peuple. Le Parti communiste lui-même, malgré les efforts de Fabien Roussel, peine à attirer des électeurs. Les gauches, toutes confondues, obtiennent 36 % des voix, contre 54 % en 2012 : en dix ans, la banlieue rouge vire au bleu marine.
Valérie Pécresse et Éric Zemmour obtiennent un score médiocre avec, respectivement, 14 % et 12 %. La candidate LR paraît trop bourgeoise, affichant une sorte de snobisme et un sentiment de supériorité sur sa rivale, qui ne passe guère en dehors de son milieu. Éric Zemmour a les défauts de ses qualités. Intellectuel avant tout, il témoigne, à l'égard de Marine Le Pen, un mépris qui le dessert plus qu'il ne le sert. Notons, cependant, que les trois candidats que la bien-pensance qualifie d'extrême droite pour les discréditer (Marine Le Pen, Éric Zemmour et Nicolas Dupont-Aignan) récoltent, ensemble, 35 % des intentions de vote.
Tout candidat à la présidence de la République devrait s'assigner l'objectif de sortir de la lutte des classes ou du mépris de classe pour chercher à réunir tous les Français. Les partis soi-disant « de gouvernement », à droite comme à gauche, ont tendance à ne rassembler que ceux qui leur ressemblent. Éric Zemmour, à tort ou à raison, estime pouvoir, mieux que Marine Le Pen, effectuer l'union des droites mais ne suscite guère l'adhésion des milieux populaires, ce que réussit sa rivale. Tous deux sont complémentaires et auraient, ensemble, les moyens de mettre Macron hors jeu et de réconcilier la France avec elle-même.
21 janvier 2022
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