En Allemagne, l’aile populiste du parti post-communiste se réveille

Alors que les deux partis politiques allemands anti-système, le parti post-communiste Die Linke (« La Gauche ») et le parti patriotique Alternative für Deutschland (« Alternative pour l’Allemagne » - AfD), sont en mauvaise forme dans les sondages, l’aile populiste de Die Linke, dont la figure de proue est Sahra Wagenknecht, s’agite à nouveau.

Après la création, en 2018, d’Aufstehen (« Se lever/Debout »), un mouvement qui vise à ramener la gauche vers la réalité des travailleurs soumis à la concurrence engendrée par l’arrivée massive de sous-prolétaires étrangers précarisés, et l’échec subi par cette structure, l’Aufruf für eine populäre Linke (« Appel pour une gauche populaire ») voit le jour. Il réclame le retour du parti vers le « cœur » de ses compétences et estime que celui-ci doit s’engager pour la majorité de la population, parmi laquelle figurent les travailleurs, les familles, les retraités et les personnes défavorisées, et ne doit pas se réduire à sermonner le peuple, en ciblant les individus au mode de vie simple ou traditionnel, depuis les hauteurs de la gauche bourgeoise.

L’objectif d’Aufruf für eine populäre Linke n’est pas de créer des tensions au sein du parti mais de le régénérer en se posant en « gauche populaire ». La survie de Die Linke est, selon les membres signataires de l’appel, en jeu.

Sahra Wagenknecht (illustration) estime également que Die Linke doit s’engager tout particulièrement pour l’est de l’Allemagne, pour les régions abandonnées et secouées par des crises structurelles. Le parti doit aussi avoir pour vocation, selon elle, alors que la guerre fait rage en Ukraine et que le gouvernement allemand regroupant les sociaux-démocrates du SPD, les libéraux du FDP ainsi que les écologistes – ces derniers étant pourtant les héritiers des mouvements pacifistes de l’époque de la guerre froide – fournit des armes à l’Ukraine, être pacifiste et s’opposer systématiquement au réarmement.

Elle s’en était déjà pris, avant les élections législatives de 2021, au sein de son ouvrage intitulé Die Selbstgerechten (« Les bien-pensants »), aux bobos qui « ont perdu tout contact avec la réalité et ont personnellement été à peine au contact de la question sociale » et qui sont favorables aux frontières ouvertes et à l’arrivée massive de migrants, ce qui est, selon elle, irréaliste et ne peut que conduire à un effondrement des structures en Allemagne, tout en dénonçant le mouvement pro-migrants Unteilbar, ainsi que Black Lives Matter, qui s’oppose aux violences aux États-Unis contre les personnes noires, et l’agitation pour la protection climatique Fridays for Future comme « bien-pensants ».

Parmi les 80 personnes soutenant déjà l’appel figurent la coprésidente du groupe des élus de Die Linke à la Chambre des députés Amira Mohamed Ali et les députés Sevim Dağdelen et Andrej Hunko. Un site Internet permet de récolter des signatures en ligne. Le congrès en vue de renouveler la présidence doit se dérouler dans quelques semaines à Erfurt.

Sahra Wagenknecht a été réélue député en 2021 et son mari, Oskar Lafontaine, a quitté Die Linke en mars 2022 et mis fin à sa carrière politique en déclarant que cet organisme ne s’oppose plus à la précarité et à l’inégalité sociale.

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