Emmanuel Macron a « promis » de désengorger les urgences d’ici 2024…

macron

Combien de patients décédés car non pris en charge à temps dans les hôpitaux faudra-t-il encore supporter dans un pays dit développé ? En France, en 2023, on peut encore rester plusieurs jours à attendre aux urgences, et parfois jusqu'à en mourir. Ainsi, à Grenoble, en décembre dernier, une femme de 47 ans a été retrouvée morte dans les toilettes des urgences du CHU après avoir attendu un lit en psychiatrie trois jours durant, et en vain. Ce drame aurait dû provoquer une onde de choc, une véritable remise en question d’un système exsangue pour que cela ne se reproduise plus jamais. Mais encore faudrait-il réussir à résorber le nombre de passages aux urgences, qui ne fait qu'augmenter chaque année. Entre 1996 et 2019, ce nombre a plus que doublé, passant de 10,1 millions à 21,2 millions. C’est, malheureusement, dans le même hôpital isérois qu’un homme de 91 ans a, lui aussi, succombé aux urgences, ce 12 avril, après trois jours d’attente. Le plus scandaleux, dans cette morbide affaire, est-il qu’il n’ait pas pu dire adieu à sa famille ou que son pronostic vital n’était pas engagé au moment de son admission dans ce service surchargé ? Sans doute un peu les deux. Une nouvelle illustration d’une promesse non tenue du candidat Macron.

En pleine crise Covid en 2020, 5.700 lits d’hôpitaux étaient fermés, soit 17.900 depuis 2017, l’année de son premier quinquennat. Depuis, le fameux Ségur de la Santé et ses 19 milliards d'euros d'investissements sur cinq ans pour « améliorer la prise en charge des patients et le quotidien des soignants » n’auront servi que de saupoudrage sans parvenir à résoudre la crise du système hospitalier. Pour preuve cette enquête de la Fédération hospitalière de France, en juin 2022, indiquant que « la quasi-totalité (99 %) des établissements connaissent des difficultés de recrutement, de manière permanente ou ponctuelle ».

Paroles et paroles et paroles

Dès lors, pas étonnant que lorsque Emmanuel Macron promet, dans sa déclaration lundi soir, de « désengorger tous les services d'urgence » d’ici 2024, le Président le plus détesté des Français ne soit plus audible. Christophe Prudhomme, porte-parole de l’Association des médecins urgentistes de France (AMUF), confie sa lassitude« C’est un nouveau mensonge de sa part. Il nous ressert les mêmes discours qu’il y a plusieurs mois, mais la réalité ne colle pas à ses paroles incantatoires, ça ne fait que renforcer la colère. Aujourd’hui, on n’a plus les moyens d’assurer la sécurité des patients. » Pour Marc Noizet, président du syndicat Samu-Urgences de France, « l’objectif est inatteignable ». En attendant, des patients meurent de manque de soins et les soignants ne vont pas mieux. Quand ils ne sont pas épuisés, ils « ont honte, ils ont peur, parce qu'ils ne peuvent pas offrir ce qu'ils considèrent comme le minimum de soins à offrir aux patients » déplore Sara Fernandez, secrétaire générale de la CGT au CHU de Grenoble.

Interrogé par Apolline de Malherbe pour assurer le SAV de cette déclaration élyséenne jugée non convaincante, le ministre de la Santé François Braun a assuré que c’était « possible ». Puisque le Président n’a pas expliqué comment il allait s’y prendre, le ministre a dû s’armer de rames : « Il y a un panel de solutions à mettre en place, ce ne sera pas les mêmes partout », et a invité les Français à ne plus se rendre aux urgences systématiquement mais « dans le doute, on appelle le 15 qui est en train de devenir progressivement le service d'accès aux soins ». Avec un peu de chance, si la ligne téléphonique n’est pas débordée, un médecin au bout du fil vous indiquera si « l’urgence n’était pas très urgente ». Cette parodie des Inconnus ferait bien rire sur l’incongruité de la situation si l’heure n’était pas si grave.

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

59 commentaires

  1. Urgences CHU Grenoble : l’horreur donc confirmée ! Une amie entrée suite à un accident de ski s’est vue autorisée à uriner sur le brancard sur lequel elle attendait depuis plusieurs heures : pas de personnel ni de bassin disponible pour elle !!! Prétendus problèmes de budget ?! Et « en même temps », le maire écolo continue de favoriser l’immigration islamique qui coûte une fortune !

  2. Un professeur de médecine de mes amis m’a avoué, « ne vas surtout pas aux urgences de G. (une grande métropole), tu
    y risques ta vie « . Tout est dit. Entre une immense désorganisation, une pléthore d’administratifs, l’effet des 35h…. il vaut
    mieux éviter. Ce qui me rassure que c’est not’bon président et madame n’auront aucun pb pour être bien soignés et sans délai.

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