La discorde chez les LR
La Discorde chez l’ennemi : chez les LR, on devrait lire ou relire cet ouvrage rédigé en 1924 par le capitaine de Gaulle. Pour celui-ci, l’Allemagne devait principalement sa défaite à ses divisions internes. Ainsi, la désobéissance de von Kluck en 1914 permit, selon de Gaulle, à la France de gagner la bataille de la Marne. En 1918, le Reich emporta certes plusieurs victoires tactiques mais, démoralisé et dépourvu d’une véritable stratégie, il finit par être vaincu. N’est-ce pas un peu l’histoire des LR aujourd'hui ?
Des désobéissances – pire, des trahisons -, des victoires tactiques (qui lui permettent de rester le premier groupe d’opposition à l’Assemblée), ce parti, très lointain et, somme toute, assez indigne héritier du mouvement gaulliste, en a connu ces derniers mois. Tout comme une totale absence de stratégie générale et un moral que l’on ne peut pas qualifier d’inoxydable.
Et mardi après-midi, le vote qui a suivi le discours de politique générale du Premier ministre a parfaitement résumé la situation, tant tactique que stratégique, des LR. C’est ainsi que, parmi les députés LR « canal historique », 75 se sont abstenus, 23 ont voté contre la confiance au gouvernement et un pour (un député de Mayotte). Chez les fameux « Constructifs », on n’est déjà plus tout à fait d’accord sur la façon de construire l’opposition à Emmanuel Macron, puisque 23 députés se sont abstenus, 12 autres ont voté la confiance. Bref, dans tout ça, une chatte n’y retrouverait pas ses petits, et un général encore moins ses troupes. Mais y a-t-il un général ?
Du discours de Christian Jacob, président du groupe LR légitimiste, on retiendra surtout l’amertume à l’égard de son ancien petit camarade de jeu sur les bancs de l’Assemblée : "J’espère, mais je ne me fais pas beaucoup d’illusion, qu’il vous arrive, en vous regardant dans la glace, de songer à vos anciens collègues dont votre nomination a contribué à la perte." Physionomiste, Christian Jacob n’a pas dit « en vous rasant le matin », pour reprendre l’expression de leur ancien général en chef Sarkozy…
Édouard Philippe, qui n’est pas Foch, et Emmanuel Macron encore moins Poincaré ou Clemenceau, doivent donc garder la tête froide. Leur victoire n’est pas due à leur seul « génie » politique mais aussi à cette discorde chez l’adversaire qui est profonde et ancienne. L’armée LR, sans chef, sans objectif, sans stratégie, déboussolée, voit ses divisions, ses incohérences s’exacerber, s’accentuer dans cette serre qu’est l’Assemblée. Certains, comme tétanisés, subjugués par Macron, n’osent sans doute pas s’opposer car, il paraît – c’est la petite musique que nous jouent les commentateurs politiques sur les chaînes d’information depuis plusieurs jours -, ce serait faire de la politique politicienne, une politique dépassée, ringarde, has been. D’autres, comme Jacob, Goasguen, par exemple, en bons et vieux soldats fidèles, fourbissent leurs armes pour de prochaines escarmouches et embuscades en caponnière, histoire de faire le coup de feu et de se payer de temps en temps le scalp d’un sous-ministre macronien et d’en rire le soir à la veillée en évoquant le bon vieux temps où le général Sarkozy emportait de grandes batailles rangées. Pas de quoi gagner la guerre avec ça. Ont-ils au moins encore envie de la faire, la guerre ?
Et pourtant, les Français ne sont pour l’instant pas convaincus du génie de Macron et de son Premier ministre puisque, selon un sondage Harris Interactive réalisé pour RMC et Atlantico, un Français sur quatre seulement a été convaincu par leurs discours.
À la fin de son livre La Discorde chez l’ennemi, de Gaulle concluait par cette phrase : "À la guerre, il n’y a pas de système universel, mais seulement des circonstances et des exécutants." Les circonstances viendront. On attend les exécutants…
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