Dégradation de la santé mentale des jeunes, l’autre pandémie aux causes multiples

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Le bulletin mensuel (avril 2022) de Santé publique France évoque, chiffres alarmants à l’appui, la santé mentale de nos enfants et de nos adolescents : « Chez les 11-17 ans et les 18-24 ans, les passages (aux urgences) pour geste suicidaire, idées suicidaires et troubles de l’humeur se maintiennent à des niveaux élevés, comparables (pour les 11-14 ans) voire supérieurs (pour les 15-17 ans et les 18-24 ans) à ceux observés début 2021. »

Qui pour s’en étonner ?

Covid, confinement, enfermement social, chape de plomb et de peur posée sur la société, perte de l’insouciance enfantine, contraintes sanitaires insensées pour une population à l’abri de risque grave, tensions de toute la société, fractures générationnelles… On a déjà tout dit de ce lourd tribut payé par nos enfants, grevant leur développement psychique, leur croissance, leurs apprentissages. Leur conception de la vie et du rôle de l’adulte également. Comme l’écrivait Marie-Estelle Dupont, dans une tribune du FigaroVox (12 janvier) : « J'ai parfois la douloureuse impression que le pays est devenu une famille maltraitante à l'égard de ses mineurs, où le délire hypocondriaque d'un parent et l'hystérie de l'autre contribueraient à sacrifier l'enfance. On leur transmet la peur, la culpabilité, et la déshumanisation. » Bref, on ne peut s’épanouir et grandir heureux… cloîtré.

Ainsi, Richard Delorme, chef du service de pédopsychiatrie de l’hôpital Robert-Debré, à Paris, commentant pour Télérama ces chiffres, s’exclame : c’est « une situation assez catastrophique. On avait déjà constaté depuis septembre 2020 une accélération vraiment massive des tentatives de suicide et des passages aux urgences, puis les choses s’étaient maintenues, et on avait eu l’impression, cet été, que ça commençait à baisser un peu, et finalement non. La relation entre la crise sanitaire, les confinements et l’augmentation des tentatives de suicide paraissait d’une évidence quasi absolue. Mais je suis quand même extrêmement surpris d’une persistance aussi forte des tentatives de suicide et des idées suicidaires. »

Car le Covid et sa gestion calamiteuse ne sont pas les seuls en cause, même s’ils ont joué le sale rôle d’accélérateur de combustion. On dit souvent que l’enfant s’adapte à toutes les situations. Rien n’est moins vrai, l’enfant est un être essentiellement conservateur, il a besoin d’ordre, de cadre, de repères et de stabilité, en tout premier lieu au sein de son foyer, de sa famille. Or, celle-ci, le premier cocon, la première micro-société qu’il connaît, est depuis des décennies ridiculisée, moquée, attaquée, rongée sous les coups de boutoir du progressisme, dont les derniers avatars sont la transgression érigée en modèle, toujours plus loin dans la déconstruction.

Poussés au désespoir, certains enfants fragiles ne trouvent d’autre issue que la violence. Violence contre eux-mêmes - ces chiffres de suicides ou tentatives de suicides chez de très jeunes enfants sont effrayants - mais aussi contre les autres.

On nous dit que les violences dans les établissements repartent à la hausse : d’après le baromètre du climat scolaire 2021, on note une recrudescence de près de 20 % des actes commis par les élèves entre eux ou contre leurs enseignants (sources : CNews).

Dans cette tribune évoquée plus haut, Marie-Estelle Dupont analysait les effets de cette peur sanitaire sur les enfants : « On en fait des psychotiques désocialisés, des dépressifs, ou de futurs adultes violents. » Nous y sommes. Enfants suicidaires, enfants violents : ils ne sont que le triste miroir des défaillances des adultes et des fractures de notre société.

Marie d'Armagnac
Marie d'Armagnac
Journaliste à BV, spécialiste de l'international, écrivain

Vos commentaires

38 commentaires

  1. Nous avons eu le prétexte de la pandémie pour expliquer le mal-être des enfants et adolescents. On se demande comment faisaient les enfants dont les pères étaient au front ? Des psychologues se sont déversés, en même temps ça faisait bouillir la marmite. Or ce mal-être a précédé de longue date la crise et continue en s’ accentuant. Il serait temps de responsabiliser les parents qui ont démissionné de leur rôle éducatif, le laissant aux réseaux sociaux. Tout commence dans la famille.

  2. Les enfants sont traumatisés par les discours ambiants. C’est à nous adultes, de les réconforter et d’aller vers eux sans toutefois les brusquer car, entre notre discours et celui rabâché à l’école et par les médias, ils se sentent déchirés. Alors, soignants, enseignants, parents, grands-parents c’est à vous qu’il appartient de désobéir aux ordres idiots sermonnés par l’oligarchie qui veut faire de nous des moutons. Réveillez vous, virez ces imposteurs.

  3. Très juste il faudrait peut-être voir ce qui se passe du côté de la la santé mentale des adultes conditionnés par un assistanat et une fainéantise sans limite et pire encore conditionnés à l’argent gratuit. Bien conditionnés est un avantage pour les politiques qui peuvent manipuler toute cette population à leur guise et comme d’habitude au mépris des conséquences à moyen terme et pire encore à long terme. A qui la faute ? à la politique ou à la population qui vie sur les rentes des réalisations

  4. On leur vole leur enfance en leur faisant porter des problèmes qui ne sont pas les leurs. Et pas seulement pour le Covid. En même temps, on les manipule, en induisant chez eux des opinions et des comportements qui servent le pouvoir. Tout cela n’est pas nouveau: tous les régimes totalitaires ont fait cela.

  5. La dégénérescence du contexte familial joue un rôle essentiel. Les mœurs et la mentalité libertaire (sans oublier l’égoïsme forcené) de leurs parents en est souvent la cause. Et ne pas oublier que ces enfants sont également témoins de l’abrutissement de leur famille sous les effets des drogues combinés à ceux de l’alcool ?
    Des drogues que certains « intellectuels » voudraient légaliser. Les cultures et religions avaient instauré des garde fous non sans raisons. Nous serons obligés d’en rétablir.

  6. Les enfants et adolescents subissent les ravages de la politique anti-covid mais pas seulement. On leur inculque le doute sur leur sexe. Ils vivent dans la hantise du réchauffement climatique et d’un monde futur invivable. A ce sujet, je recommande aux parents et adolescents la lecture du livre de Christian Gerondeau (Les douze mensonges du GIEC ). Ils n’ont plus aucune formation morale. Leur seule obsession est la lutte pour le climat. Il y a bien de quoi vouloir quitter ce monde anxiogène !

  7. Ces chers bambins. Un peu de froid c’est 2 pulls et 1 anorak, un peu de toux, vite le docteur. L’ école à 200 mètres, la voiture. A la maison vautré sur le canapé branché jeu.
    Ce maudit portable source de vie gâchée, de liens familiaux rompus, des dizaines d’ amis virtuels aucun copain réel. Quand je pense à ma jeunesse, foot sur les places publiques, billes dans la cour de récré, course à pieds autour du quartier, pas de télé, de téléphone
    mais une famille.

  8. Je suis d’accord avec Marie Estelle Dupont mais constatons aussi que les enfants ne sont plus élevés qu’ils n’ont pas de repères ,pas de garde fous pas d’interdits et qu’ils sont en friche ….Où sont les vraies familles ???

    • L’abrutissement par l’EN et les médias n’a pas commencé aujourd’hui. Les parents ont déjà subi un formatage et ont été convaincu que l’Etat nounou veut notre bien…

  9. Combien de couples, depuis mai 68, se sont défaits puis reconstruits ? Ne demandez pas pourquoi les enfants issus de cette société en déliquescence sont violents pour eux et envers les autres, lorsqu’ils se retrouvent à 4, 5 ou 6 dans une « demi-fratrie recomposée » toutes les 15 jours d’alternance papa/maman à ne même plus savoir qui est père et mère ou encore « inclusivement » : parent 1 et parent 2, 3 ou 4 !
    Le progressisme est le cancer en phase terminale de la civilisation occidentale.

    • On se demande pourquoi les société en développement ou reconstruction comme la Chine ou la Russie interdisent nos dévoiements sociétaux progressites..

    • Vous avez manqué 2 épisodes : l’enfant Empereur, et désormais l’enfant Dieu… qui règle le fonctionnement de la maison, choisit la voiture, a un avis sur tout, voire apprendrait ses parents à faire des enfants :) !

  10. Le progressisme peut se montrer aussi létal que son contraire l’Islamisme . Ensemble ils sont spontanément explosifs .

  11. (suite) C ‘est que nous avons peu à peu transformé l’instruction en bachotage et, désormais, de plus en plus souvent, en formatage. On a catastrophiquement oublié les
    disciplines de base qui préparent à une intellection rigoureuse : sémantique, maïeutique, logique, rhétorique, dialectique, induction-déduction, syllogisme. Parents, citoyens et enseignants sont perdus et nos enfants le sentent et ont peur. Quant aux politiciens : nuls, cyniques et bavards.

  12. L’instruction publique est en état de  »mort cérébrale  ». Car la méthode pour penser et
    éviter les erreurs de raisonnement n’est pas, ou très peu, enseignée, aux Français. Or c’est la Vérité qui libère et l’obscurité qui obsède et rend malade. Chaque jour sont commises de graves erreurs ou mensonges d’intellection non seulement en matière économique et financière mais aussi dans les domaines politique, médical, instructionnel, écologique, juridique, diplomatique, géostratégique…

    • La vérité, l’analyse, le raisonnement, le rationnel sont bannis. Reste l’émotion, le buzz, les croyances, l’irrationnel, le pret à penser. Et cela contamine à tous les niveaux de la société. La chimie, la médecine, l’agriculture, la psychiatrie…on n’interroge jamais les professionnels réellement formés. Encore si ceux ci ne sont pas achetés par les labos..alors..

  13. Ces pauvres gosses qui n ont comme repères que les réseaux sociaux et leurs tels sur lesquels ils sont scotchés H24

    • Fort heureusement, certains ont des parents qui les aident à tenir leur tête hors de l’eau,
      si je puis dire.

  14. L’état dépressif de nos jeunes risque de les suivre toute leur vie. Au lieu d’en faire des adultes heureux et épanouis ce seront des malades dépendants des médicaments anxiolytiques qui feront le bonheur de big pharma. Les consignes et diktats donnés par un gouvernement de nullités durant plus de deux ans ne sont pas étrangers à ce saccage sanitaire.

    • Exact. Ces jeunes se rendent compte que, depuis 2 ans, ils ont été manipulés avec des obligations de port du masque inutiles (lire les excellents derniers livres de Toubiana ou de Marc Menant) ou de la piquouze tout aussi inutile à leur age. Cette jeunesse sacrifiée n’aura de cesse que de se venger !

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