Dans la série « On recase les anciens ministres », le cas Wargon

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Le reclassement des anciens ministres est « un vrai sujet », comme on dit. Surtout lorsqu’ils ont été battus aux élections législatives et qu’ils se retrouvent sur le marché de l’emploi du jour au lendemain. Il y a le cas Montchalin, qui semble aujourd’hui en suspens. Le nom de cette première de la classe de la Macronie, essorée dans l’Essonne, a été évoqué, il y a quelques jours, pour une éventuelle ambassade. Depuis, silence radio. Il faudra surveiller les nominations en plein cœur du mois d’août...

Curieusement, au rayon des causes désespérées, personne n’a encore évoqué celle de Christophe Castaner. Ce dernier, qui faisait de la politique depuis plus de vingt ans – et qui en vivait pas trop mal -, s’est retrouvé du jour au lendemain avec une main devant une main derrière. Tragique destin pour celui qui, lorsqu’il était encore socialiste, présidait aux municipales de 2014 à Forcalquier une liste baptisée « Un temps d’avance ». Rédaction de CV, stages de reconversion, pointage à Pôle emploi et… bilan de compétences sont-ils au programme, une fois épuisés les plaisirs d’un repos bien mérité autour de la piscine après avoir été en première ligne pendant cinq ans ?

Et puis on apprend, ce vendredi 22 juillet, que le dossier d’Emmanuelle Wargon, ancien ministre délégué, chargé du Logement, a été mis en haut de la pile des cas en souffrance. Emmanuel Macron envisage de la nommer présidente de la Commission de régulation de l’énergie (CRE). Un lot de consolation pour celle qui n’a même pas été qualifiée pour le second tour des élections législatives dans le Val-de-Marne, avec moins de 19 % des inscrits derrière les candidats LR et NUPES. Allez savoir si les électeurs, qui ne comprennent rien à rien et ne savent pas toujours reconnaître leurs élites à leur juste valeur, ne lui ont pas fait payer ses déclarations sur la maison individuelle, considérée par ce brillant esprit comme « un non-sens écologique, économique et social ». Lorsqu’on habite une « villa cossue » de 150 m2, ça peut éventuellement énerver l’électeur qui, lui, ne sait pas forcément profiter des joies écologiques, économiques et sociales du vivre ensemble dans un collectif en barres verticales ou horizontales - c'est au choix.

La nomination de Mme Wargon à la tête de cette autorité administrative indépendante ne pourra être prononcée par le Président que lorsque la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale et celle de l’économie, du développement durable et de l’aménagement du territoire du Sénat auront auditionné la candidate et voté. Dans le cas où l'addition des votes négatifs de chaque commission représenterait au moins trois cinquièmes des suffrages exprimés dans les deux commissions, Emmanuel Macron ne pourrait procéder à cette nomination. En 2017, l’élection de Jean-François Carenco, aujourd’hui ministre des Outre-mer (c’est son entrée au gouvernement qui a créé la vacance du poste), avait été une formalité.

En sera-t-il de même pour Wargon ? La question se pose. D’abord, parce que c’est la première fois, depuis la création de cette autorité en 2000, qu’un politique (lorsqu'on a été ministre, on est un politique, même si l'on est venu vous pêcher un beau jour dans la fameuse « société civile ») est proposé pour la présider. Ensuite, parce que la majorité présidentielle n’est plus que relative à l’Assemblée nationale - et, par voie de conséquence, dans la commission des affaires économiques (32 sur 73 membres) - et qu’au Sénat, les macronistes sont plus qu’en minorité. Enfin, nommer à la tête de cette commission chargée de la régulation du secteur de l’énergie (électricité et gaz), notamment en cette période de crise énergétique, une personnalité qui déclarait, il y a encore peu de temps, pour justifier la fermeture de Fessenheim, « On le fait parce qu’il y a trop de nucléaire dans notre production d’électricité », peut faire un peu frémir. De peur, d'abord, avant que cela ne soit de froid…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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