Nouveaux rebondissements dans l’affaire de la Ligue du LOL…
La fameuse histoire de la Ligue du LOL remonte maintenant au 8 février 2019. En anglais, LOL signifie « Laughing out loud », qu’on pourrait traduire en français par MDR, soit « mort de rire ». Au fait, quel était l’objet social de cette association ?
Pour résumer, on dira qu’il s’agit d’un club informel fondé en octobre 2010 par des gosses de riches. Leur point commun ? Des mâles, blancs et hétérosexuels travaillant tous plus ou moins dans le microcosme médiatique, avec une prédilection pour les organes de presse incarnant, mieux que le cercle de la raison, celui de la vertu : Libération, Télérama et Les Inrockuptibles. Bref, rien que des journaux très en pointe dans les luttes sociétales : protection des femmes, des homosexuels, des immigrés, des animaux, de la planète et toutes ces sortes de choses.
Pourtant, il faut bien que jeunesse se passe. Et ces jeunes gens, chics, modernes et passablement arrogants, se font alors une spécialité du harcèlement de proies faciles grâce à un réseau Twitter tout juste naissant. Leurs cibles de prédilection ? Les grosses, les moches, voir même les lesbiennes, surtout si grosses et moches. Seulement voilà, ce qui était encore « acceptable » quelques années auparavant ne l’est plus en pleine déferlante MeToo.
L’affaire sort d’abord dans les colonnes de Libération, avant que la meute médiatique ne s’acharne, jetant les trublions en pâture à des ligues de vertu encore plus vertueuses qu’eux. Du coup, la violence sociale qu’ils dénonçaient naguère les frappe de plein fouet. Vincent Glad, fondateur de ce club huppé, est illico viré de ce même quotidien, jadis tenu pour libertaire, tout comme David Doucet l’est des Inrockuptibles, alors qu’il en est pourtant l’ancien rédacteur en chef. Et c’est sans compter quelques dizaines d’autres journalistes écrivant à la pige (sans véritable protection sociale, donc), qui se retrouvent sur le carreau.
Durant ce tumulte, l’une de nos consœurs aura su au moins à peu près raison garder, Élisabeth Lévy, qui, dans son mensuel Causeur du 25 octobre 2019, écrit : « La twittosphère des débuts tient à la fois de la cour d’école maternelle et du Far-West. Beaucoup s’insultent, tout le monde se bagarre et cela ne semble choquer personne. Et comme dans toute cour de récré, il y a des reines du bal, qui sont plutôt des rois, et des souffre-douleur. Tous les coups sont permis, de la blague de potache à l’agression en bande organisée. Ce n’est pas une excuse, dira-t-on. Un peu, tout de même, dès lors que certaines des harcelées étaient aussi des harceleuses. Les échanges entre Capucine Piot, alors blogueuse mode, et la militante Daria Marx sont assez éclairants. » Il est un fait que ces dernières n’étaient pas les dernières à se hausser du col, dès lors qu’il s’agissait de stigmatiser d’autres confrères quant à leur peu de foi vis-à-vis du nouvel ordre clérical.
Dans la foulée, les journaux incriminés se rendent désormais compte qu’ils ont été un peu vite en leur besogne purificatrice. Interrogé par Marianne, le 24 octobre 2019, le sociologue Gérald Bronner remarquait déjà : « Chez certains journalistes, la chute de ces confrères de gauche, employés par des médias donneurs de leçons, ou de "mâles blancs de plus de cinquante ans", nous a réjouis […]. Nous avions envie d’y croire. L’histoire était trop belle, pleine de stéréotypes. »
À ce détail près qu’il ne s’agissait pas de journalistes tenus pour être « d’extrême droite », mais d’enfants issus d’un sérail tout aussi progressiste que consanguin. La révolution dévore toujours ses propres enfants ; l’affaire n’est pas neuve.
Aujourd’hui, Vincent Glad et David Doucet, arroseurs arrosés, prennent leur revanche, ayant tous plus ou moins gagné aux prud’hommes contre leurs anciens employeurs, eux-mêmes arrosés par le scandale. Voilà qui s’arrose. Et au rosé, tant qu’à faire, vu les températures estivales qu’on sait.
À Boulevard Voltaire, journaleux et pisse-copie sont tout de même plus tranquilles.
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