« Pour les criminels sexuels, c’est une question, comme pour le reste, de volonté politique »

Que faire des criminels sexuels ? Après le viol et l'assassinat de la petite Angélique, 13 ans, par un récidiviste, Xavier Raufer réagit au micro de Boulevard Voltaire, dénonçant un manque de volonté politique.

Les questions sont nombreuses à l’issue du meurtre de la petite Angélique de 13 ans et notamment s’agissant du profil du suspect numéro 1 qui a avoué les faits. Il s’agit d’un récidiviste déjà condamné et inscrit au fichier des délinquants sexuels.
Comment un tel individu peut-il réitérer ?

D’abord, je précise que dans un tel cas, les criminologues parlent d’un assassinat et non d’un meurtre. Cet individu a prémédité son acte, il a amené la victime chez lui et, après avoir abusé d’elle, il l’a assassiné.
On peut noter deux choses. Premièrement, l’être humain n’est pas un robot. Par conséquent, il se passe dans sa tête des choses difficiles à anticiper, dans des tas de domaines et notamment ceux des sentiments et des pulsions. Il s’agit là d’un individu soumis à des pulsions qui, à un moment donné ou à un autre, deviennent irrésistibles. Elles sont irrésistibles, mais là aussi elles sont préméditées. Le fait d’avoir été dans un sex shop et d’avoir acheté du viagra ou autre prouvent qu’il avait l’intention de passer à l’acte. Cela ne l’a pas pris brutalement. Il avait une crise, si on peut dire les choses ainsi, et a assouvi ses instincts sur la malheureuse petite Angélique.
Ce n’est pas un délinquant sexuel comme le disent les médias du système, mais un criminel. C’est quelqu’un qui a accompli un crime. L’acte qu’il a accompli lui vaudra de passer devant une Cour d’assises. Pour de tels individus, les solutions existent. Une fois leurs peines purgées, la seule solution consiste à les soumettre à un traitement qui s’appelle la castration chimique. C’est cela ou l’enfermement physique dans un lieu donné. Il n’y a pas d’autres solutions.

La castration chimique est un sujet qui revient régulièrement dès qu’une affaire comme celle-là arrive.
Pourquoi, ce traitement n’est-il pas appliqué en France ?

C’est toujours la même histoire. C’est comme l’histoire des cités hors contrôle et des plans fantaisistes de monsieur Borloo. Nos racailles sont pratiquement les mieux logées de France grâce à lui dans des cités qui ont toutes été rénovées, mais où le crime est toujours aussi prégnant ? Maintenant, il veut en faire les racailles les mieux diplômées du monde. Naturellement, cela ne résout pas le problème qui est essentiellement un problème criminel. On fait toutes sortes de pitreries pour contourner, pour parler d’autre chose et ne pas aller à l’essentiel.
C’est pareil pour les criminels sexuels. C’est d’abord une question de volonté politique. À partir du moment où le président de la République tape sur la table en disant à x ministres et hauts fonctionnaires : « monsieur, à partir de maintenant, je veux que ce soit comme cela, sinon vous êtes virés », la mesure est appliquée dans les mois qui viennent. À partir de ce moment, là la mesure prendra peut-être quelques mois, mais on peut commencer par ceux du fameux fichier. On les convoque et on leur annonce la nouvelle mesure. S’il faut prendre un décret ou un arrêté, on le prend, ce n’est pas consommateur de temps. Cela peut être fait en quelques mois. Et à la rentrée de 2018, on peut avoir un plan qui tient la route. C’est une pure question de volonté politique.
En France, il y a l’émotion. Alors, on crée des fichiers. On crée le fichier des personnes radicalisées qui succède lui-même au fichier S, etc. Et après cela, on retourne dormir, en disant « voilà, c’est fait ! ». Or, comme le dit un proverbe chinois très beau : « le mot "chien" ne mord pas ».
Si on se contente de prendre des mesures sur le papier et qu’on ne fait rien de physique derrière, c’est purement platonique. Si on n’impose pas un traitement à des individus pratiquement à vie jusqu’à ce qu’ils soient en âge de grande vieillesse ou alors qu’on ne les met pas en prison, ça ne sert à rien. De même, avec les cités. On peut bien leur donner des diplômes, mais il faut d’abord rétablir la loi et l’ordre.
On prend des mesures en l’air sans vrai rapport avec les choses physiques qui se passent sur le terrain. Elles sont d’ailleurs largement ignorées et généralement jusqu’au drame, jusqu’à ce que des policiers brûlent à la Grande borne grillés au cocktail Molotov ou jusqu’à ce qu’une petite fille soit assassinée.

Xavier Raufer
Xavier Raufer
Docteur en géopolitique et criminologue - Il enseigne dans les universités Panthéon-Assas (Paris II), George Mason (Washington DC) et Université de Sciences politiques et de droit (Pékin)

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois