Conservateurs contre progressistes : bientôt la fin de l’avortement aux USA ? 

Capture d'écran
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Coup de tonnerre aux États-Unis et dans le reste du monde : le journal Politico a révélé, ce mardi 3 mai, que la Cour suprême des États-Unis s’apprêtait à annuler l’arrêt Roe v. Wade qui autorise le droit à l’avortement. Une information spectaculaire, tant les jugements sont gardés secrets. La Cour suprême a confirmé, ce 3 mai, l'authenticité d'un document interne augurant de la fin du droit constitutionnel à avorter mais elle souligne qu'il ne représente pas la décision « finale » de la haute juridiction.

Dans le document rédigé par le juge conservateur Samuel Alito, ce dernier estime que « le droit à l’avortement n’est pas profondément enraciné dans l’histoire et les traditions de la nation ». Le journal américain avait à peine fait sa révélation que plusieurs centaines de militants pro-avortement s'étaient réunis devant le temple de marbre blanc qui abrite la Cour suprême à Washington. Malgré une volonté claire de cette instance, rien n’est encore officiel, ce 3 mai au soir. La décision doit encore être négociée jusqu'à sa publication avant le 30 juin.

Si l’abrogation de cette loi va remettre en cause un certains nombre d’acquis pour le camp progressistes, en réalité, les États les plus conservateurs faisaient déjà tout pour restreindre l’avortement. Géorgie, Ohio, Mississippi, Alabama, Louisiane, Missouri et d’autres imposent des restrictions sur l’IVG, sans toutefois l’interdire - ils ne le peuvent pas, sauf si la décision de la Cour suprême est validée. Le spécialiste des États-Unis et maître de conférences Jean-Éric Branaa explique à Boulevard Voltaire que certains États possèdent une seule clinique sur un territoire immense, ce qui rend de facto l'accès à l'IVG plus compliqué. Le Texas a lui aussi réduit drastiquement le nombre d’avortements en interdisant les IVG après six semaines.

À cette heure, ni Joe Biden ni Kamala Harris n’ont réagi. Compte tenu de la symbolique du rapport de la Cour suprême, le président démocrate va devoir contre-attaquer. « Le camp progressiste peut essayer de faire passer une loi ou un amendement, mais c’est quasiment impossible », estime le spécialiste des États-Unis Jean-Éric Branaa. Une dernière option est possible pour Joe Biden. Actuellement, une majorité de juges à la Cour suprême sont républicains ; le chef de la Maison-Blanche pourrait alors décider d’augmenter le nombre de juges et de nommer des progressistes pour inverser la couleur politique.

Si la Cour suprême a pu faire ce coup d’éclat médiatique, c’est grâce à Donald Trump. Le président, au cours de son mandat, a placé trois juges. Ces nominations ont permis aux conservateurs d’avoir une majorité : six juges sur neuf. « Trump est l’héritage d’une longue lutte des conservateurs qui, depuis les années 70, mènent une bataille. Avec Trump, on a assisté à la victoire des conservateurs » analyse Jean-Éric Branaa.

De manière plus large, la révélation de Politico n’est qu’une confirmation du fossé qui se creuse entre deux Amériques. L’une demande aux écoles d’inclure les transgenres dans les équipes sportives, l’autre prive Disney de financement car jugé trop woke. Avec une façon de voir le monde aussi différemment, on se demande comment le pays vanté pour son unité nationale par le patriotisme va pouvoir perdurer. Cette fracture, Joe Biden aura du mal à la résorber. « Dans les deux ans qui viennent, le président va faire des compromis et va gouverner par décret », assure Jean-Éric Branaa.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 07/05/2022 à 10:44.
Kevin Tanguy
Kevin Tanguy
Journaliste stagiaire à BV, étudiant en journalisme

Vos commentaires

25 commentaires

  1. Vivement que Trump revienne pour remettre un peu de moralité et de décence dans ce pays bien mal gouverné!

  2. Ce qui se « mijote » aux USA, ce n’est pas la disparition du droit à l’avortement, c’est la disparition de l’obligation pour tous les Etats sans distinction d’accepter l’avortement lorsqu’une personne le demande. Les Etats pourront soit accepter ou refuser purement et simplement la pratique de l’avortement sur leur territoire, soit accepter dans certains cas seulement ou sous certaines conditions seulement. C’est ce qui devrait être fait en UE en matière d’immigration, par exemple.

  3. Il est donc inutile d’introduire le wokisme en Europe et en 1er en France. Revenons à nos Valeurs ancestrales qui ont fait leurs preuves, ce qui n’empêche pas le progrès technique, mais le « progressisme » doit rester Out.
    Quand je lis par ailleurs que des Ecolos politiques français veulent démembrer le nucléaire, énergie la plus moderne, et avec des progrès exponentiels en sécurité et déchet, je me dis que l’Occident est en train de scier la branche sur laquelle elle est assise depuis 1000 ans.

  4. On ne précise pas assez qu’aux Etats Unis, il n’y a pas de loi fédérale concernant l’avortement, mais seulement une jurisprudence entérinée par la Cour Suprême et qui permet l’organisation de l’IVG jusqu’à 20 semaines. La crainte des lobbies IVG est de voir la loi concédée aux seuls Etats. Les partisans Français de l’IVG font semblant de croire que la loi est menacée en France un peu comme pour « black lives matter ».

  5. Le « droit » à l’avortement version Simone Weil a été dévoyé ! L’avortement n’est pas un droit mais un drame. Comment peut-on hurler au droit à l’avortement et défendre l’abolition de la peine de mort ? Certaines vies (celles d’êtres innocents) compteraient elles moins que d’autres (celles des criminels et des assassins) ? La contraception est libre et accessibles à tous ; l’avortement ne peut pas et ne doit pas être un moyen de contraception, … Sauf dans des régions où règne la famine…

  6. Curieuse cette façon de traiter un aussi sérieux sujet par une majorité d’hommes, alors que, me semble-t-il, les femmes sont infiniment plus concernées.
    Partant, ne nous étonnons plus que nos gamins commandent dans les foyers…
    Vous parlez d’un « monde à l’envers » ?…oui oui, on y est !

    • Si l’on comprend bien « larouille », le sujet du viol, par exemple, ne pourrait être traité que par les hommes !

    • Au cas où vous ne seriez pas au courant, pour qu’il y ait grossesse, il faut une femme ET un homme … Ne croyez pas les conneries qu’on vous raconte, à savoir que 2 femmes, et bientôt probablement 2 hommes, peuvent faire 1 enfant ensemble …

  7. Je pense que le « droit à l’avortement » est une déviance. La possibilité d’un tel acte pourquoi pas, mais le droit !!! Notre société n’est pas une société de « droit » mais une société des « droits » des minorités pris en charge par les devoirs de la majorité !

    • Se rappeler que Simone Veil avait seulement « dépénalisé » et non libéralisé. Ensuite ça a évolué en « open bar »…

      • Les sauterelles de gauche se sont emparées de cette loi pour la pourrir, la dénaturer et finalement l’inverser, comme tout ce qu’elles touchent.

    • Oui, je pense que non seulement il n’y a pas de droit à l’avortement, mais même qu’il ne peut pas y en avoir dans la mesure où cela irait frontalement contre le droit à la vie, une des priorités de la Déclaration U des Droits de l »Homme (1948). En effet dès l’instant de la conception, il y a un nouvel être humain en devenir. Je suggère aux partisans de l’avortement de ne plus dire « mon corps, mon choix » car l’embryon-foetus est DANS le corps de la mère, mais pas DU corps de la mère.

    • Elle n’est pas que symbolique. C’est quand même une victoire de la vie sur la mort, ce qui n’est pas rien.

  8. En présentant ce fait, aucun media, même pas vous, ne rappelle combien cet arrêt Roe versus Wade est controversé depuis longtemps. Il est prouvé que la « victime » a été manipulée et est d’ailleurs devenue anti-avortement…

  9. Pour mémoire: à l’ origine l’ IVG a été voté pour la protection de la femme.
    Suite à un viol, un risque pour sa vie, une malformation en aucun cas il n’ était question
    de massacrer des milliers de foetus pour se débarrasser d’ un colis encombrant et encore moins de faire payer ce débarras par la sécurité sociale

  10. Il faudrait mieux encadrer le recours à l’IVG et limiter l’avortement pour convenance personnelle. 12 semaines paraissent la limite. Les 200 000 français ainsi sacrifiés nous manquent cruellement, et on nous dit qu’il faut compenser avec l’immigration.

  11. Comme Biden se prétend Catholique, il va lui être difficile de passer outre . . . à moins que le Pape François le lui demande .

  12. Pour info : en Israël, les avortements doivent être approuvés par un « comité d’interruption », et sont globalement interdits pour les femmes de 17 à 40 ans. En Israël, l’avortement est autorisé, après accord d’un comité d’experts médicaux et sociaux, si la femme n’est pas mariée, si elle a moins de 17 ans (âge légal du mariage en Israël) ou plus de 40 ans, si la grossesse provient de relations illégales (viol ou inceste), en cas d’anomalie du fœtus ou de risque pour la santé de la mère.

    • Intéressant : s’il ne peut y avoir de droit à l’avortement (au sens positif comme « droit à la santé »). on peut admettre un droit DEROGATOIRE à l’IVG, pour des raisons pratiques et circonstancielles : jusqu’à 7 semaines, l’avortement pourrait être libre, mais au delà, il faudrait qu’il soit validé par un comité d’experts comme en Israël : les droits du foetus méritent d’être protégés. Au nom d’une distinction entre l’idéal et le réalisme.

  13. On dirait un coup tordu de Biden aidé des RINOs pour mobiliser ses électeurs et diviser le camp républicain afin d’éviter la débâcle des élections de midterms. Mais il est étrange d’apprendre que cet arrêt Roe v. Wade rend possible l’avortement jusqu’à 6 mois (2 trimestre). Suis-je le seul à être choqué par un délai aussi long ? En France, c’est 14 semaines (depuis peu, avant c’était 12) ce qui fait 3 mois et quelques. Vous voyez à quoi ressemble un foetus de 6 mois ?? Il peut sucer son pouce !

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