
Coup de tonnerre aux États-Unis et dans le reste du monde : le journal Politico a révélé, ce mardi 3 mai, que la Cour suprême des États-Unis s’apprêtait à annuler l’arrêt Roe v. Wade qui autorise le droit à l’avortement. Une information spectaculaire, tant les jugements sont gardés secrets. La Cour suprême a confirmé, ce 3 mai, l'authenticité d'un document interne augurant de la fin du droit constitutionnel à avorter mais elle souligne qu'il ne représente pas la décision « finale » de la haute juridiction.
Dans le document rédigé par le juge conservateur Samuel Alito, ce dernier estime que « le droit à l’avortement n’est pas profondément enraciné dans l’histoire et les traditions de la nation ». Le journal américain avait à peine fait sa révélation que plusieurs centaines de militants pro-avortement s'étaient réunis devant le temple de marbre blanc qui abrite la Cour suprême à Washington. Malgré une volonté claire de cette instance, rien n’est encore officiel, ce 3 mai au soir. La décision doit encore être négociée jusqu'à sa publication avant le 30 juin.
Things are growing increasingly tense outside of the Supreme Court tonight. pic.twitter.com/od6OZkkz4o
— Zachary Petrizzo (@ZTPetrizzo) May 3, 2022
Si l’abrogation de cette loi va remettre en cause un certains nombre d’acquis pour le camp progressistes, en réalité, les États les plus conservateurs faisaient déjà tout pour restreindre l’avortement. Géorgie, Ohio, Mississippi, Alabama, Louisiane, Missouri et d’autres imposent des restrictions sur l’IVG, sans toutefois l’interdire - ils ne le peuvent pas, sauf si la décision de la Cour suprême est validée. Le spécialiste des États-Unis et maître de conférences Jean-Éric Branaa explique à Boulevard Voltaire que certains États possèdent une seule clinique sur un territoire immense, ce qui rend de facto l'accès à l'IVG plus compliqué. Le Texas a lui aussi réduit drastiquement le nombre d’avortements en interdisant les IVG après six semaines.
À cette heure, ni Joe Biden ni Kamala Harris n’ont réagi. Compte tenu de la symbolique du rapport de la Cour suprême, le président démocrate va devoir contre-attaquer. « Le camp progressiste peut essayer de faire passer une loi ou un amendement, mais c’est quasiment impossible », estime le spécialiste des États-Unis Jean-Éric Branaa. Une dernière option est possible pour Joe Biden. Actuellement, une majorité de juges à la Cour suprême sont républicains ; le chef de la Maison-Blanche pourrait alors décider d’augmenter le nombre de juges et de nommer des progressistes pour inverser la couleur politique.
Si la Cour suprême a pu faire ce coup d’éclat médiatique, c’est grâce à Donald Trump. Le président, au cours de son mandat, a placé trois juges. Ces nominations ont permis aux conservateurs d’avoir une majorité : six juges sur neuf. « Trump est l’héritage d’une longue lutte des conservateurs qui, depuis les années 70, mènent une bataille. Avec Trump, on a assisté à la victoire des conservateurs » analyse Jean-Éric Branaa.
De manière plus large, la révélation de Politico n’est qu’une confirmation du fossé qui se creuse entre deux Amériques. L’une demande aux écoles d’inclure les transgenres dans les équipes sportives, l’autre prive Disney de financement car jugé trop woke. Avec une façon de voir le monde aussi différemment, on se demande comment le pays vanté pour son unité nationale par le patriotisme va pouvoir perdurer. Cette fracture, Joe Biden aura du mal à la résorber. « Dans les deux ans qui viennent, le président va faire des compromis et va gouverner par décret », assure Jean-Éric Branaa.
3 mai 2022
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