CNews accusé : où est le pluralisme sur Quotidien, France Inter et France TV ?

france TV

« Le Conseil d’État enjoint à l’Arcom de réexaminer dans un délai de six mois le respect par la chaîne CNews de ses obligations en matière de pluralisme. » Dans sa décision historique du 13 février, la plus haute juridiction administrative du pays remet en cause la liberté éditoriale du canal 16 de la TNT, insinuant entre les lignes que les chroniqueurs et animateurs de la chaîne ne respectaient pas l’exigence de pluralisme qui incombe aux chaînes de télévision et aux stations radio. En réalité, s’il est facile de s’attaquer à CNews, chaîne du groupe Bolloré régulièrement sanctionnée par l’Arcom, il convient tout de même de s’intéresser au pluralisme dans les autres médias audiovisuels. Et, rapidement, il apparaît que là où CNews subit le boycott de nombreuses personnalités de gauche, d’autres émissions, notamment du service public, boycottent d’elles-mêmes des personnalités de droite.

Quotidien, homogénéité bien-pensante

C’est le cas, notamment, de Quotidien, émission présentée par Yann Barthès et diffusée chaque soir sur TMC. Il y a près de dix mois, dans une vidéo exhumée par Destination Télé, Julien Bellver, l’un des chroniqueurs de l’émission, se vantait de ne pas vouloir convier des personnalités « d’extrême droite » sur son plateau. « On n’a jamais reçu Éric Zemmour et je pense qu’on ne le recevra jamais, parce qu’on ne reçoit pas les personnalités d’extrême droite, expliquait-il, alors, au micro de Sud Radio. On est sur une chaîne privée, donc on fait un peu ce qu’on veut. » Pour respecter le temps de parole des politiques en période électorale, les équipes de Quotidien, plutôt que donner la parole à ces partis, préfèrent donc réaliser des reportages à charge. Mais il n’y a pas que sur les invités politiques que Quotidien s’illustre par un manque de pluralisme. BV a visionné les émissions de la semaine passée (du 12 au 15 février) pour donner un aperçu du manque de diversité dans l’émission de TMC. Tout d’abord, les chroniqueurs, à l’image de leur présentateur, partagent tous la même connivence bien-pensante.

Quand Jean-Michel Aphatie attribue « le prix de l’hypocrisie » à Marion Maréchal, aucun débat, seulement quelques rires moqueurs sur le plateau. Et quand il qualifie de « vieille droite » ceux qui assimilent Nicole Belloubet à Pap Ndiaye, là encore, les mêmes ricanements. Avec moquerie, toujours, Quotidien diffuse par ailleurs chaque soir - audience oblige - des extraits tronqués de CNews. L’occasion, pour la bande de Yann Barthès, d’ironiser sur les « drama-queens du dessus » (les plateaux de CNews et celui de Quotidien se trouvent dans le même bâtiment, NDLR). Tous les sujets sont bons pour tourner en dérision la chaîne d’information. Nomination de Nicole Belloubet ? « CNews a mis en route sa machine à broyer du Belloubet, la machine à broyer de Bolloré. » Saint-Valentin ? Rires moqueurs et convenus contre Philippe de Villiers, « le troubadour de CNews ». Pluralisme dans les médias ? « Sur CNews, toutes les nuances de l'extrême droite sont représentées », s'amuse avec ironie le plateau.

Si Quotidien se permet, à de rares occasions, d’inviter des membres des Républicains, cette semaine, les invitations (hormis les acteurs du film Dune) plaçaient le curseur de l’émission à gauche du spectre politique. Après Mathieu Kassovitz, qui ne cache pas ses accointances avec la gauche, l’émission a ainsi reçu François Hollande qui, curieux hasard, défendait lui aussi la décision du Conseil d'État. Et quid des débats dans l’émission ? Là encore, la contradiction semble inexistante. Cette semaine, la question portait sur la constitutionnalisation du droit à l’avortement. L’invité interrogé se déclarait pour, le débat était aussitôt clos.

Et le pluralisme sur le service public ?

Mais on pourrait rétorquer, à l’instar de Julien Bellver, que l’émission, est diffusée sur une chaîne privée et fait donc « ce qu’elle veut ». Soit, mais alors, pourquoi CNews devrait respecter une exigence de pluralisme et Quotidien non ? Reste le service public, financé par les impôts, qui devrait encore plus s’astreindre à respecter le pluralisme. Or, force est de constater que France Inter comme de nombreuses émissions de France Télévisions sont loin de proposer un large panel d’opinions. Sur France Inter, tout d’abord, si les invités de la matinale de cette semaine représentent bien différents courants de pensée (RN, PS et EELV), les chroniqueurs de la station sont loin d’être neutres. Un seul exemple. Sur la décision de CNews, Cyril Lacarrière, éditorialiste média, semble s’inquiéter de la décision du Conseil d’État pour lui-même mais conclut : « En ce qui concerne CNews, c’est peut-être plus facile. Tout le monde est d’accord [pour classer la chaîne à l’extrême droite, sous entend-il]. CNews va devoir changer la configuration de ses plateaux […] CNews est une chaîne d’opinion, la chaîne d'une opinion. » Un point de vue loin d’être objectif mais non remis en question à l'antenne… Et que dire des émissions de France Télévisions ? Comme le souligne Destination Télé, sur X, sur C ce soir (France 5), cette semaine, « aucun journaliste de droite, aucun député de droite » invité. Seuls des journalistes de Mediapart, Libération, France Inter, Le Monde et Reporters sans frontières. On est loin de la diversité d'opinions...

Clémence de Longraye
Clémence de Longraye
Journaliste à BV

Vos commentaires

44 commentaires

  1.  » Seuls des journalistes de Mediapart, Libération, France Inter, Le Monde et Reporters sans frontières  » !! Les chiens aboient, la caravane CNews passe s’enrichissant tous les jours de nouveaux « bédoins ».

    • C’est bien la seule réaction positive à avoir : plébisciter la chaîne CNEWS et la regardant le plus possible, mais ne pas fermer les yeux sur l’immondice qu’est France Télévision et sa Présidente Delphine Ernotte sous le coup d’une plainte pour abus etc.

  2. Il faut s’attaquer à la lourde tâche de comptabiliser l’irrespect de la pluralité d’opinion sur les chaînes publiques, de quantifier cet irrespect, pour le mettre sous le nez de tous ces fascistes (donc d’extrême gauche, comme l’était un certain B. Mussolini) en herbe qui veulent tuer la diversité d’opinion en France au profit de leur monopole.

  3. La diversité n’est-elle pas par les chaînes proposées, ? Si l’on considère par exemple, que CNews est de droite et que France télévision est de gauche, la diversité est respectée et il ne reste plus que le choix du citoyen !
    Personne ne m’imposera de lire l’humanité si je préfère BV ! A ce régime le Conseil Constitutionnel , l’ARCOM, RSF, n’ont plus qu’à nous dire, voir obliger pour qui voter !

  4. Dans les Ex pays de l’est et en URSS on ne procédait pas autrement, faire taire toutes radios et publications qui n’allaient pas dans le sens de la pensée unique. Dans la France de Macron nous allons doucement mais surement vers les mêmes pratiques. Pour regarder régulièrement C News , je vois des journalistes et des invités qui le moins qu’on puisse dire ne sont pas des Fan de Marine le Pen ou de Zemmour !

  5. Et même si CNews était une chaîne d’opinion, ce que je ne pense pas, elle satisferait une moitié des électeurs, ceux qui ont voté RN à la présidentielle : pas si mal finalement et l’autre moitié aurait le choix de la majorité des chaînes publiques : de quoi se plaignent ils ?

  6. Quoiqu’ils disent ou fassent CNEWS restera dans l’esprit de ses adeptes car c’est une chaîne de valeur avec des journalistes valables et impartiaux, ça devient très rare de nos jours ! CNEWS ne peut que triompher, j’en suis certaine.

  7. Je suis pour la suppression du conseil d’Etat et de l’Arcom ! Nous sommes assez matures pour nous faire une opinion et suivre les chaînes que l’on veut ! Notamment les très bonnes émissions de Cnews ! Ne leur en déplaise !

  8. Effectivement il n’y a pas de pluralisme sur les chaînes publiques mais il n’y en a pas non plus sur LCI que ce soit les chroniqueurs, les journalistes où c’est une histoire de famille et de copinage pas plus que dans les infos où ils font du h 24 sur l’Ukraine où les intervenants tous du même bord. Les rares fois où un intervenant de l’opposition est reçu c’est pour lui couper la parole, l’humilier, le mettre dans l’embarras. Ce constat est le même pour BFM et là, pas touche à la macronie.

  9. l’arroseur arrosé … ce pourrait être le résultat de toutes ces histoires, de gens qui veulent contrôler l’opinion de autres!

  10. Commençons par arrêter tout type de subvention d’Etat à ces chaînes de propagande du pouvoir ! … Elles seront vite sans capacité de survivre tellement elles sont sous perfusion pour « servir la soupe » ! …

  11. Va t’on accepter encore longtemps que ces médias soient payés avec nos impôts pour faire la propagande de la gauche . Que ces médias n’informent pas mais cachent la réalité , qu’ils se gardent bien de dénoncer les crimes et viols dont les citoyens sont victimes , les nombreux faits divers ou pompiers et forces de l’ordre sont attaqués , les trafics de drogue et les règlements de compte entre dealers avec de l »artillerie lourde etc…

  12. Le pluralisme existe sur France inter et autres. N’y entendons-nous pas des voix différentes telles que celles des écologistes, des socialistes, des nupésiens aux multiples antagonismes, des macronistes du centre, de la droite, de la gauche, des égarés touchés par la grâce comme Collomb, des belloubétiens moitié socialo-macrono, des partisans des blac blocks, des chasseurs de prime de l’extrême droite,etc.
    Quelle diversité, voilà du pluralisme !

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Revivez le Grand oral des candidats de droite

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois