Cinéma : Hors normes, le nouveau succès de Nakache et Toledano
On se souvient encore du succès d’Intouchables, en 2011, et de ses 20 millions d’entrées en salles. Bien ficelée, bénéficiant d’un casting de qualité, cette comédie d’Olivier Nakache et d’Éric Toledano ne méritait pourtant pas une telle effervescence. Les poncifs sur le vivre ensemble et sur le « sang neuf » issu de l’immigration qui doit revigorer notre France paralysée (le personnage principal du récit, rappelons-le, était handicapé) nous renvoyaient lourdement à tous les stéréotypes médiatiques des trente dernières années. Des discours qui séduisirent, évidemment, les couches privilégiées de la société (d’un côté, les métropoles bourgeoises, de l’autre, les banlieues), soit la sociologie principale des spectateurs de cinéma. Le succès que connut le film au box-office ne s’explique pas autrement. Depuis Intouchables, les deux cinéastes réalisèrent Samba avec un succès similaire, film pro-migrants qui accentuait à l’écœurement les défauts du précédent, puis Le Sens de la fête, une comédie jubilatoire et (presque) inoffensive portée par un Jean-Pierre Bacri au top de sa forme.
Hors normes, qui vient de sortir sur les écrans, renoue avec les thématiques d’Intouchables mais contraste largement avec ce que nous ont proposé jusque-là Nakache et Toledano dans la mesure où le ton employé se veut nettement plus grave.
Le film suit le quotidien difficile de Bruno (Vincent Cassel), directeur de l’association Le Silence des justes chargée d’encadrer, par de faibles moyens, des personnes atteintes d’autisme et de les rendre, à terme, plus autonomes. Sacrifiant toute vie personnelle au service d’une structure qui n’est pas reconnue par l’État et dont les résultats ne peuvent être calculés, Bruno doit faire face, à présent, à une enquête du ministère de la Santé via l’Inspection générale des affaires sociales venue évaluer la pertinence de sa démarche.
Heureusement, il peut compter sur le soutien de Malik (Reda Kateb), qui dirige une autre association visant à intégrer au monde du travail des jeunes de cité à moitié paumés et illettrés. Dylan, l’un d’entre eux, peu motivé au départ, parviendra ainsi, au fil de l’histoire, à se responsabiliser et à nouer un lien privilégié avec Valentin, un adolescent autiste – on retrouve ici le schéma d’Intouchables avec le banlieusard qui prend en charge un handicapé.
En suivant la trajectoire de plusieurs personnages, inspirés de personnes réelles, le film de Nakache et Toledano passe en revue l’ensemble des acteurs associatifs mobilisés autour de l’autisme et rend compte des miracles accomplis lorsqu’une collectivité se met en branle. Devant leurs efforts, les insuffisances de l’État en la matière sont criantes. Les deux agents de l’IGAS, dépeints sans le moindre manichéisme (c’est suffisamment appréciable pour être noté), ont d’ailleurs pleinement conscience de l’imperfection du système auquel ils appartiennent.
Alors, certes, le film ne nous épargne pas les veilles lunes de Nakache et Toledano sur le vivre ensemble – les deux directeurs d’association étant, comme par hasard, un juif et un arabe – , cependant, les cinéastes n’en font pas tout un foin. L’humour, quant à lui, légèrement en retrait par rapport à la place qu’il occupait dans Intouchables, pointe par moments, avec mesure, et se nourrit grandement de ces personnages « hors normes » auxquels on finit par s’attacher.
Un film à voir en famille.
3 étoiles sur 5
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