[CINÉMA] Freud, la dernière confession, ou la méditation sur l’existence de Dieu

Matthew Brown imagine, sous la forme d’un huis clos, la rencontre fictive de Freud et de l’auteur de Narnia.
Capture d'écran BA
Capture d'écran BA

La psychanalyse freudienne ne manque pas de détracteurs, c’est le moins que l’on puisse dire. On se souvient notamment du Livre noir de la psychanalyse, ouvrage collectif et ô combien polémique paru en 2005, dirigé par Catherine Meyer, ancienne éditrice chez Odile Jacob. Cinq ans après, en 2010, Michel Onfray publiait Le Crépuscule d'une idole, son essai critique sur Sigmund Freud qui lui valut ses premières attaques dans la presse de gauche et ses premières relégations à « l’extrême droite »… Onfray, dans son ouvrage, mettait simplement en lumière les errements politiques du neurologue autrichien, les falsifications diverses et variées dans son œuvre et dans ses travaux, et plus largement l’inefficacité de la psychanalyse…

La rencontre de deux gentlemen

Adapté de la pièce de théâtre Freud’s Last Session, de Mark St. Germain, qui fut elle-même inspirée du livre The Question of God, écrit par le docteur en psychiatrie Armand Nicholi, Freud, la dernière confession n’entend pas trancher le débat sur l’honnêteté du personnage. Pas davantage, en tout cas, que le film de David Cronenberg, A Dangerous Method, sorti en 2011.

Réalisé par Matthew Brown, ce nouveau long-métrage imagine, sous la forme d’un huis clos, la rencontre fictive de Freud et de C.S. Lewis, l’auteur fameux des Chroniques de Narnia, alors proche de Tolkien.

Le récit démarre en 1939, peu de temps avant la mort du psychanalyste. L’Allemagne vient d’envahir la Pologne et Freud vit exilé à Londres avec sa fille Anna. Souffrant lourdement d’un cancer de la mâchoire au point d’envisager le suicide, l’Autrichien athée accepte néanmoins la visite à son domicile de l’universitaire irlandais, converti depuis huit ans à l’anglicanisme. Ensemble, Freud et C.S. Lewis vont débattre de tout. De Dieu, bien sûr, de la religion, du suicide, des femmes, de la sexualité, de l’homosexualité même, et du contrôle que semble exercer le psychanalyste sur sa fille.

La psychanalyse ou la foi

Courtois l’un envers l’autre, les deux hommes n’entretiennent cependant pas des rapports équilibrés. L’Irlandais, joué par Matthew Goode (Imitation Game, Downton Abbey, The Duke), fait continuellement preuve de déférence, d’écoute et de compassion quand son partenaire, incarné à l’écran par Anthony Hopkins (qui s’est lui-même glissé, jadis, dans la peau de C.S. Lewis pour le film Shadowlands, en 1994 !), n’est qu’instinct, pulsion égocentrique et esprit de contradiction. « La religion écoute la science, mais la science n'écoute pas la religion », finit par lâcher le futur auteur de Narnia, dépité devant le sectarisme et le nihilisme d’un Freud dominateur, enivré de sa propre personne jusqu’à vouloir exposer à son adversaire les failles qu’il croit déceler en lui.

Engagés dans un débat sans fin sur l’existence de Dieu et sur la primauté à accorder à la vie terrestre ou au Ciel, nos deux intellectuels mettront fin à cette disputatio sans être parvenus à se convaincre mutuellement.

Sympathique, sans être un chef-d’œuvre, tant sa mise en scène manque d’éclat, Freud, la dernière confession s’avère une méditation agréable – bien que vaine – sur le sens de la vie et sur la capacité des hommes à converser pacifiquement de leurs désaccords. Une valeur, en effet, qui tend de nos jours à disparaître.

3 étoiles sur 5

 

Picture of Pierre Marcellesi
Pierre Marcellesi
Chroniqueur cinéma à BV, diplômé de l'Ecole supérieure de réalisation audiovisuelle (ESRA) et maîtrise de cinéma à l'Université de Paris Nanterre

Vos commentaires

11 commentaires

  1. Le « psy », le « religieux », croyances éthérées, molles, invérifiables et qui tentent de s’ériger en « sciences ». Que du baratin, pas plus de dieu que de beurouj’pense en + ! Les « théologiens et autres zozos qui nous parlent « en son nom » sont des illusionistes.

    • vous critiquez Dieu ? attention vous êtes sur boulevard voltaire.
      La prochaine fois vous serez censuré

  2. S’il est considéré comme grand, c’est probablement en raison de sa capacité à escroquer.

  3. L’usurpateur et cocaïnomane Freud devrait trouver sa place dans les poubelles de l’histoire.
    Rappelons au passage que sa géniale trouvaille, l’inconscient, n’est évidemment pas de lui !

  4. La psychanalyse n’a jamais guéri personne. C’est une des plus belles escroqueries du siècle dernier.

  5. Si ce film est moins caricatural, biaisé et malhonnête que le livre d’Onfray sur Freud, c’est déjà une bonne raison d’aller le voir.

    • Quel homme dans sa vie ne s’est pas trompé ?
      La théorie de freud sur le complexe d’oedipe a été remis en question il me semble à juste titre ; ses théories sur l’inconscient, sur le ça, le surmoi, le moi semblent valables
      Le livre « Malaise dans la civilisation » est magistral dans son analyse de la nature humaine
      Tout homme politique devrait l’avoir lu et devrait avoir lu Machiavel et Hobbes
      Beaucoup mieux que la lecture des »Bisounours ».

      • Manifestement, vous ne m’avez pas bien lu car vous interprétez mal à propos le sens de mon commentaire.

Commentaires fermés.

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L’islamo-gauchisme n’existe pas. Comme le grand remplacement…
Gabrielle Cluzel sur CNews

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois