C’est la France : quand on n’a pas de passe, on a des idées !

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Trois jours, maintenant, que le passe sanitaire est entré en vigueur, contraignant les clients à montrer patte blanche avant de pouvoir s’asseoir à leur terrasse favorite. Bons petits soldats, les gens de médias vont à la rencontre des restaurateurs et des clients : tous très contents.

Une baisse de la fréquentation ? Que nenni ! Au contraire. C’est 20 Minutes qui l’assurait, lundi soir : « Certes, il y avait quelques tables vacantes », mais seulement « celles trop exposées au brûlant soleil qui règne en maître dans le ciel d’Aix-en-Provence » car, là-bas, les touristes se sentent « plus libres avec le pass ».

Donc, la chose est établie : le passe sanitaire, c’est bien, c’est mieux, c’est parfait, c’est citoyen ! Et, en plus, c’est moderne : on se déplace maintenant l’écran en avant. Le smartphone sert à tout : pour entrer, pour connaître le menu, pour payer… en attendant, un jour prochain, la puce à tout faire.

Il y a, toutefois, quelques drames individuels dans ce nouveau paradis. Ainsi, ce vieux monsieur et son vieux chien qui s’asseyent tous les matins, à 8 heures, à la terrasse du Chantilly, habitués parmi les habitués, seuls ou presque à cette heure matinale. Ils sont venus lundi matin, comme tous les jours, mais comme jamais, ils se sont fait jeter. Pas de passe ? Pas de café !

On a beau dire que tout est pour le mieux dans ce meilleur des mondes sanitaires ; feindre de croire naïvement, comme ce touriste qu’interroge 20 Minutes, que « tout se passe très simplement. Et dans six mois, ce sera normal et plus personne ne parlera du pass », on a tout de même des yeux pour voir que les terrasses des restaurants sont plus qu’à moitié vides. Et quoi qu’en pensent politiques et journalistes, ce n’est pas à cause des complotistes à front bas : c’est simplement parce que les gens n’ont plus envie. Plus envie de sortir, plus envie de voyager et, surtout, pas envie de se faire affubler d’un bracelet bleu (la trouvaille de la SNCF) comme on marque un troupeau de bestiaux !

Alors, pour paraphraser le slogan d’hier – quand on n’a pas de pétrole, on a des idées –, les Français commencent à imaginer des solutions de contournement. Ainsi, ce restaurateur dont Nice-Matin relate l’histoire. Il est à Auron, une petite station de sports d’hiver des Alpes-Maritimes. À 1.600 m d’altitude, l’air est pur, mais qu’importe, dura lex, sed lex. Le gérant du restaurant a déjà vu sa saison d’hiver lui passer sous le nez, alors il aimerait bien ne pas rater, en plus, la saison d’été. Du coup, une idée lui est venue pendant l’hiver. Voyant que la vente à emporter fonctionnait bien, il a pensé louer des tables à emporter avec son repas. Il en a acheté dix.

Avec ou sans tables, l’idée va faire son chemin. Comme l’hiver dernier, quand n’existait que le « click & collect », les gens se restaureront assis en rang d’oignons sur une bordure de trottoir, agglutinés sur les marches de l’opéra ou tassés sur les bancs publics. À deux mètres ou moins des terrasses désertées.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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