Si, en France, tuer un prêtre ne conduit pas forcément en prison, que des circonstances psychologiques ou des bouffées délirantes peuvent expliquer un crime, uriner dans une bibliothèque à 8 ans est passible de peine de mort au Pakistan.

Ainsi, un enfant hindou aurait uriné sur le tapis d’une bibliothèque islamique à Bhong, il est accusé de blasphème et se retrouve en détention préventive. Une décision sans précédent, The Guardian indique qu’il est la plus jeune personne de son pays (et pour cause) à être accusée de cette charge et risque la peine de mort.

Un membre de la famille de l’enfant indique au titre britannique : « Il n'est même pas au courant de ces problèmes de blasphème. Il ne comprend toujours pas quel était son crime et pourquoi il a été gardé en prison pendant une semaine. Nous avons quitté nos magasins et notre travail, toute la communauté a peur et nous craignons des réactions négatives. Nous ne voulons pas revenir dans cette région. Nous ne voyons aucune action concrète et significative qui sera prise contre les coupables ou pour protéger les minorités vivant ici. » Et, de fait, l’affaire a vite pris de l’ampleur, des intégristes musulmans s’en sont pris au temple hindou en représailles, ont endommagé des statues et incendié la porte principale du temple. La famille de l’enfant a dû fuir le quartier et se cacher.

« Lorsqu’une personne est accusée de blasphème, elle est plus en sécurité en prison que chez lui », explique Georges Lefeuvre, anthropologue et spécialiste du pays, dans Marianne, soulignant ainsi le rôle des responsables religieux radicaux qui vont instrumentaliser les foules. Selon un rapport de la Commission américaine sur les libertés religieuses dans le monde, le Pakistan est le pays qui détient ce triste record de représailles en réponse aux blasphèmes présumés.

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11 août 2021 à 13:00

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