Bertrand, Mélenchon, Jadot, Hidalgo : comment ils vont faire gagner Zemmour

élysée

Xavier Bertrand, Yannick Jadot, Jean-Luc Mélenchon et Anne Hidalgo vont se confronter dans la course à l'Elysée et, paradoxalement, le jeu de ces quatre candidats pourrait être favorable à la France. Pourquoi ? D'abord parce que deux d'entre eux (Xavier Bertrand et Yannick Jadot), supposés modérés (ou malléables et, donc, mous) prendront des voix à Emmanuel Macron, élu sur l'imposture de sa supposée bienveillance et de sa nouveauté. Xavier Bertrand, lui, prendra des voix sur sa droite. Yannick Jadot est plébiscité par les bobos, ce que ni Wauquiez ni Rousseau, connotés plus durs, n'auraient réussi à faire. De ce fait, Bertrand et Jadot feront des scores honorables, nivelant les résultats de tous les candidats engagés dans la course, ce qui met Emmanuel Macron en danger, y compris celui de ne pas atteindre le second tour. Anne Hidalgo peut sans doute compter, elle, sur sa base parisienne pour amputer celle de Macron. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il profite du cas Hidalgo et de son face-à-face avec Zemmour pour remonter dans les sondages : il est la meilleure police d'assurance pour que la gauche rose/verte/rouge, divisée et à un étiage historiquement faible, soit absente du second tour.

Les patriotes, eux, sont à un étiage élevé : leur potentiel se situe à 50 %. Rares seront ceux qui égareront leurs bulletins sur les trois mousquetaires de la gauche ou sur le très ambigu Bertrand. Encore moins sur Macron : on ne les trompera pas deux fois.

Si on lit les derniers sondages (faut-il y croire ?), Éric Zemmour (encore non-candidat) n'aurait plus que 5 à 7 points de retard sur Marine Le Pen. Ce qui veut dire qu'un transfert de 3,5 % suffirait à le faire passer devant elle pour être présent au second tour ! Entre ces deux personnalités, l'écart se resserre rapidement et l'on sait, par l'expérience, que si leurs courbes d'intention, l'une ascendante l'autre descendante, se croisent un jour prochain, elles ne se recroiseront plus dans l'autre sens.

Qu'est-ce qui provoquerait un tel croisement des courbes ? D'abord, bien sûr, que Zemmour annonce clairement son intention de candidature. Avant ou après le 4 décembre, date de la désignation du candidat LR ? Plutôt avant, pour écraser l'événement. Mais il faudra que cette candidature soit accompagnée de soutiens connus. Jean-Frédéric Poisson vient de faire le pas pour soutenir Zemmour. Mais il faudra que d'autres « petits candidats » à la présidence le fassent aussi : on pense à Asselineau, Lassalle, Martinez, Kuzmanovic, Philippot, et même Dupont-Aignan s'il ne veut pas apparaître comme une « Taubira » qui fit perdre son camp. Cette réserve compte pour 4 à 6 % : c'est énorme pour un premier tour. Zemmour n'ayant pas de parti bénéficiera, sans nul doute, d'un réseau de militants et de futurs députés patriotes issus de ces mouvances : on renouvellera ainsi la classe politique. D'autres personnalités connues pourraient se joindre au mouvement : Marion Maréchal (elle l'a déjà presque fait), les frères Villiers, Ménard, Messiha, Coûteaux. Dès lors, il n'est pas exclu que des personnalités engagées aux LR ou au RN viennent surfer sur la vague. Car les purges au RN vont faire refluer des élus et anciens élus régionaux du RN éjectés ou mis sur la touche sans avoir démérité. Il suffira de leur promettre une nouvelle destinée politique. Quant à la ligne molle au LR (ou si fraîchement durcie), elle déplaira sûrement à des Ciotti, Myard, Morano, Lisnard, Rivière, Aubert, Marleix, etc.

Tout redeviendrait alors possible pour la France.

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Henri Temple
Henri Temple est universitaire, juriste, théoricien de la Nation (auteur de :  Essai sur le concept de ‘’Nationisme’’, Sphairôs, 2024)

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