[L’ÉTÉ BV] Anywhere vs. somewhere : Trump/Le Pen, même combat ?
Cet article a été publié le 16/07/2024.
Tout l'été, BV vous propose de relire certains articles de l'année écoulée. Ici, nos chroniques du Macronistan.
La désignation de James David Vance par Donald Trump pour devenir son colistier et, par voie de conséquence, son futur vice-président rappelle l’importance toute particulière que le candidat accorde à son électorat populaire. Au même titre que le Rassemblement national (RN) en France, les républicains doivent puiser des voix auprès d’un électorat délaissé : celui du pays profond. Dans son récit autobiographique, Hillbilly Élégie – écrit bien avant que Donald Trump ne soit investi par le Parti républicain –, J. D. Vance explore le thème des classes oubliées, celle des « petits Blancs » vivant dans les lointaines périphéries des métropoles. Consécration, le best-seller du potentiel futur vice-président américain a même été adapté en film Netflix. Permettant une plus large compréhension du détournement de l’électorat ouvrier – traditionnellement démocrate – en faveur du Parti républicain, l’analyse de Vance est aussi valable en France et rappelle les travaux de Christophe Guilluy. Traditionnellement à gauche, la classe ouvrière s’est également détournée des partis de gauche au profit du Front national, et plus encore du Rassemblement national.
La France périphérique ou les hillbillies du RN
Des similitudes plus qu’évidentes existent entre l'électorat de Trump et celui de Marine Le Pen. Si d’aucuns considèrent que leur style politique respectif est populiste, ils ont su attirer les grandes masses des cols bleus démunis par une désindustrialisation trop rapide, trop brutale. Constat indéniable : 67 % des ouvriers ont voté pour le RN au second tour de la présidentielle de 2022, tandis que 67 % des Blancs non diplômés votaient pour Trump en 2016. Ainsi, tout comme l’électeur du Michigan et de l’Ohio (d'où est originaire Vance), les votants des grandes périphéries désindustrialisées du nord de la France se sont tournés vers un candidat qui leur témoignait une considération certaine.
Si la gauche française a délaissé l’électorat ouvrier des banlieues, les démocrates américains ne sont pas en reste. Payant le prix des années de désindustrialisation amorcée sous l’ère Clinton et parachevée sous Obama, le parti de centre gauche a perdu le vote ouvrier – électorat qu’a su reconquérir, dans une moindre mesure, Joe Biden. Toutefois, le bloc ouvrier n’est pas seul garant de victoire.
Éternel clivage des « somewhere » contre les « anywhere » ?
Les hillbillies (littéralement « plouc », en français) de Vance représentent une part essentielle des électorats de Trump et Le Pen. Mais, la captation d’un électorat plus bourgeois est indispensable pour celui qui veut le pouvoir. Si la distinction entre « somewhere » (populations avec une attache identitaire) et « anywhere » (personnes ne se reconnaissant pas d’attaches singulières) développée par le journaliste anglais David Goodhart semble de plus en plus opérante, il n’en reste pas moins que Marine Le Pen peinait, jusqu’aux élections européennes à capter les voix des catégories les plus aisées et les plus diplômées, d’ordinaire plus enclines à voter pour le parti d’Emmanuel Macron ou la droite dite de gouvernement.
Mais les temps changent. Les dernières élections européennes ont montré que le RN avait la capacité de séduire toutes les catégories socio-professionnelles. S’il était difficile de comparer un Parti républicain au RN jusqu’ici – une stratégie électorale ne fait pas tout –, leur mise côte à côte est désormais pertinente puisque le RN a réussi le pari de séduire à la fois les catégories populaires et supérieures. Comme l’expliquait le politologue Arnaud Benedetti à BV, « la progression [du RN] est forte, continue et massive ».
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18 commentaires
Difficile de comparer MLP et Trump. Elle n’insulte pas ses adversaires, n’est pas vulgaire ni ne fréquente assidûment les tribunaux en tant qu’accusée. Pas plus qu’elle n’invoque des « faits alternatifs « lorsque le réel ne se plie pas à ses souhaits.
Cela m’étonnerait que le RN, avec son programme économique mélenchoniste, puisse convaincre un jour les classes raisonnables, c’est à dire douées de raison…
Entre ML et Monsieur Trump il y a plus qu’un monde.
Trump connaît l’économie. Il a dirigé des entreprises.
Mme Le Pen ne connaît rien à rien : ses propositions sont voisines de celles de l’extrême-gauche. Une avocate : parler, parler, parler pour ne rien dire.
Si MLP avait un programme moins gauchiste et savait faire le tri dans ses candidats députés politiques, elle serait déjà au pouvoir ne vous en déplaise car un gros point où elle a plus que raison c’est sur l’immigration débridée et sur ce sujet vous oubliez que 70% des français sont d’accord !! En cas de guerre civile ? Vous souvenez vous de la révolution au fait vu votre particule ?
Etre de droite c’est avoir certaines idées nominatrice que n’à pas la gauche ayant toujours voter à droite et maintenant depuis certaines années pour le RN de Marine je suis toujours rester à droite avec les idées du Gle De Gaulle mon premier vote pour la France et son peuple.
A droite toute ! pour nos deux pays et pour les autres .
On constate que ceux qui redoutent le retour des « heures sombres » se comportent comme des obscurantistes. Ils font reposer leur domination sur les comportements collectifs les plus archaïques, les moins civilisés, qui favorisent la force, le préjugé, la détestation, concentrés dans le mécanisme du bouc émissaire. Ils font corps pour la perpétuation de leur domination en désignant à la vindicte toute une partie de la population qui doit rester à la marge, infréquentable, repoussante à cause de ses idées déclarées « nauséabondes ».
Ce qui fait monter le RN dans toutes les couches sociales, ce n’est pas l’économie. C’est l’insécurité qui frappe tout le monde, partout… Et ce n’est pas fini. La dispersion des migrants dans les petites villes de provinces, avec le cortège d’incivilités et de délinquance qui l’accompagne, va encore accentuer le phénomène. Hors, l’insécurité et la volonté farouche de la combattre, n’est pour l’instant, personnifiée que par le RN et par Reconquête
Bonne analyse
Et leur comportement digne et responsable à l’assemblé nationale a été pour beaucoup dans leur ascension.
Une énorme différence, Trump lui est fermement de droite, contrairement à Marine Le Pen qui semble t il ne sait pas très bien où elle se situe.
Si quelqu’un pouvait m’expliquer ce que signifie « être de droite »? c’est être comme Pécresse, Darmanin, Lemaire, Rachida Dati c’est à dire ne pas avoir d’avis sur les sujets importants comme la souveraineté européenne ou française, l’immigration, la sécurité, la dette abyssale de 3100 Milliards d’euros et finalement être intéressé uniquement par le pouvoir
La droite a partagé le pouvoir avec la gauche depuis 50 ans, quelle est la différenc
La caste des pseudos « partis de gouvernance » se partage le gâteau depuis pompidou au niveau « FRANCE » … et en même temps, se couche pour servir de paillasson à tout ce qui est ANTI-France à commencer par l’Allemagne ainsi qu’aux pays africains ! …
Les votes « RN » sont surtout des votes anti E Macron (le cahot ou moi..) mais certainement pas des votes d’adhésion. M Le Pen vogue au fil de l’eau. Les élections de 2027 pourraient bien créer des surprises!
Cet opinion n’engage que vous…
Vous avez raison comme tous ces politiques qui veulent garder leurs pré-carré. Ce n’est plus Macron le problème à mon avis vous n’avez rien compris. Gardez vos femmes, filles et ados à la maison ce sera plus sûr !
En phase avec Nico 42.