Allemagne : Merz chancelier, un mandat fragilisé par les compromis. Et par l’AfD

Friedrich Merz est devenu le nouveau chancelier d’Allemagne. Non sans mal. Lors du premier tour de scrutin au Bundestag, le 6 mai dernier, le chef du parti chrétien-démocrate (CDU) a échoué à obtenir la majorité absolue, une première dans l’histoire de la République fédérale, ne recueillant que 310 voix sur les 316 nécessaires. Ce n’est qu’au second tour, avec 325 voix, qu’il a finalement été investi, révélant la fragilité de sa coalition avec les sociaux-démocrates du SPD. Le « mariage de raison » entre conservateurs et sociaux-démocrates, conclu le 9 avril après des semaines de négociations, suscite de vives critiques, notamment de la part de l’AfD, qui dénonce une trahison des électeurs de droite alors que Merz avait promis un virage conservateur.
Une coalition bancale et des défis colossaux
Le nouveau chancelier hérite d’une Allemagne en proie à des défis majeurs. Merz a d’ores et déjà annoncé un plan d’investissements massifs de plusieurs centaines de milliards d’euros pour réarmer le pays et moderniser ses infrastructures, nécessitant un assouplissement du « frein à l’endettement ». Cette décision, saluée par ses pairs européens, a cependant suscité des critiques acerbes au sein même de la CDU, où beaucoup lui reprochent d’abandonner l’orthodoxie budgétaire qu’il prônait en campagne. Merz doit aussi composer avec une coalition fragile. L’accord avec le SPD, qui inclut une politique migratoire plus restrictive - qui ne va pas au bout de ses promesses de campagne - et une hausse du salaire minimum, a été perçu comme une capitulation par nombre de ses électeurs conservateurs.
Cette alliance, surnommée la « petite coalition », repose sur des bases instables, le SPD ayant subi une débâcle électorale, avec seulement 16,4 % des voix aux législatives du 23 février dernier. Cette union droite/gauche est largement fustigée par l’AfD. Interrogé par BV, Alexander Sell, député européen AfD, nous confie que « pour réaliser son rêve de devenir chancelier, Friedrich Merz a rompu toutes ses promesses électorales et a cédé son parti aux sociaux-démocrates ». Pour autant, l’élu se félicite que son parti capte toujours davantage d’électeurs de droite déçus : « De plus en plus d’électeurs en Allemagne se rendent compte que la CDU n’est plus un parti conservateur. »
L’AfD en embuscade, entre opposition et ambition
L’AfD, forte de son score historique de 20,8 % aux législatives - remontée comme jamais depuis sa mise sous surveillance pour « extrémisme » -, s’érige en principale force d’opposition. Contactée par BV, Irmhild Bossdorf, eurodéputée AfD, dénonce un « cordon sanitaire » contre son parti et annonce que celui-ci adoptera une posture d’opposition résolue face à l’exclusion croissante de l’AfD. L’élue mise sur les prochaines élections régionales de 2026 : « L’année prochaine auront lieu les élections régionales en Saxe-Anhalt, que nous attendons avec impatience et où l’AfD devrait, en tant que premier parti, remporter la victoire. »
Alice Weidel, chef de l’AfD, est encore plus virulente. Sur X, elle déclare que Merz a « eu ce qu’il mérite » avec son échec au premier tour, reflet de la faiblesse de la « petite coalition » rejetée par les électeurs. La chef d’opposition fustige un possible « pacte avec la gauche », qu’elle qualifie de « grande trahison » envers les électeurs et le pays, tout en appelant à de nouvelles élections. Un scénario aujourd'hui peu probable.
"Als AfD sind wir angetreten, dieses Land vom Kopf auf die Füße zu stellen. Wir sind bereit für die Regierungsverantwortung. Und fordern dazu auf, Vernunft walten zu lassen. Herr #Merz sollte sofort abtreten. Es sollte der Weg geöffnet werden für Neuwahlen in unserem Land!" pic.twitter.com/gzZochF5p5
— Alice Weidel (@Alice_Weidel) May 6, 2025

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19 commentaires
En France pas de majorité , en Allemagne pas de majorité , quand les Européens se rendront-ils compte que l’Europe fédérale nous mène à la catastrophe . Europe de Maastricht non , Europe des nations oui . Vive la démocratie .
La Tambouille électorale qui fragilise toutes les « démocraties » qui la pratique va rebattre les cartes, le réveil risque d’etre rude pour certain europeistes- mondialistes
Comment l’Allemagne pourrait elle bien fonctionner lorsque l’on voit que, là bas aussi, la démocratie est bafouée. Bon, ils n’ont pas encore de Melanchon … pour l’instant apparemment.
» Mariage de (dé) raison » entre conservateurs et sociaux-démocrates ». Finalement, France et Allemagne même combat. Nous nous avons Bayrou (que je n’accuse pas de tout les maux). Il fallait un louvoyeur, nous l’avons). A « Extème drouate » que de crimes (contre la Démocratie) ne commet-on pas en ton nom…
Partout pareil au secours..
En Allemagne comme en France , et pour les mêmes raisons , les électeurs élisent des représentants classés sur l’échiquier politique à l’extrême droite .
Et dans les deux pays , ces partis sont marginalisés , écartés , diabolisés , harcelés par la justice , par des partis autoproclamés démocratiques qui s’acoquinent avec des partis d’extrême gauche et leurs amis qu’il est interdit de nommer .
En Allemagne, le système est encore plus tordu que le nôtre.
Les adversaires s’allient pour essayer de gouverner.
Parce que ce n’est pas le cas en France…?
Le danger c’est l’extrême drouââââte , c’est bien connu , alors on fait des alliances contre nature avec l’extrême gauche qui pratique l’antisémitisme et a des amitiés particulières avec la religion de paix et d’amour .
Chez nous les adversaires pratiquent les désistements entre les deux tours pour faire élire des députés hybrides .
Et qu’est-ce qu’ont fait les Macronistes aux législatives ?? et certains LR ??
Le premier vote ne convenait pas, alors on revote et puis ce dernier est bon. Il faudrait voter une troisième fois pour être bien certain, non ? C’est comique dans une comédie mais pas dans le contexte d’élection pour un chancelier, ce n’est pas sérieux non plus. Elu sur une infamie déjà s’accoquiner avec la gauche désavouée par le vote citoyen, ce n’est pas ce qu’il y a de bon pour diriger un Etat quel qu’il soit ou alors mafieux ou pourri mais ne n’est certainement pas le cas de l’Allemagne si démocratique, gentille et sympa…Pour la petite histoires, j’ai adoré l’explication furtive de TF1 concernant l’épisode des votes donnés par le parti même du fumeux Merz. Voilà, c’était un avertissement au Chancelier, suite à une agitation récente avec l’AfD pour faire passer une loi ou un projet de loi je ne sais plus, et sans doute aussi le journaliste attitré qui raconte cette balaise lue sur le prompteur. (Comment le média sait cela dans les heures qui suivent le vote ? Il a questionné les protagonistes juste après ?). Et on s’étonne que bien des gens ne regardent plus les « jt »…
En Allemagne comme en France , et pour les mêmes raisons , les électeurs élisent des représentants classés sur l’échiquier politique à l’extrême droite .
Et dans les deux pays , ces partis sont marginalisés , écartés , diabolisés , harcelés par la justice , par des partis autoproclamés démocratiques qui s’acoquinent avec des partis d’extrême gauche .
Ce soir le ministre de l’intérieur allemand vient d’annoncer le refoulement aux frontières des clandestins ayant aucun document officiel d’identité sauf pour les enfants et les femmes en danger.
Les frontières seront surveillées par la police
Et ce matin, avec macron ils annoncent « un conseil de défense » ! …
Qu’attendre de l’Allemagne ? ! … RIEN
FREXIT de toute urgence de l’UE régentée par l’allemagne …
« Un conseil de défense « quand on est pas attaque.. ça rappelle le covid..du macron pur jus..bientôt la mobilisation générale et le partage du feu nucléaire..on va l’arrêter quand ?
Donc l’allemagne fait tout ce qu’elle a envie avec « ..l’europe »il n’y a que nous pour se faire » condamner »
Et le ministre de l’Intérieur français il le fait quand ? L’Allemagne a reçu le message des électeurs sur l’immigration et ses conséquences désastreuses .
A partir du moment ou Merz avait durant la campagne électorale exclu toute coalition avec l’AFD, une coalition avec le SPD était forcément une des options qui s’offrait à Merz! Même s’il n’en parlait pas lors de la campagne électorale l’ancien de Black Roc Allemagne n’excluait évidemment de pactiser avec le SPD avec forcément des concessions à faire! Si des électeurs de la CDU s’estiment avoir été bernés par Merz, ils ne peuvent s’en prendre qu’à eux même! Faire aveuglément confiance à un politicien CDU en campagne lequel exclut toute une alliance avec l’AFD ne pouvait que conduire à cette trahison! Tant pis pour les naïfs qui ont cru en Merz et à ses promesses! Pasqua disait: les promesses n’engagent que ceux qui y croient! Electeurs de la CD, si vous vous sentez trahis, tant pis pour vous la naïveté se paie au prix fort! Vous avez ce que vous méritez!