Agnès Thill et Marion Maréchal victimes du sectarisme de LREM

liberté d'expression d'opinion

Chassez le naturel, il revient au galop ! Les élections européennes n’ont été qu’une petite défaite, non un désastre, les sondages s’améliorent et les gilets jaunes semblent vaincus, alors, les « En Marche », brandissant les deux initiales EM - celles d’Emmanuel Macron, comme par hasard -, retrouvent leur identité, un moment voilée par les difficultés, et affichent l’arrogance outrancière qui les caractérise.

Il y a des imbéciles qui pensent que ce « parti sectaire », selon le mot de la première victime, réuni derrière son gourou et assoiffé de pouvoir, est de droite, comme si c’était le portefeuille qui caractérisait la droite, et d’autres qui vont jusqu’à prétendre qu’il est libéral. Se croyant sauvé des eaux populistes, si méprisables selon lui, il étale sans vergogne son totalitarisme, sa volonté d’être un parti unique au service d’une pensée unique, et donc son opposition radicale à la démocratie.

Coup sur coup, ce sont deux femmes qui en sont les victimes. D’abord, le parti a exclu la députée de l’Oise, Agnès Thill. Celle-ci a osé dire son opposition à la procréation médicale assistée au profit des lesbiennes ou des femmes seules, c’est-à-dire à la programmation légale de l’enfant sans père. On lui reproche de s’être présentée à la députation au nom d’un parti qui faisait figurer cette proposition dans son programme. C’est un premier scandale : un député dispose d’une légitimité personnelle qu’il tient de ses électeurs, et le mandat impératif qui l’obligerait à voter selon les oukases du parti est inconstitutionnel. On peut adhérer à un grand parti pour des raisons essentielles, et être plus réservé sur des questions particulières. C’est ce qui crée la diversité nécessaire au débat démocratique, indispensable à la qualité de la discussion sur un projet de loi, lorsqu’un parti dispose d’une majorité plus écrasante que jamais.

Le second scandale tient aux motifs retenus pour justifier l’injustifiable. Mme Thill aurait tenu des propos polémiques ? Mais la polémique est le combat des idées, et il n’y a pas de démocratie sans polémique. La pensée unique qui s’en formalise est une forme douce du despotisme, celle que craignait et qu’annonçait Tocqueville. On ne décapite plus les opposants, on ne les fusille pas, on se contente d’étouffer leur voix. Elle aurait, par ailleurs, parlé de « lobby » LGBT. Le politiquement correct interdit de l’évoquer, car ce serait faire preuve d’homophobie. Cet argument est monstrueux : qu’il y ait un groupe de pression favorable à l’homosexualité, un groupe d’une puissance et d’une intolérance inouïes, est une évidence que vient révéler aux distraits ce qui arrive à Mme Thill. Que les parlementaires soient tenus de se soumettre à ses exigences est un déni de démocratie.

Marion Maréchal qui, certes, appartient à la famille Le Pen, qui, certes, a été députée FN, mais ne l’est plus, n’a jamais déguisé ses idées libérales en économie et conservatrices sur le plan sociétal. Il est donc logique que des élus « républicains » la rencontrent, puisqu’ils partagent bien des valeurs communes. Mais, les caciques du parti condamnent cette rencontre. Marion Maréchal a aussi été invitée à l’université du MEDEF. Aussitôt, LREM annonce qu’il ne viendra pas. La limite de l’insupportable est franchie. Ce ne sont pas les idées qui sont ici rejetées, mais la personne, non pas ce qu’elle pense mais ce qu’elle est : intouchable ! Non seulement on refuse le débat avec un parti qui recueille un quart des voix en France, on interdit de lui donner la parole, mais maintenant, on somme le MEDEF de ne pas accueillir une personne qui a appartenu à ce parti, comme si une marque criminelle ou une maladie contagieuse devait l’isoler à vie !

Les Français ne semblent pas prendre conscience de la voie dangereuse dans laquelle s’est engagé le pays. À force de dénoncer le populisme, on a exclu une grande partie du peuple et, par là, mis la démocratie en sommeil. Le réveil ne sera pas nécessairement démocratique.

Christian Vanneste
Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois