Agnès Pannier-Runacher pointe les « saboteurs de Greenpeace »

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Le gouvernement macroniste se signale ordinairement par son alignement sur la civilisation du buzz. Fausse disruption, faux clash, fausse polémique servent à masquer les vrais 49.3, les vrais décrets liberticides, les vraies atteintes à la liberté d’expression (que ce soit sur Internet ou dans le domaine du climat – on en a parlé ici). Mais là, il va être difficile de bouder son plaisir.

Jusque-là, dans le domaine énergétique, il était de bon ton, au sein de l’opinion publique mainstream, de dire du mal du nucléaire, de s’en remettre aux énergies vertes, d’invoquer le terrible précédent de Fukushima, en vérité pas si terrible que ça – mais puisque ça finissait comme « Hiroshima » et que ça parlait de nucléaire, c’était très pratique pour faire peur. Il fallait davantage d’éoliennes, davantage de panneaux solaires, moins d’énergies fossiles, des voitures électriques et une diminution progressive de l’empreinte carbone de l’homme, en échange d’une augmentation des déchets d’énergie « verte » impossibles à recycler (comme les pales des éoliennes, par exemple). Il y avait même - vous vous souvenez ? - ces images à peine croyables de Dominique Voynet se vantant d’avoir menti pour faire en sorte que le nucléaire français soit démantelé.

Greenpeace, l'ONG du dogmatisme

Eh bien, là, il semble y avoir un léger retour de bâton. Un retour du réel, pourrait-on même dire. Greenpeace était, hier, devant le siège de l’OCDE, à Paris, afin de perturber une conférence internationale sur le nucléaire. Et cette conclusion : « Attendre 15 à 20 ans de nouveaux réacteurs alors que cette décennie sera cruciale pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C, c'est du sabotage climatique. » Du sabotage climatique, rien que ça, que d’attendre quelques années pour avoir une énergie propre et sûre. Que faire, alors, ô Greenpeace, pour retarder l’apocalypse ? Construire des centrales à charbon par centaines, comme en Allemagne ou en Chine ? La solution ne nous est pas livrée.

Reprise de volée immédiate d’Agnès Pannier-Runacher : « Le sabotage climatique, c’est Greenpeace. Quand on réfute la parole des experts et des scientifiques par dogmatisme et que l’on est plus prompt à attaquer le nucléaire décarboné français que les énergies fossiles russes, on est discrédité pour se dire défenseurs du climat. »


La deuxième partie est vraie : on n’entend pas Greenpeace sur les énergies fossiles russes, ni sur le gaz azéri d’ailleurs, et il est toujours facile (et pas risqué) de s’en prendre à des pays dans lesquels les ONG stars ne risquent, pour leurs propos faussement provocants, qu’un petit coup de règle sur les doigts.

Un rapprochement plutôt stylé

Plus controversée (et donc plus appréciable) est la première partie de ce tweet. Associer les mots « sabotage » et « Greenpeace » quand on est ministre de la Ve République, c’est tout de même osé. C’est donc plutôt stylé, comme disent les jeunes. En effet, on pense immédiatement, en termes de sabotage, à celui du Rainbow Warrior par les services spéciaux français dans le port d’Auckland, en 1985. Allez savoir si Agnès Pannier-Runacher a fait exprès, mais « Greenpeace saboteur », c’était plutôt bien joué.

Bref, pour une fois qu’un ministre de Macron ose l’humour noir, fût-il involontaire, on prête l’oreille. Greenpeace n’a rien donné à la vie politique française depuis sa création - à part l’écolo Yannick Jadot, son ancien directeur des opérations - mais s’est répandue en conseils, en protestations et en discours alarmistes. Rien de concret, de l’agit-prop, du lobbying : on comprend que même les macronistes, habituellement hautains et lénifiants, tellement au-dessus de tout ça, en aient ras le bol, et ça méritait bien un petit revers lifté.

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 01/10/2023 à 16:26.
Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Depuis 4 décennies les ONG et politicards véreux corrompus incompétents malhonnêtes ont saccagé la France

  2. Je n’ai même pas envie de commenter les « commentaires  » de Pannier Runacher car je vais être très désagréable . Une seule petite question ; que pense -t-elle du fossoyeur de la FRANCE son  » patron seigneur et maître ?

Commentaires fermés.

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