Abrogation du délit de solidarité : la petite entreprise de Cédric Herrou ne connaîtra pas la crise

Herrou migrants

Les « Zorro » de l’immigration clandestine se frottent les mains. Le Conseil constitutionnel a censuré le principe du « délit de solidarité ». Une aide désintéressée au séjour irrégulier ne saurait, désormais, être passible de poursuites au nom du « principe de solidarité ». Cédric Herrou, l’agriculteur-éleveur de migrants, a été entendu. Par autocars, par camions, et même convois exceptionnels, il va pouvoir enfin vider l’Afrique de ses habitants. Organiser le transfert, créer des réseaux, des franchises, former de nouveaux « Zorro ». La tâche est immense, le marché considérable. Ensuite, s’attaquer à l’Inde, où la misère sévit également. Une flotte de gros porteurs est envisageable. Mais n’anticipons pas. D’abord, demander la construction d’une voie spéciale, non limitée à 80, pour amener plus rapidement à destination le malheureux migrant assoiffé d’écrans plats et d'iPhone 8, puis le livrer ensuite clés en main à une quelconque entreprise de nettoyage qui lui versera un salaire mensuel équivalent d’une année de travail dans son pays d’origine, à savoir 450 €. L’humanisme est en marche. La traite négrière du XXIe siècle manquait de bras. Le Conseil constitutionnel lui en fournit.

Exemption de poursuites lorsque l’aide au "séjour n’a donné lieu à aucune contrepartie directe ou indirecte", précise le texte. Matérielle ou financière, ont-ils voulu dire. Pas d’argent, aucun cadeau. Pour la gloire. Et c’est précisément pour cette contrepartie que les bons apôtres de l’immigration illégale œuvrent sans relâche. Ah, qu’il est bon de se vivre en sauveur de l’humanité ! En héros des temps modernes ! En vengeur masqué ! Réparateur de l’injustice mondiale. Soudain, des couples hébergent un nécessiteux africain alors qu’ils n’avaient jamais songé à fournir le moindre bout de pain au sans-abri du coin. La contrepartie est l’histoire qu’ils se racontent. L’image magnifique de leur propre personne qu’ils retirent de l’aventure. Et au diable toute réflexion de fond ! Toute vision à long terme. L’unique moteur est le bonheur de se voir si bon en ce miroir.

Les petits malins qui ont remplacé le terme « immigré » par « migrant » l’ont fait en pleine conscience de la connotation romantique que le mot véhiculait. Les vocations humanitaires à l’égard de ces nouveaux arrivants se sont multipliées à partir de ce changement d’appellation. Le couple béat devant son Soudanais n’avait jamais songé, non plus, à recueillir un immigré sans papiers. Le scénario n’était pas à la hauteur de la romance dont ils avaient besoin pour flatter leur ego. La dramaturgie ne convenait pas. Grâce à cette narration, ils deviennent les héros du film. Des Martin Luther King en culottes courtes.

Etre reçu en héros au Festival de Cannes est l’apothéose de cette démarche. L’ultime contrepartie. Reconnu descendant direct de Robin des bois. Un Robin des bois avec bureau, téléphone et l’aval du gouvernement. Défenseur de l’opprimé cautionné par l’oppresseur. La farce est énorme. L’idiot utile, toujours plus idiot, toujours plus utile. Mais convaincu d’être le phénix de ces lieux. L’inventeur de cet attrape-couillon mérite le prix Nobel de l’enfumage.

Jany Leroy
Jany Leroy
Chroniqueur à BVoltaire, auteur pour la télévision (Stéphane Collaro, Bêbête show, Jean-Luc Delarue...)

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