70.000 islamistes s’entassent dans le camp d’Al-Hol, en Syrie
On trouve de tout, dans le camp d’Al-Hol : des hommes, des femmes et des enfants, des Syriens, des Tchétchènes, des Tunisiens, des Algériens, des Français, des Belges, des Chinois. La liste des nationalités représentées est interminable. Il y a même une femme originaire de Trinité-et-Tobago, dans les Caraïbes !
Leur point commun ? Avoir servi Daech, autrement dit l’État islamique. Ils ont été faits prisonniers tout au long de ces derniers mois, au fur et à mesure de l’avancée des troupes arabo-kurdes encadrées par les États-Unis. De Manbij et Raqqa, au nord, jusqu’à Baghouz, lieu des ultimes combats près de la frontière irakienne, les Kurdes envoyaient vers Al-Hol, au nord-est de la Syrie, tous les débris de Daech qui leur tombaient sous la main. Enfin, presque tous : on sait, en effet, que des échanges de prisonniers ont eu lieu au cours des combats de Raqqa et de Baghouz et que de nombreux djhadistes se sont évanouis dans la nature. On les reverra…
En attendant, la gestion de ce camp relève du casse-tête. Les tensions y sont multiples, les bagarres incessantes. Pour se ravitailler, il faut aller au souk, installé à côté, sous bonne garde ; il est donc nécessaire de demander l’autorisation aux gardiens kurdes. Celles qui le font se voient reprocher par les plus dures de parler à de mauvais musulmans. Une Belge interrogée par l’AFP confie son désir de retourner en Belgique et de quitter cet enfer : « Elles me font peur », confie-t-elle, en parlant des plus extrémistes, en tête desquelles des Tchétchènes, des Russes et des Tunisiennes. Celles-là ne s’en laissent pas compter : jets de pierres contre les journalistes, insultes quotidiennes contre les gardiennes kurdes qui ne portent pas le voile. Les divisions sont donc multiples au sein de Daech mais, rassurez-vous, toutes portent le niqab noir.
Pour tenter de s’y retrouver, les Kurdes ont isolé les Syriens des autres nationalités : 10.000 non-Syriens et non-Irakiens sont, ainsi, parqués dans un enclos à part. Plusieurs dizaines de nationalités y sont représentées. Les Kurdes aimeraient bien s’en débarrasser et les renvoyer dans leurs pays d’origine, mais personne n’est pressé d’accueillir ces fanatiques qui n’ont rien renié. De plus, beaucoup des jeunes enfants présents ont assisté, voire participé, à des scènes de torture et de décapitation. Qui peut prendre le risque d’accueillir des familles qui ont un tel parcours ?
La logique voudrait qu’on les abandonne à leur sort et qu’ils assument ainsi leur choix : pourquoi devrait-on accueillir des traîtres qui ont du sang sur les mains ? Les Kurdes ne sont évidemment pas d’accord et, même s’ils reçoivent des fonds importants pour gérer tout cela, la situation ne pourra pas s’éterniser.
La Syrie a rappelé que tout cela se passait sur son sol, dans un territoire occupé illégalement par les Kurdes et les Américains. Elle rêve, bien sûr, de récupérer la gestion de ce camp, ce qui lui permettrait de s’occuper elle-même des Syriens de Daech et d’obliger les autres pays à parler avec elle afin de se mettre d’accord sur une solution.
Les Américains n’ont, bien sûr, pas répondu mais, un jour, il faudra bien prendre une décision.
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