Quand un animateur de « Questions pour un champion » veut interviewer un homme politique, un nom s'impose : François Hollande. Champion de rien, tous les titres lui restent à conquérir. À l'invitation de Samuel Étienne, l'ex-Président était venu s'exprimer sur la plate-forme Twitch, qui permet des retransmissions en direct sur le Net.

Hélas, dès le début du jeu, le concurrent trébuche. À la question « Quel est votre plus grand regret ? », au lieu de répondre Leonarda, Théo, scooter ou « ma capacité à redresser le pays », François Hollande appuie sur le buzzer et déclare : « Mon plus grand regret, c'est de ne pas m'être représenté. » Moins 2 points. Ça commence mal.

Quatre ans ont passé, mais l'homme rumine encore son renoncement à un éventuel second mandat. Il n'a pas la tête au jeu. « Cette décision, je l'ai prise trop tôt », précise-t-il. Avec des sondages le situant à moins de 10 % d'intentions de vote, fin 2016, il est vrai qu'il ne lui manquait plus que 12 ou 13 % pour figurer au deuxième tour. Un voyage à Lourdes, un geste du Vatican et la sélection était à portée de main.

Et ne lui parlez pas d'Emmanuel Macron. À l'évocation de celui qui fut son ancien ministre, le candidat fait part de son amertume : « Vous faites bien de le rappeler, lui-même peut-être ne s'en souvient pas. » Cet inconnu qu'il a sorti du ruisseau, porté à bout de bras... Quelle ingratitude ! Pour tout remerciement, l'odieux personnage qu'il a propulsé bien involontairement à l'Élysée entretient une bonne relation avec Nicolas Sarkozy « C'est sans doute plus facile de consulter son lointain prédécesseur que son ancien employeur. » « Et moi, alors ? J'ai l'air de quoi ? Je sers à quoi ? » L'appel de François Hollande à une main tendue de la part de son successeur est vibrant. En qualité d'ex-grand timonier, lui aussi peut donner des conseils. Meilleurs que Sarkozy ! Plus beaux, plus judicieux... Gastronomie, deux roues, tir à l'arc, gestion de premières dames...

Entre les mots, l'auditeur semble comprendre que François Hollande ne serait pas fâché qu'Emmanuel Macron connaisse la même mésaventure électorale que lui. Des sondages désastreux suivis d’un renoncement à la présidentielle. Son ex-Premier ministre, le populaire Édouard Philippe, se porte candidat et remporte l'élection. Macron effectue un repli stratégique sur la ville de Tulle. Ensemble, ils forment le cercle des Présidents disparus. Un comité de sommités à qui personne ne demande rien. La préfecture de Corrèze devient une casse d'hommes d'État mis au rencart dont François Hollande est le valeureux ordonnateur. En salopette bleue, il se voit stocker des éconduits de la République, les recycler, les embaucher à l'entretien des espaces verts. Enfin champion de quelque chose. Quelle revanche !

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11 mars 2021 à 14:08

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