Budgets militaire et diplomatique américains : attaques préemptives en perspective ?

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Il a fait le bon diagnostic, puis a développé ("discours de Gettysburg") un plan facile d’exécution, mais reste dans l’incapacité de lui donner force de loi : les parlementaires républicains, compliquant sa tâche, se limitent à satisfaire les exigences des intérêts privés qui les financent. Résultat : rien de majeur n’a été voté depuis six mois. C’est comme si, le licenciement de Trump étant déjà décidé, personne n’était intéressé à voir réussir son approche nationaliste et multipolaire.
Somme toute, Trump est un personnage tragique…

Alors il en est réduit à gouverner par décrets (qui sont immédiatement contestés par les juges qui lui sont politiquement hostiles) et à se reposer sur sa loyale coalition de tribus : les chrétiens conservateurs, les juifs conservateurs et les populistes qui, tous, se moquent de cette « affaire russe » qui terrorise les républicains mous tout en faisant les choux gras des néocons. Enfin, par-delà Twitter, il parvient à survivre grâce à trois segments de Fox News : "Fox and Friends" (tôt le matin), "Tucker Carlson Tonight" (soirée) et "Hannity" (tard le soir). Ces deux derniers déjà taxés de « suppôts de Poutine »…

Pour le reste, Trump « byzantinise ». Ainsi des budgets miliaire et diplomatique en discussion (révision 2017, et budget 2017-2018) : ses 54 milliards d’augmentation (défense) font déjà objet de l’ire des néocons du Sénat, car "insuffisants" (McCain et Graham : "Il faut 80 milliards !"), tandis que les coupures drastiques des budgets caritatifs du département d’État ont provoqué une violente réaction de rejet de la part des mêmes. Pourquoi ? Un retour à une activité strictement diplomatique anéantit les outils "soft power" (autrement dit : ingérence et sédition) mis en place par Clinton/Obama pour monter – sur le modèle ukrainien - les « changements de régime » favoris des clans du "deep state" : Russie, Iran, Israël et Chine (en incluant son faux nez, la Corée du Nord).

Ces quatre pays sont donc ciblés par la coalition néocons/libéraux interventionnistes.

De leur point de vue, le budget militaire américain 2018 (824 milliards de dollars, source The Balance, 29 juin 2017) ne représente seulement que la somme de tous les autres budgets militaires du monde (la Chine contribuant au quart de ce montant et la Russie le 14e). Mais c’est assez pour relancer une présence au Proche-Orient, en appui sur les alliés saoudien et israélien, afin de « finir » Daech et, surtout, de semer le chaos en Iran… Bref, assez pour inquiéter la Chine et la Russie.

Le site pro-russe Strategic Culture Foundation estimait, le 17 juillet, que les États-Unis préparent une intervention contre l’Iran ("US Stumbling into War with Iran"). Ce même site avait titré, deux jours plus tôt : "Lunatic US Hawks Want War on Russia and Iran"). Intox du FSB (ФСБ : Федеральная служба безопасности Российской Федерации/Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie) ? Peut-être… Il est cependant indéniable que les représentants du "deep state" se considèrent dans le vrai, tel "Caton l’Ancien" (surnom donné à McCain par Poutine). Le général Curtis LeMay, qui prenait Kennedy pour une chiffe molle, déjà voulait préemptivement vitrifier l’Union soviétique en 1961 (The New Yorker, 16 octobre 2012 : "Waiting for World War III").

Trump, futur Kennedy ?

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 09/01/2020 à 17:36.
André Archimbaud
André Archimbaud
Consultant stratégique

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