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Le Conseil d'État a définitivement tranché : la crèche de la mairie de Béziers est interdite.

Pour Robert Ménard, cette décision de justice ne concerne que la crèche de 2014 : depuis lors, des crèches plus adaptées, mieux insérées dans les festivités de la ville, ont été présentées. Il ne désespère donc pas de convaincre le Conseil d'État de changer de position pour ces autres crèches, qui font chacune l'objet d'une plainte spécifique... mais aimerait aussi vivement qu'on cesse de les harceler !

Robert Ménard, le Conseil d'État a définitivement tranché l'affaire qui oppose la ville de Béziers à l'État depuis trois ans. Vous n'avez pas le droit d'installer une crèche dans la mairie de Béziers. Quelle est votre réaction face à cette décision du Conseil d'État ?

Tout d'abord, je rappelle que cette décision ne concerne que la crèche de 2014. Ce n'est pas une décision qui concerne les crèches en général, mais bien cette crèche-là !
Or, depuis 2014, un certain nombre de jurisprudences et de positions du Conseil d'État sont venues préciser ce qui est permis en matière de crèches dans les mairies.
Depuis trois ans, nous présentons des crèches différentes, des crèches plus adaptées, plus insérées dans les festivités de la ville, et des crèches plus culturelles.
Je ne désespère pas, car il y a d'autres contentieux. Il y a un contentieux initié chaque année par les mêmes organisations, la Ligue des droits de l'homme, les Libres penseurs…
Toutes ces personnes vivent largement avec notre argent et leurs plaintes sont leur fonds de commerce. Nous avons donc une plainte à chaque fois. Je pense qu'on en aura encore une cette année, car nous ferons bien sûr une crèche cette année. C'est pourquoi j'espère que le Conseil d'État changera de position quand il aura étudié les autres crèches de la ville.

S'il ne s'agit que de 2014, qu'en est-il des crèches 2015, 2016 ou 2017 ?

À chaque crèche, nous avons des poursuites différentes. Cela donne lieu à toute une batterie de décisions.
Il y a d'abord les référés. Ils ont chaque fois été perdus jusque-là .
Ensuite, une décision de fond est rendue, puis un appel et enfin éventuellement, de nouveau, le Conseil d'État.
Ce n'est pas comme le titre la presse locale : "L'État dit non au maire de Béziers."
En réalité, l'État a dit non à une crèche construite en 2014.
Je ne désespère pas de convaincre le Conseil d'État. Mais, en même temps, arrêtons de nous harceler ! C'est quand même invraisemblable !
On se pose la question de savoir si on va refaire venir en France des djihadistes et leur famille qui ont choisi de trahir ce pays et on ne me laisse pas mettre une crèche dans mon hôtel de ville parce que ce serait attentatoire à je-ne-sais-quoi. C'est peut-être attentatoire à une conception djihadiste de la laïcité.
J'ai une conception libérale de la laïcité.
Bien sûr que chaque religion doit pouvoir s'exprimer de façon paisible, mais on ne va pas éradiquer toutes les traces du catholicisme dans l'Histoire de France et pourchasser chacune des crèches de nos hôtels de ville.

Cette décision n'intervient-elle pas en écho à la polémique de la statue de saint Jean-Paul II de Ploërmel ?

Absolument.
La moitié des peintures de la salle de mon conseil municipal sont religieuses.
Que dois-je faire ? Dois-je les enlever et les brûler ? Cela ne rime à rien.

Encore une fois, je suis respectueux de la laïcité, mais une laïcité ouverte, tolérante et qui ne consiste pas à pourchasser ce que nous sommes et à nier notre histoire.
À Béziers, comme dans le reste de la France, nous ne sommes pas un pays de tradition musulmane, mais de tradition judéo-chrétienne. Il ne s'agit pas de déclarer la guerre aux autres religions. Chaque année, lors de l'inauguration de la crèche, sont présents évidemment les représentants du culte catholique, mais aussi du culte musulman.
Il y a des messages de solidarité de toute part. L'an dernier, 23.000 personnes sont venues visiter la crèche de Béziers dans une ville de 77.000 habitants. En lisant les livres d'or, il est facile de se rendre compte qu'ils ont été signés par des gens de toutes confessions, ou d'aucune confession, qu'ils soient agnostiques ou athées. Chacun se félicitait de cette initiative.
Pour les catholiques, c'est évidemment d'abord et avant tout la naissance du Christ, et pour ceux qui ne le sont pas, non seulement ils respectent nos croyances, ils ajoutent que c'est une belle façon de rendre hommage à la famille.

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10 novembre 2017 à 18:05

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