[VU D’ARGENTINE] Ces affaires de corruption qui ont marqué les Argentins (suite)

Suite de l'article publié le 9 mai.
À l’aube de son second mandat, Cristina Kirchner donnera rapidement des signes non équivoques de sa voracité pécuniaire. L’affaire « Hotesur et los Sauces1 » eut un retentissement intéressant. Il s’agit de blanchiment d’argent à partir de locations fictives d’hôtels et autres biens appartenant au couple pour un montant estimé à 50 millions de dollars pour les seules années 2011 et 2012. Le chiffre augmente considérablement par la suite. Ce « petit incident » fut cependant classé en 2021 par ordonnance de non-lieu, mais en décembre 2024, la Cour suprême ordonnera un nouveau procès.
D’autres irrégularités plus folkloriques
En 2016, l’ancien secrétaire aux Travaux publics, M. José López, est surpris en train de balancer, à 3 heures du matin dans un couvent de religieuses de la banlieue de Buenos Aires, des sacs contenant 9 millions de dollars, montres de luxe et même, au moins, un pistolet mitrailleur. Ce magnifique élan de « charité » lui vaudra six ans de prison.
En 2010, le vice-président Amado Boudou intervient pour éviter la faillite de la société Ciccone, contrôlée par son ami et prête-nom Alejandro Vandenbroele. Il s’agissait de l’unique entreprise homologuée pour imprimer des billets de banque… En ces temps d’inflation, celle-ci se refit rapidement une santé par des contrats juteux avec l’État, mais M. Boudou en prendra pour six ans de prison ferme et inéligibilité perpétuelle2.
M. Guillermo Moreno secrétaire au Commerce intérieur, faisait partie de la garde rapprochée de la présidente. Il était chargé du contrôle des prix. Ses méthodes particulièrement audacieuses et viriles sont restées fameuses. Elles passaient de la falsification de l’INDEC (Institut officiel des statistiques) à la menace physique des dirigeants de grandes entreprises qu’il accueillait avec un révolver sur son bureau. Ces peccadilles lui ont valu trois ans de prison avec sursis et six ans d’inéligibilité3.
En 2013, au retour d’une mission économique au Vietnam, l’avion présidentiel fait une escale de 13 heures non prévue par le plan de vol à Mahé (Seychelles). Malgré le manque d’évidence d’un subit caprice touristique, l’affaire, qui a fait couler beaucoup d’encre, a été classée sans suite par la Justice.
Toutes ces acrobaties supposent, on l’imagine, le transport de considérables montants en cash. Cela ravissait Nestor Kirchner, qui jouissait en caressant les billets, de préférence de 500 euros. Quand le temps pressait, on se contentait de les peser avant de les déposer dans des caves secrètes. Et c’est comme cela qu’en août 2018 a éclaté un énorme scandale. Un journaliste du quotidien La Nación, M. Diego Cabot, récupère des photocopies de huit carnets de M. Centeno, chauffeur attitré d’un haut fonctionnaire au Plan, relatant méticuleusement un à un tous les trajets effectués entre 2005 et 2015 et affectés au transport de sacs bourrés de devises. Bien que M. Centeno ait déclaré avoir brûlé les originaux, les heures et adresses des expéditeurs et destinataires coïncident toutes parfaitement, si bien que de nombreux et importants entrepreneurs et fonctionnaires ont ensuite avoué avoir, sur la période, remis ou reçu des pots de vin aux heures et lieux indiqués. Cependant, la Justice est lente et le peuple argentin devra patienter jusqu’au 6 novembre 2025 pour voir Cristina Kirchner et 74 autres prévenus assis sur le banc des accusés.
Des aspects passablement moins drôles
Le 18 janvier 2015, le procureur Alberto Nisman est retrouvé mort à son domicile avec une balle dans la tête. Petit problème : il avait prévu de se présenter le lendemain au Congrès pour ratifier une dénonciation qu’il avait rendue publique, quelques jours auparavant, accusant Cristina Kirchner et autres fonctionnaires d’avoir négocié un pacte secret avec l’Iran pour couvrir des suspects iraniens de l’attentat contre une mutuelle israélienne qui, en 1994, avait causé 85 morts. M. Nisman, au terme d’une longue enquête, devait exposer les preuves et écoutes téléphoniques qui compromettaient gravement les agents des deux pays. Le jour même, Cristina Kirchner tentait d’introduire la thèse du suicide. Ce ne fut pas l’avis de la Cour, qui affirma la probabilité de l’assassinat sans toutefois avancer plus loin.
Ces événements sont restés gravés dans la mémoire du bon peuple argentin, qui en veut beaucoup à l’ancienne politique. Tout bénéfice pour l’austérité de Javier Milei mais aussi un nouveau travail d’Hercule : réformer la Justice.
(1) Hotesur. Largement commenté pendant des années. En novembre 2021, le tribunal fédéral numéro 5 prononce une ordonnance de non-lieu pour faute de preuves suffisantes. Le 18 septembre 2023, la salle 1 de la Cour de cassation révoque cette décision et ordonne un nouveau procès, puis la défense de Cristina Kirchner se pourvoit en appel devant la Cour suprême, mais le 16 décembre 2024, celle-ci ordonne un nouveau procès.
(2) La condamnation d’Amado Boudou, ancien vice-président de Cristina Kirchner, est effective et il purge la peine.
(3) L’histoire du révolver a fait le tour de l’Argentine. Elle m’a été confirmée par plusieurs patrons d’entreprises françaises, du temps où je faisais partie de CCE. La condamnation a été prononcée en première instance le 7 août 2024 par la cour pénale fédérale n° 2 de Buenos Aires. Elle se trouve actuellement en appel.
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12 commentaires
Vendredi, Philippe de Viliers sur Cnews, nous disait en parlant des francs-macons, que si ils n’avaient rien à cacher de leurs combines, pourquoi le faisaient-ils toujours sous le manteaau ! Je suis de son avis, de plus, tous les partis politiques participent à cette secte maudite, cela devrait nous mettre la puce à l’oreille….
Et si on parlait de la France en ce qui concerne la corruption on aurait de quoi écrire.
Je comprends tout l’espoir que mettent les Argentins en Javier Milei. Vous dites : réformer leur Justice. Si il y parvient, il faudra s’empresser de nous en inspirer !
Comme perdurera la corruption macroniste … Pas difficile de jouer les devins, nous en aurons pour un bon moment en France, tous les garde-fous sont hors d’usage, Conseil d’Etat, Conseil Constitutionnel, PNF, Arrcom, Assemblée Nationale, Sénat, tout le monde mange dans la main des lobbyistes de la pharmacie et de l’armement !
La corruption de la caste politique de la France prend ses racines dans tout ce qui s’est passé depuis giscard ET mitterand ! …
Les « partis de gouvernance » auto proclamés « partis républicains » sont juste des « machines à putréfaction » ! …
bien d’accord avec vous, tout ces « gens » sont issus de la même secte, la franc maçonnerie
J’ai l’impression d’être en France. Vivement les mêmes conclusions de corruption envers nos dirigeants actuels…
Toute ressemblance avec des personnalités françaises ne serait que pure coïncidence…..
Et ici, il faudrait fouiller n’est ce pas?
La corruption argentine ne pourra jamais atteindre le niveau de la corruption macroniste.
Nous sommes encore des petits au regard de la corruption argentine, même si nos dirigeants s’emploient fermement à la fortifier.
Leur avenir a un meilleur aspect que le nôtre, car ils ont au moins un homme providentiel qui a surgi de leur classe politique. Alors que le nôtre ne s’est pas encore fait connaitre, à moins de croire en Edouard Philippe ou Jordan Berdella, mais alors là, j’ai beaucoup de mal …